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  • Maître Demandé le 8 janvier 2017 dans Question de langue

    Pour autant, il peut s’avérer néanmoins utile et pertinent, sans entrer dans le débat, d’apporter un éclairage purement technique sur l’un ou l’autre point, à l’instar de ce que j’ai proposé plus haut à propos de la graphie « oignon ».

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  • Maître Demandé le 7 janvier 2017 dans Question de langue

    En rendant ici hommage à nos illustres prédécesseurs* qui ont su collecter les mots dont on trace aujourd’hui si aisément les parcours.

    * En particulier ici :

    – Antoine OUDIN (Dictionnaire de 1640, avec « pleuvoir à la Verse » pour « pleuvoir bien fort, comme qui verserait l’eau »)

    – et Pierre RICHELET (Dictionnaire de 1680, avec « A verse », « en parlant de grosse pluie »).

    *

    N.B. :

    – « averse » est attesté depuis au moins 1688 (dans un traité sur le jardinage).

    – à noter que « averse » est attesté par Richelet avec un autre sens (« opposé »). Ce sens là (qui n’a bien sûr qu’un rapport indirect avec notre « averse » initiale) permet d’une manière ou d’une autre de remonter jusqu’au Moyen-Age.

    – « verse » dans « à verse » ne doit bien sûr pas être confondu avec l’adjectif « verse » (du latin versus) qu’on trouve dans l’expression « sinus verse » (en géométrie).

    – « verse » est également attesté au moins depuis le XVIe s. comme « engin de guerre servant à battre les murailles ».

    *

    En dépit de cette diversité, on reste néanmoins toujours ici dans le champ sémantique de « verser » (du latin versare, fréquentatif de vertere).

    *

    On pourra toutefois garder ici à l’esprit que l’attestation des dictionnaires ne dit rien de l’usage antérieur « non attesté » desdits mots.

    Ce qui est sûr, c’est que si un dictionnaire mentionne un mot, cela signifie en général que ce mot était déjà en usage bien avant l’édition dudit dictionnaire.

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  • Maître Demandé le 7 janvier 2017 dans Accords

    De nombreuses règles ont ici été énoncées, dont beaucoup se présentent comme de simples assertions dispensées d’explications.

    Convenons-en, il y a là de quoi désespérer nombre d’usagers de la langue. Si les experts ont eux-mêmes les plus grandes difficultés à cerner le sujet, que dire des autres ?

    On pourrait à cet égard tenter d’analyser la chose en s’affranchissant, temporairement, de notions grammaticales délicates, controversées, difficiles à manier, et requérant la plus grande circonspection.

    On pourrait ainsi tenter une analyse du sens et des liens entre le mots, sans invoquer les notions de COD, COI et autres, et en renonçant transitoirement à toute posture normative.

    *

    Soit la phrase à examiner :

    – «  Christelle s’était donc proposé(e) de lui tenir la main. »

    Nous avons ici trois lectures potentielles de « proposer » :

    a) proposer (quelque chose à quelqu’un) ;

    b) (se) proposer de = se suggérer à soi-même de : ex., je me propose de chanter : le « se » est ici détachable du verbe sans perte du sens intial de « proposer » ;

    c)  se proposer = avoir l’intention, résoudre = elle se propose de venir ce soir : le « se » serait ici indissociable du verbe, car le sens de « se proposer » serait ici alors très différent de celui de « proposer ».

    Dans cette lecture, il ne serait pas pertinent d’analyser cela sous la forme « elle propose cela à elle-même » (comme c’est la cas pour la lecture a) ci-dessus).;

    *

    Le verbe « proposer » a-t-il le même sens dans les trois cas ?
    Manifestement non.

    On pourrait toutefois légitimement se dire que :
    – « se proposer de » = « proposer son aide pour », conduisant ainsi à :
    – «  Christelle s’était donc proposé(e) de lui tenir la main » = « Christelle a proposé (spontanément) son aide pour lui tenir la main »
    Ce cas serait ici à raprocher du cas b) ci-dessus.

