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  • Grand maître Demandé le 20 janvier 2024 dans Général

    Quand une préposition et un adverbe réunis prennent un sens spécifique, ils forment un adverbe composé, ou une préposition composée, qui s’écrit avec un trait d’union.
    Par exemple, il y a deux sens différents dans « je n’avais jamais été malade avant hier » et « avant-hier, j’étais malade ».

    Dans « je vais au-devant de Paul », on ne parle pas du « devant de Paul » vers lequel on irait, mais on utilise « au-devant » dans le sens spécifique de « à la rencontre de » ou « vers », ce qui en fait une préposition composée, nécessitant le trait d’union.
    Dans « un parc s’étend au devant de la maison », on parle bien du « devant de la maison », les mots sont utilisés dans leur sens ordinaire, ils ne forment pas une locution prépositive, il n’y a pas de trait d’union.

    On entend même la différence à l’oral (je souligne la syllabe accentuée) :
    — Il s’avance au devant de la scène. Il s’avance au niveau de la ligne. Il n’avait jamais joué avant hier.
    — Il s’avance au-devant des spectateurs. Il s’avance vers les spectateurs. Il est arrivé avant-hier.
    Puisque on entend la différence, il faut admettre que ce n’est pas une simple question d’orthographe ou de trait d’union inutile, on a réellement des sens différents,

    C’est uniquement la locution prépositive signifiant « à la rencontre » qui prend un trait d’union, selon le dictionnaire que vous citez, et c’est effectivement normal et obligatoire. En revanche, les autres sens ne sont pas concernés, et il n’y a pas davantage de raisons d’écrire « au-devant » que « sur-le-devant » quand on parle réellement du devant d’une chose, ou d’un endroit.

    Le « devant d’un corps » me semble un sens rare, mais c’est manifestement ce sens que vous utilisez, je ne cherche pas à comprendre. On a accès à l’arrière de la maison. On a accès au devant de son corps. Il n’y a ici aucune préposition composée porteuse d’un sens spécifique. Il ne faut pas de trait d’union.

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  • Grand maître Demandé le 17 janvier 2024 dans Question de langue

    Le pronom « ça » dans votre phrase n’a pas d’antécédent, et il ne représente rien ni personne. Il s’agit d’une construction impersonnelle. Si vous trouvez que « ça joue bien » sonne trop populaire, vous pouvez le remplacer par « il y a du beau jeu », ce qui je l’espère vous convaincra qu’on a bien affaire à une construction impersonnelle.

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  • Grand maître Demandé le 17 janvier 2024 dans Conjugaison

    Non, ce n’est pas possible de dire que vous viendriez volontiers en semaine mais que vous ne pouvez pas venir en semaine. Ça n’a aucun sens.
    Et surtout faites en sorte qu’on comprenne si vous déclinez l’invitation ou si vous demandez une autre date.

    Si vous déclinez l’invitation, dites au passé :
    Nous serions volontiers venus, mais nous ne sommes pas libres en semaine.

    Si vous en êtes encore dans la phase de recherche d’une date qui convienne à tout le monde, dites au présent :
    Nous viendrions volontiers, mais pas en semaine, car nous ne sommes libres que le week-end.

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  • Grand maître Demandé le 17 janvier 2024 dans Conjugaison

    Dans ce roman, il y aura certaines phrases à l’imparfait et d’autres au passé simple.
    Il est raisonnable de faire un choix au départ et de traiter les subjonctifs de la même façon durant toute l’histoire, quel que soit le temps de la principale.
    * Appliquer la concordance des temps pour tous les verbes dépendant d’un verbe à l’imparfait ou au passé simple :
    — Il savait qu’il pleuvait. Il expliqua qu’il était fatigué. Il voulait qu’on l’écoutât. Il ordonna qu’on me fît venir.
    * N’appliquer la concordance des temps que pour les verbes à l’indicatif dépendant d’un verbe à l’imparfait ou au passé simple :
    — Il savait qu’il pleuvait. Il expliqua qu’il était fatigué. Il voulait qu’on l’écoute. Il ordonna qu’on me fasse venir.

    Selon nos habitudes ou nos lectures, on trouve parfois que certains subjonctifs imparfaits passent bien dans certaines circonstances, et moins bien dans d’autres. On peut par exemple accepter facilement « bien qu’il plût à verse, je décidai de sortir », et trouver étrange l’absence de concordance dans « bien qu’il pleuve encore, le soleil brillait », c’est-à-dire préférer nettement ici la concordance des temps. On peut aussi trouver que la concordance sonne juste dans « je regrettais qu’il plût tant, mais je sortis », et pourtant préférer « un dieu ordonna qu’il pleuve » avec un passé simple d’immédiateté suivi d’une action par définition non simultanée, et s’affranchissant donc de la concordance des temps. Flaubert assumait de ne pas traiter tous les subjonctifs de la même façon, d’appliquer souvent la concordance au subjonctif, et parfois non, mais je ne crois pas qu’il ait donné ses critères.
    Est-ce votre cas ? Est-ce dans un texte où vous appliquez régulièrement la concordance des temps que tout à coup, pour exprimer une action qui suit un ordre, vous trouvez le subjonctif imparfait de simultanéité peu adapté ? Quelle que soit votre impression, je vous conseille de traiter identiquement tous les subjonctifs des subordonnées, que le verbe de la principale soit à l’imparfait ou au passé simple, et que le subjonctif s’inscrive dans une simultanéité parfaite ou dans un moment qui suit.

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  • Grand maître Demandé le 17 janvier 2024 dans Général

    Ne cherchez pas trop de sens particulier à « un complément du nom ». C’est une simple nomenclature. À partir du moment où ça complète un nom appelez ça un complément du nom : une tarte à la crème, une porte en bois, un chien qui aboie, le début de l’histoire, le choix de la vérité, le courage de le dire, le jardin de ma tante, l’affirmation de la singularité, la singularité de l’individu…
    Tous ces compléments du nom le sont à leur manière, ils expriment des rapports différents avec les noms qu’ils complètent. C’est une notion qui sert juste à structurer la phrase en regroupant les mots.
    Ici, il faut surtout voir qu’on a deux compléments du nom imbriqués :
    — Elle permet [ l’affirmation de [ la singularité de [ l’individu ] ] ].
    On doit en principe trouver une nature et une fonction à l’intérieur de chaque paire de crochets.
    On peut dire que (l’individu) est un nom dont la fonction est CDN de (la singularité),
    que (la singularité de l’individu) est un groupe nominal dont le fonction est CDN de (l’affirmation),
    et que (l’affirmation de la singularité de l’individu) est un groupe nominal dont la fonction est COD du verbe (permettre).
    Mais on ne peut pas découper la phrase de façon à trouver une nature et une fonction à (de la singularité).

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  • Grand maître Demandé le 16 janvier 2024 dans Accords

    Les pronoms compléments COD répondant à la question « qui ? » et entraînant l’accord sont : me – te – le/la – nous – vous – les.
    Les pronoms compléments COI répondant à la question « à qui ? » et n’entraînant pas l’accord sont : me – te – lui – nous – vous – leur.
    On voit qu’ils sont identiques à la première personne du singulier (me et me) mais qu’ils diffèrent à la troisième personne du pluriel (les ou leur). Il suffit de voir si on peut remplacer me par les ou par leur pour savoir si on a un pronom COD ou COI.
    (tout au féminin pour bien voir les accords)

    manquer qui ? –> pronom COD et accord
    — vous les avez manquées, vous m’avez manquée
    = vous les avez ratées, vous m’avez ratée
    manquer à qui ? –> pronom COI et pas d’accord
    — vous leur avez manqué, vous m’avez manqué
    — vous leur avez manqué de respect, vous m’avez manqué de respect

    prendre qui ? –> pronom COD et accord
    — il les a prises en grippe, il m’a prise en grippe
    prendre à qui ? –> pronom COI et pas d’accord
    — il leur a pris le pouls, il m’a pris le pouls

    demander qui ? –> pronom COD et accord
    — ils les ont demandées en mariage, il m’a demandée en mariage
    demander à qui ? –> pronom COI et pas d’accord
    — ils leur ont demandé leur main, il m’a demandé ma main

    écouter qui ? –> pronom COD et accord
    — vous les avez écoutées, vous m’avez écoutée
    parler à qui ? –> pronom COI et pas d’accord
    — vous leur avez parlé, vous m’avez parlé

    obliger qui ? –> pronom COD et accord
    — vous les avez obligées, vous m’avez obligée

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  • Grand maître Demandé le 16 janvier 2024 dans Question de langue

    Dans vos deux phrases, le pronom « en » est une simple répétition du COD, et n’est justifiable syntaxiquement qu’en reconnaissant qu’il y a une répétition :
    — Je mange des carottes. J’en mange. Des carottes, j’en mange. J’en mange, des carottes.
    Certains parlent de « COD disloqué », mais dans une explication simple, il suffit de dire « COD répété ».