    *

    Les questions qu’on pourrait se poser pour départager les lectures pourraient être les suivantes :

    1) Qu’est-ce qui était proposé ?

    Réponse : « de lui tenir la main »

    Ce complément à base d’infinitif génère par défaut un accord de « proposé » au masculin singulier pour donner :
    «  Christelle s’était donc proposé de lui tenir la main »

    *

    2) Qui est-ce qui s‘était proposé » ?

    Réponse : « Christelle »

    NB : nous sommes ici dans :
    – la lecture de type c) (« avoir l’intention de », avec « se » indissociable)
    – et non dans la lecture de type b) (« se suggérer à soi-même, avec « se » détachable).

    Il y a donc ici accord avec « Christelle » pour donner :
    «  Christelle s’était donc proposée de lui tenir la main »

    Dans cette lecture on suppose que « se proposer » forme désormais un bloc indissociable, à la manière de « s’apercevoir » (au sens de « prendre conscience »), de « s’assurer » (au sens de « vérifier ») ou de « s’aviser » (au sens de « se rendre compte »).

    *

    * BILAN :

    Pour ces différentes raisons, j’opterais ici pour ma part pour le cas 1) ci-dessus, le plus simple — correspondant à la lecture a), avec le « se » détachable —, pour donner :

    «  Christelle s’était donc proposé de lui tenir la main »

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  • Maître Demandé le 7 janvier 2017 dans Général

    Il est possible de développer la formulation pour mieux en saisir les nuances potntielles.

    *

    1)  « Bonjour, comme cela m’a été demandé (ou « comme vous me le demandez ») dans votre précédent message, je vous prie de (bien vouloir) trouver ci-joint la dérogation (…) »

    Avec votre formulation, et avec les virgules correctement placées, cela donnerait :
    –  « Bonjour, veuillez trouver ci-dessous, comme demandé, la dérogation (…) »

    *

    2) Bonjour, faisant suite à votre dernier message, je vous prie de (bien vouloir) trouver ci-joint la dérogation demandée (…)

    Avec votre formulation, et avec les virgules correctement placées, cela donnerait :
    – « Bonjour, veuillez trouver ci-dessous, comme demandée, la dérogation (…) »

    En fait « comme demandée » remplace ici en quelque sorte « comme elle m’a été demandée ». On voit cependant qu’il est toujours délicat d’imaginer des parties non écrites (des ellipses).

    Et ce d’autant plus que « demandée » est séparé par une virgule, et que « demandée » devrait se raporter ici à « dérogation » qui est placé après la virgule, le tout en ne sachant pas encore de quoi on parle. La chose est courante en français, mais là, cela s’avère particulièrement délicat à analyser.

    *

    Même si on peut envisager rasionnablement les deux accords, je plaiderais ici plutôt en faveur de la 1ere option, en particulier en raison de la difficulté qu’il y a, dans la 2e option, à justifier l’accord de « demandée » avec « dérogation ».

    Donc, au final, ma préérence irait à :
    – « Bonjour, veuillez trouver ci-dessous, comme demandé, la dérogation (…) »

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  • Maître Demandé le 7 janvier 2017 dans Question de langue

    CM, peut-être pourriez-vous nous préciser le roman dans lequel vous avez lu l’expression « pleuvoir averse » (auteur, titre, éditeur, année + extrait concerné).

    Il s’agit en effet a priori là plutôt d’une coquille.

    * NB : je viens de m’apercevoir après coup que vous n’avez lu nulle part « pleuvoir averse » et que vous vous posez simplement la question de son existence.

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  • Maître Demandé le 7 janvier 2017 dans Question de langue

    Bonjour CM,

    « Averse » est a priori un substantif féminin signifiant « une précipitation subite, abondante, en particulier sous forme de pluie ».

    Dans « pleuvoir averse », ce substantif serait utilisé sans article, ce qui semble difficile à justifier.

    Il semble a priori difficile de conférer à « averse » une valeur adverbiale, comme dans « pleuvoir fortement, abondamment ».

    Donc « pleuvoir averse » apparaît à cet égard, dans un premier temps, comme difficile à justifier.

    « Pleuvoir à verse » (« à verse » est une locution adverbiale) est en revanche bien documenté et pleine justifé, tout comme « pleuvoir à torrents, à flots, à seaux ».

    « Verse » est un substantif féminin.

    On pourrait également mentionner le célèbre « pleuvoir des cordes ».

    Et là, c’est bien à un substantif précédé de son article que nous avons affaire.

    On pourrait néanmoins essayer de creuser un peu pour voir, par acquit de conscience, si un quelconque archaïsme ne serait pas passé par là pour justifier l’existence d’un supposé « pleuvoir averse ».

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  • Maître Demandé le 7 janvier 2017 dans Accords

    Sans connaître — voire sans méconnaître — les règles spécifiques, souvent subtiles, régissant ces accords, il est également possible de poser une question permettant de révéler plus aisément le sujet.

    La phrase à examiner est :

    a) « La majorité des gens est déçu »
    b) « La majorité des gens sont déçues »

    *

    – Question : « Qui est-ce qui est déçu ? »

    Pour la phrase a) : Réponse : « la majorité (des gens) »

    Pour la phrase b) : Réponse :  « les gens » ; la phrase b) ne dit cependant pas « les gens », elle dit « des gens » et cela signifie que « les gens » n’est tout simplement pas présent dans la phrase ;

    Dans cette phrase, « des gens » est indissociable de « la majorité » : c’est pourquoi cela s’analyse ici sous la forme complète de « la majorité (des gens) ». « Les gens » sert ici uniquement à caractériser « la majorité ».

    « Les gens » ne saurait donc ici être rattaché au verbe « décevoir ».

    La phrase resterait ainsi tout à fait compréhensible sans « des gens ». On aurait en effet :
    – « La majorité (des gens) est décue. »

    *

    Si on change la phrase avec un « une » au lieu de « la », l’analyse est similaire, quoique plus fine.
    On aurait ainsi :

    c) « Une majorité de bibliothèques sont ouvertes (ou « est ouverte ») »

    La question à poser devient :

    Question : « Qu’est-ce qui est ouvert ? »

    Réponse :  « les bibliothèques » ou « une majorité de bibliothèques ».

    La phrase :

    –  « Sur les vingt bibliothèques que nous avons retenues, une majorité était ouverte »

    est donc tout à fait recevable.

    De la même façon, « les bibliothèques » peut ici naturellement être rattaché au verbe « être ouvert ». Cela peut être visualisé de la manière suivante :

    – Les bibliothèques, (plus précisément) une majorité, sont ouvertes (aujourd’hui).

    *

    d) « Une majorité de Français est déçue »

    Comme pour la phrase c) ci-dessus, l’analyse permet de dégager légitimement deux possibilités d’accord.

    1er accord possible :
    « Une majorité, nous parlons ici des Français, est déçue »

    2e accord possible :
    « Les Français, en majorité, sont déçus »
    ou « Les Français, une majorité en réalité, sont (profondément) décus ».

    Ces deux accords témoigneraient donc de deux lectures différentes de la même phrase  :

    1.   « Une majorité de Français estçue » = « Une majorité (nous parlons ici des Français) est déçue »

    2.   « Une majorité de Français sontçus » = « Les Français, en majorité, sont déçus » ou « Les Français, une majorité en réalité, sont (profondément) décus ».

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  • Maître Demandé le 7 janvier 2017 dans Question de langue

    On pourrait conjointement préciser que la phrase :

    – « Il est toujours judicieux de prendre l’avis de votre médecin qui reste sans conteste la seule personne habilitée à prodiguer des conseils adaptés à votre cas personnel. »

    s’appuie sur une généralité implicite :

    – le médecin est la seule personne habilitée à prodiguer des conseils de santé pertinents

    et ce indépendamment d’un cas particulier.

    *

    Cela implique a fortiori que « votre médecin » est bien « la seule personne habilitée à prodiguer des conseils », lesquels conseils sont a fortiori « adaptés », laquelle adaptation s’applique a fortiori à « votre cas », lequel cas est a fortiori « personnel ».