    L’utilisation du pronom « en » est due au nom partitif ou indéfini pluriel de l’antécédent :
    — Je la vois, la mer. J’en bois, de l’eau.
    — Je les vois, les mouettes. J’en vois, des mouettes.

    Q1) Demander de l’énergie.
    Le COD est partitif et se pronominalise donc en « en ».
    * Incorrect : Éduquer des enfants, cela en demande de l’énergie.
    * Correct : Éduquer des enfants, cela demande de l’énergie.
    * Correct avec un antécédent placé avant : Aller au travail, cela demande de l’énergie, mais éduquer des enfants, cela en demande aussi.
    * Correct à l’oral, avec une virgule, et une précision sur l’antécédent du pronom « en » ; c’est une répétition acceptable : Aller au travail, cela demande de l’énergie, mais éduquer des enfants, cela en demande aussi, de l’énergie.
    * Correct à l’oral, en style populaire, même sans antécédent placé avant ; pour que ce ne soit pas un pléonasme syntaxique et donc une grosse faute de français, la virgule est obligatoire : Éduquer des enfants, cela en demande, de l’énergie.
    À l’oral, il n’y a pas de différence pratique entre « éduquer des enfants, cela demande de l’énergie » et « éduquer des enfants, cela en demande, de l’énergie« , mais on entend, en lisant à voix haute, que la première phrase accentue le COD « de l’énergie », et que la deuxième phrase accentue le verbe « demander », soulignant l’effort. Ce sont des nuances qui dans un style écrit nécessitent des adverbes, par exemple respectivement : « éduquer des enfants, cela demande surtout de l’énergie » et « éduquer des enfants, cela demande vraiment beaucoup d’énergie« .

    Q2) Pareil pour « ça en fait, des kilomètres » mis pour « ça fait beaucoup de kilomètres« . Même si vous entendez quelqu’un ne pas marquer un arrêt à la virgule, il est nécessaire de noter la virgule à l’écrit, pour bien marquer qu’il s’agit d’une répétition du COD :
    — Ça en fait, des kilomètres. Il y a des kilomètres entre Lyon et Paris. Il y en a, des kilomètres, entre Lyon et Paris.

    Ce n’est pas une question spécifique à l’utilisation du pronom « cela », c’est d’abord une question d’antécédent du pronom « en » :
    — Tu as mis beaucoup de temps pour faire ce travail. Tu en as mis, du temps !
    Dans cette expression, on n’entend pas à l’oral une pause à la virgule, mais on entend une très forte accentuation sur le verbe « mettre ».
    Il est clair pour un linguiste que cette construction centrée sur le pronom « en », dont on précise l’antécédent en fin de phrase, est porteuse d’une intention, mais les manuels de grammaire se contentent d’y voir une double mention du complément, une fois sous forme de pronom, une fois sous forme de nom. C’est ce qui s’enseigne, vous devriez imposer aux élèves d’insérer une virgule, et éviter d’évoquer la possibilité que le pronom « en » ait ici une autre fonction syntaxique que COD.

    Comment disparaissent les virgules ?
    — Tu t’en fiches, de ce que je te dis ?
    Là, le pronom COI « en » est apparemment inutile, il suffirait de « tu te fiches de ce que te dis ?« , mais la répétition rend la phrase beaucoup plus expressive. Comme il s’agit bien, syntaxiquement, d’une répétition, la virgule est nécessaire à l’écrit. Si l’usage confirme la construction avec un COI répété sous la forme d’un pronom, un jour on arrêtera de mettre une virgule, et on dira que « s’en fiche » (ou « s’en ficher ») est devenu une locution verbale dans laquelle le pronom « en » n’est pas analysable, et on écrira :
    — Tu t’en fiches de ce que je te dis ?

    Les « en » difficilement analysables sont fréquents, comme dans « en découdre », « en baver », « en avoir pour son argent »… mais cela ne pose pas de problème s’ils ne sont pas doublés par leur antécédent comme par exemple avec ce très litigieux : j’en bave de ce travail.
    Mais avec « j’en ai marre », c’est presque devenu la norme : j’en ai marre de ce travail.
    Je vais vous donner un truc, mais ne le répétez pas. Quand vous ne savez pas analyser un mot, faites comme les contributeurs de ce site, dites que c’est inanalysable, en prenant un air pénétré, et vos élèves n’y verront que du feu.