    Il y a en quelque sorte beaucoup de redondances implicites dans la phrase que vous citez. Ces redondances ne sont toutefois pas gênantes dans la phrase que je mentionne ci-dessus (je ne parle pas ici de votre 1er exemple).

    Votre 1er exemple ajouterait en effet de surcroît une nouvelle redondance :

    – « (…) la seule personne habilitée à vous prodiguer des conseils adaptés à votre cas personnel.

    *

    On pourrait à cet égard éventuellement envisager d’alléger les choses en disant :

    –  « Il est toujours judicieux de prendre l’avis de votre médecin qui reste sans conteste la seule personne habilitée à prodiguer des conseils adaptés. »

    On se doute néanmoins bien que les conseils de votre médecin seront adaptés et pertinents.

    C’est pourquoi on pourrait légitimement se passer de « adaptés ».  J’ai toutefois laissé ici « adaptés », car cela renforce judicieusement l’idée de la phrase qui est, ici, d’insister sur la compétence professionnelle du médecin et la pertinence de son avis.

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  • Maître Demandé le 7 janvier 2017 dans Accords

    Une autre approche est également envisageable,, et ce sans avoir à manier explicitement des notions grammaticales (comme le COD).

    Vous pouvez chercher à révéler les rapports entre les mots.
    À cette fin, la question suivante permet en particulier d’identifier aisément les rapports du verbe avec son sujet ou son complément d’objet (s’il existe) :

    Si la phrase à examiner est :

    – « Merci à X et Y qui n’ont pas ménagé leurs efforts »

    *

    Deux questions simples peuvent être posées ici :

    *

    1) « Qui est-ce est (ou a été) ménagé ? »

    Réponse : personne .
    Il n’y a donc ici pas d’accord envisageable en ce qui concerne les personnes potentiellement invocables pour examiner la possibilité de l’accord.

    *

    2)  « Qu‘est-ce qui est (ou a été) ménagé ? » :

    Réponse : les efforts.

    C’est-à-dire que X et Y n’ont pas rechigné à la tâche, ils ou elles n’ont pas économisé leurs forces (leurs efforts).

    *

    La règle en vigueur aujourd’hui veut qu’on n’accorde pas le verbe (ici le « ‘participe passé ») dès lors que la réponse à la question n°1 ou à la question n°2 (c’est l’une ou l’autre en général) se trouve après le verbe (c’est-à-dire ici après le « participe passé »).

    *

    Cette règle paraît simple. Elle soulève cependant bien souvent de réelles difficultés, même, voire surtout, pour les experts de la langue.

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  • Maître Demandé le 7 janvier 2017 dans Général

    Dès lors qu’un nom propre devient un nom commun, il perd ses attributs de noms propres.

    Il faut cependant garder à l’esprit que les noms propres eux-mêmes se prêtent à des accords grammaticaux, sans pour autant se confondre avec des noms communs. Ils conservent dans ce cas toujours leur majuscule à l’initiale.

    Pour les noms propres devenus noms communs, il est certes toujours possible de décider de faire réapparaître le nom d’origine, et ce pour des raisons objectives.

    Au-delà d’une posture strictement normative, il s’agit surtout de s’ajuster au contexte et de préciser l’intention. Que veut-on dire exactement et à qui se destine le propos ?

    Par exemple :

    –  « les moteurs Diesel » (avec majuscule) permet de mettre l’accent sur le fabricant ;

    –  mais « les moteurs diesel » (sans majuscule) semble tout à fait recevable dès lors que l’attention se porte sur le carburant utilisé — du diesel, nom commun, plutôt que du Diesel, nom de marque — plutôt que sur le fabricant à l’origine de ce type de moteur.

    – « la fibre nylon », voire « la fibre en nylon », semble également tout à fait recevable dès lors que l’attention se porte sur la nature de la fibre plutôt que sur la marque Nylon proprement dite ou le dépôt du brevet.

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