    Q3) Dans « j’en ai assez de travailler« , il y a à l’origine un complément répété, mais comme on ne pense pas « j’en ai assez ! — assez de quoi ? — assez de travailler ! c’est de cela que j’ai assez ! j’ai assez de travailler !« , et comme le pronom « en » est systématique dans la locution, même quand on la complète, il faut dire que le pronom n’est pas, n’est plus, analysable. Car s’il était analysable, il y aurait un complément double, et un pléonasme syntaxique. Le raisonnement est que quand la faute est systématique, ce n’est plus une faute mais une nouvelle construction.
    Pareil pour la construction « c’en est assez« . Quand la phrase n’est pas complétée (c’en est assez de…), on peut si on le souhaite revenir à l’origine et donner formellement une fonction au pronom « en » : il y a assez de problèmes, il est assez de problèmes, c’est assez de problèmes, c’en est assez…

    Q4) Avec « c’en est fini » ou « il en était fini« , il suit généralement un complément introduit par « de » (c’en était fini de ses espérances, Hector Malot), offrant l’apparence d’un pléonasme syntaxique. C’est le jour où l’usage, c’est-à-dire en pratique les auteurs (mais de préférence ni un lexicographe ni un grammairien, qui serait alors juge et partie), décide que cette construction est valide qu’elle le devient, et qu’en conséquence « en finir de » peut entrer dans le dictionnaire, et le pronom « en » cesse d’être pléonastique. Le « en » devient alors non analysable.

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  • Grand maître Demandé le 15 janvier 2024 dans Question de langue

    Si vous êtes adepte des phrases lourdingues, la vôtre est correcte.
    J’y vois quatre problèmes de virgules, tous les quatre indépendants les uns des autres, toutes les combinaisons étant donc possibles.

    a) Entre deux propositions coordonnées, on met ou on ne met pas de virgule :
    — il fait chaud mais il pleut / il fait chaud, mais il pleut.
    La virgule sépare un peu plus les deux idées.
    Dans votre phrase vous avez le choix :
    — Les cachets sont maigres mais il veille…
    — Les cachets sont maigres, mais il veille…

    b) À l’intérieur d’une proposition, on peut ajouter des précisions « entre virgules ».
    Il est important pour une bonne structuration de choisir entre une absence de virgules et un encadrement par des virgules.
    — Je vais, parfois, à Lyon
    — Je vais parfois à Lyon
    Vous avez dans votre phrase le choix entre l’absence de précision, une précision sans virgules, et une précision entre virgules :
    — Il vient tous les dimanches
    — Il vient, lui, tous les dimanches (une précision de rattrapage, ou une insistance)
    — Il vient lui tous les dimanches (probablement comme une construction formelle d’opposition : l’un oui et l’autre non)

    c) La subordonnée infinitive introduite par « quitte à »
    C’est une subordonnée réputée circonstancielle, on a une certaine liberté selon la force du lien entre le verbe et le complément, à la manière d’un adverbe :
    — Il viendra demain. Il viendra quitte à tout perdre.
    — Demain, il viendra. Il viendra se confronter au problème, quitte à tout perdre.

    d) Le dernier cas à traiter est l’utilisation de « et ce ».
    Ce n’est ni une conjonction de coordination ni un adverbe, c’est une construction complexe dans laquelle le pronom « ce » reprend toute une proposition pour introduire un complément.
    On utilise cette locution après une virgule (voire un point), et on la fait suivre ou pas d’une virgule, apparemment selon la portée du complément.
    Je pense personnellement qu’il ne faut pas de virgule, pour une raison de sens, car « et ce » tout seul ne veut rien dire :
    — Il vient tous les dimanches, et il le fait quel que soit le temps
    — Il vient tous les dimanches, et ce quel que soit le temps
    Mais l’usage tolère bien la virgule après « et ce », comme on encadrerait un adverbe :
    — Il vient tous les dimanches, et ce, quel que soit le temps
    — Il vient tous les dimanches, régulièrement, quel que soit le temps

    Pour ce qui est faciliter la compréhension en conservant un ton populaire, je crois que la première chose à faire est de virer ce ridicule « et ce », et de choisir si vous voulez insister ou non sur le sujet de la proposition infinitive :
    — Les cachets sont maigres(,) mais il veille toujours à ce que je reçoive assez d’argent(,) quitte à en toucher moins que moi.
    — Les cachets sont maigres(,) mais il veille toujours à ce que je reçoive assez d’argent(,) quitte à, lui, en toucher moins que moi.
    Les deux virgules entre parenthèses sont à votre choix, elles séparent trois propositions de la phrase.
    Les virgules encadrant « lui » sont presque obligatoires pour éviter qu’on prenne le pronom tonique sujet de l’infinitif pour un pronom datif. Ce pronom sujet de l’infinitif lui est mis très en valeur, un peu comme si on avait écrit « quitte à ce que lui-même en touche moins que moi », j’imagine que c’est votre intention.

    Cette réponse a été acceptée par Pompadour. le 16 janvier 2024 Vous avez gagné 15 points.

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  • Grand maître Demandé le 15 janvier 2024 dans Général

    Il n’y a aucun problème de ponctuation, et on ne vous demande pas en tant que bêta-lectrice de corriger la ponctuation, mais de dire si vous avez compris la phrase, et si elle s’insère bien dans le chapitre.
    Vous pouvez dire que c’est parfait, qu’on voit bien le déroulement, que tous les protagonistes se retrouvent réunis et que c’est le moment fort du chapitre, où on passe de la description du contexte au début de l’action. Bref, que c’est cohérent et bien articulé. Ce genre de choses qu’on ne peut savoir qu’en lisant le chapitre entier.
    Si au contraire dans tout le livre, cette phrase-là vous choque entre les autres, dites à l’auteur qu’il y là une rupture de style difficile à expliquer qui perturbe la lecture, il cherchera pourquoi tout seul et il trouvera sûrement. Il ne vous appartient de toute façon pas de tenter de corriger le style d’une phrase ni de suggérer d’en changer. Le style et l’histoire racontée, c’est à l’échelle du livre, et la bêta-lecture ne supporte pas les phrases isolées.

    Si on veut critiquer la phrase à cause de la compréhension qu’on en a, on peut dire qu’on ne comprend pas pourquoi tel personnage intervient alors qu’il était parti au Mexique dans le chapitre précédent. Ou demander pourquoi on passe du présent dans le paragraphe précédent au passé ici. Et dire qu’on ne voit pas trop ici qui sont « ses collègues » au milieu de la phrase, s’agit-il de ceux déjà cités en début de phrase, ou d’autres personnes ? Et surtout, Maria a ordonné à qui de venir à l’agence ? C’est cela le travail demandé au bêta-lecteur. Quand l’auteur, qui a tenté d’écrire une phrase dressant un décor de fond à l’imparfait et se terminant par un ordre au passé simple, apprendra qu’au cinquantième mot de la phrase on ne comprend absolument pas à qui parle Maria (qui est ce « lui » ?), et pourquoi tout à coup au passé simple, il verra tout seul son échec.
    Ce n’est pas la peine de lui changer ses virgules, son registre lexical, ou ses accords de participes passés pour dissimuler le problème : si un paragraphe ne marche pas il ne marche pas, ce n’est surtout pas à vous d’essayer de le rafistoler ou de cacher des incohérences derrière de bonnes apparences syntaxiques. On ne vous demande pas d’atténuer les maladresses mais au contraire de les mettre en lumière.

    Syntaxiquement, des virgules et/ou des « et », vous le savez très bien malgré le titre que vous avez donné à votre question, peuvent parfaitement coordonner des propositions courtes :
    — J’ai mangé et j’ai bu, j’ai roté, et j’ai quitté la table.
    C’est donc l’utilisation de plusieurs temps qui vous dérange ?
    — Je suis arrivé hier, je mange ici aujourd’hui, et je partira demain.
    De plusieurs sujets ?
    — Je suis arrivé, Paul m’a accueilli, et nous sommes sortis.
    C’est le mélange imparfait et passé simple je parie :
    — Laura pleurait et Maria téléphona.
    Peut-on coordonner ces deux propositions qui semblent ne pas se situer dans le même plan ? C’est sûrement là, au dernier verbe, que vous vous êtes insurgée (et je m’insurge avec vous). On aurait préféré un classique, plat, mais bien articulé « tandis que Laura pleurait, Maria téléphona » ou « Laura pleurait et Maria appela donc un médecin », ou « Maria lui ordonna de venir car Laura pleurait », etc.
    Eh bien si vous ne validez pas la simple coordination de l’auteur (et je serais assez d’accord pour dire que c’est peu compréhensible ici), dites-le-lui, il en fera ce qu’il voudra. Il suffit qu’il sache que la succession de propositions courtes coordonnées par des virgules est très lisible, très évocatrice, très parlante. Mais que coordonner le contexte d’arrière-plan à l’imparfait et le dernier verbe exprimant l’action de premier plan au passé simple, comme si le contexte et l’action jouaient dans la même cour, c’est perturbant.
    Je dirais à l’auteur : quand à la fin de la phrase 934 Maria ordonne à quelqu’un de venir à l’agence, on ne comprend pas clairement à qui elle l’ordonne, ni comment, ni pourquoi, et comment cette action s’articule par rapport aux autres informations plus contextuelles de la phrase et du paragraphe.

    En fait, je trouve que coordonner des choses sans explications, c’est pas mal, et que « il pleuvait et je suis sorti« , c’est autrement plus classe que les « malgré la pluie je suis sorti » ou « bien qu’il pleuve je suis sorti » ou « je suis sorti car il pleuvait » ou « il pleuvait ; je sortis ». Quand un auteur fait exprès de coordonner des choses qui ne se coordonnent pas comme ça, il faut lui laisser sa chance.

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  • Grand maître Demandé le 14 janvier 2024 dans Général

    Dans un texte littéraire, les adjectifs cardinaux, nombres exprimant une quantité, s’écrivent normalement en lettres.
    Les rangs et autres codes (Louis XIV, la page 127, le 3 octobre 1972, un format A4) s’écrivent plutôt en chiffres.
    On peut placer les indications d’heure parmi les cardinaux, puisqu’on compte des heures et des minutes, mais je veux bien reconnaître qu’on envisage davantage un horaire qu’un nombre d’heures, et que la notation en chiffres peut se justifier.

    Le Tour du monde en quatre-vingts jours, Jules Verne :
    — À sept heures vingt-cinq, Phileas Fogg, après avoir gagné une vingtaine de guinées au whist, prit congé de ses honorables collègues, et quitta le Reform-Club. À sept heures cinquante, il ouvrait la porte de sa maison et rentrait chez lui.
    — Le mercredi 9 octobre, on attendait pour onze heures du matin, à Suez, le paquebot Mongolia, de la Compagnie péninsulaire et orientale, steamer en fer à hélice et à spardeck, jaugeant deux mille huit cents tonnes et possédant une force nominale de cinq cents chevaux.
    — À ce moment, treize cent quatre-vingt-deux milles avaient été faits depuis San-Francisco, en trois jours et trois nuits.
    — En cet endroit, le rail-road atteignait le plus haut point du parcours, soit huit mille quatre-vingt-onze pieds au-dessus du niveau de l’Océan.
    — Il était donc huit heures, quand le train franchit les défilés des Humboldt-Ranges, et neuf heures et demie, lorsqu’il pénétra sur le territoire de l’Utah, la région du grand lac Salé, le curieux pays des Mormons.
    — À suivre circulairement le cinquantième parallèle, qui est celui de Londres, la distance n’eût été que de douze mille milles environ, tandis que Phileas Fogg était forcé, par les caprices des moyens de locomotion, d’en parcourir vingt-six mille dont il avait fait environ dix-sept mille cinq cents, à cette date du 23 novembre.

    Ce n’est pas qu’un nombre soit élevé qui peut justifier son écriture en chiffres, mais plutôt sa précision, c’est-à-dire sans les zéros finaux. J’écrirais ainsi cent cinquante mille mètres et 150 143 mètres. Mais je doute que ce nombre apparaisse dans une œuvre littéraire au détour d’une phrase. La question ne se pose pas vraiment.
    Avec vos exemples, écrivez certainement :
    — six mille cinq cents kilomètres
    — La fusée avait une portée de mille quatre cents kilomètres. La charge utile pourrait atteindre les mille cinq cents kilogrammes.

    Quand ce sera uniquement pour faciliter la lecture que vous utiliserez des chiffres, le nom n’aura souvent pas à être abrégé non plus, car les nombres dans une phrase expriment bien une quantité : Elle était heureuse d’avoir fait 13224 pas dans la journée et parcouru 5238 mètres, elle avait mangé 362 pommes, et elle avait économisé 12843 euros.

    Cette réponse a été acceptée par Ariane db. le 15 janvier 2024 Vous avez gagné 15 points.

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