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Pour les mots qui étymologiquement ne prennent qu’un « l », les rectifications orthographiques de 1990 ont annulé la pratique absurde qui consistait à doubler le « l » dans certains cas pour donner le son « èl », au profit d’un simple accent qui ne dénature pas le radical du mot.
Avant 1990 : ruisseler, il ruisselle, ruissellement
Après 1990 : ruisseler, il ruissèle, ruissèlement
L’idée est de traiter tous les mots en respectant leur histoire, comme on le faisait déjà avec : peler, il pèle
La méthode est simple et cohérente, elle permet de respecter l’orthographe des mots, de respecter le radical sans doubler de lettre, et d’utiliser simplement des accents pour indiquer la prononciation.Mais avec un mot comme « interpeller », c’est exactement le contraire. On a un mot qui étymologiquement demande le double « l », et il n’y a aucune anomalie d’écriture à conserver ces deux « l ».
On écrit ainsi (du latin pellare) interpeller, interpellation, il interpelle, il a interpellé… comme on écrit (du latin stella) consteller, constellation, il constelle, il a constellé. Le double « l » est conservé dans toutes les formes du mot.Mais vient la question de la prononciation.
Vous acceptez presque toujours qu’on n’écrit pas comme on prononce (ruiso s’écrit ruisseau), mais vous avez fait une exception pour le nombre de « l », car, cela intervenant en contexte de conjugaison, vous y voyez une raison logique. Dans ces situations, il y aurait une bonne raison pour modifier fondamentalement l’écriture d’un mot, jusqu’à son radical, simplement pour indiquer une prononciation. L’orthographe devrait devenir dans ce cas, et rien que dans ce cas, une transcription de l’oral.
Ce raisonnement ne tient pas. D’ailleurs, qui sait rigoureusement comment on prononce « interpeller » à Pau, à Grenoble, ou à Kinshasa ?
Parce qu’on prononce « interpeuleur » à Paris, il faudrait changer l’orthographe du mot au détriment de l’étymologie et de vingt siècles d’usage.
Combien de mots ne prononcez-vous pas comme vos grand-parents ou comme vos cousins éloignés ? Souhaitez-vous que ces mots changent d’orthographe selon les générations et les régions ? Cela se fait en partie, mais est-ce bien l’objet de votre question, que de savoir si l’orthographe doit fluctuer selon la situation dans le temps et dans l’espace du locuteur ?
La règle à la mode sur ce site est « puique vous prononcez comme ça, écrivez donc comme ça », et cette règle est scandaleuse. Passez une heure sur Facebook pour en prendre conscience.
Si un jour on s’aperçoit que les présentateurs de la télé prononcent « il constelle », mais « il a constelé », faudra-t-il modifier l’orthographe dans la conjugaison du verbe « consteller » ? jusqu’à renier l’étymologie « stella » ?Vous savez probablement que les prononciations « interpèlation » et « interpélation » existent toutes les deux, mais qui dira laquelle est la bonne, et qui en tirera la conclusion que ce mot devra désormais officiellement s’écrire de telle ou telle façon ? Puis-je vous demander par exemple comment vous, vous l’écrivez, ou comment vous souhaiteriez l’écrire ? Si vous prononcez personnellement « interpèlation », ce sera facile de continuer à écrire « interpellation », mais si vous prononcez « interpélation », comme à la télé, que ferez-vous ? Est-ce que chacun doit écrire selon sa prononciation personnelle ? Est-ce la prononciation de la télé qui compte ?
Depuis « interpellare » en latin jusqu’à « interpeller » en français de 1989, on a respecté le double « l » pendant deux-mille ans. Là où je vois une certaine stabilité, d’autres voient une anomalie qu’il serait temps de rectifier, car l’orthographe aurait dû évoluer en même temps que la prononciation. Mais des milliers de mots ont conservé les lettres qu’on ne prononce plus ou qu’on prononce différemment, et on continue à écrire différemment conte, comte, et compte, alors qu’on les prononce identiquement. Vous ne pouvez pas traiter la persistance ou la disparition d’une lettre étymologique comme une simple indication de prononciation.
Jusqu’à 1990, il était normal de se plier à l’orthographe normalisée, par exemple celle de l’Académie française, et d’écrire : interpeller, j’interpelle, je suis interpellé. S’il y avait anomalie, elle était dans la prononciation, non pas dans l’écriture.Et cependant les rectifications orthographiques de 1990 vont dans votre sens. Cela s’est passé en deux temps: 1740 puis 1990.
* Le mot latin « appellare » est devenu en français « appeller ». Je viens de parcourir Montaigne, qui n’écrit que « appeller ». Le Dictionnaire de l’Académie française de 1718 ne propose encore que « appeller ». Ce n’est que l’édition de 1740 qui introduit « appeler ». L’Encyclopédie, quelques décennies plus tard, utilise encore l’orthographe « appeller ».
La nouvelle orthographe a cependant très bien fonctionné et s’est imposée, mais seulement pour ce mot « appeller » qui est devenu « appeler », le double « l » étant conservé quand la prononciation le demande (il appelle).
Ce qui peut paraître une anomalie est que, en 1740, l’Académie française n’ait pas demandé la même évolution, en même temps, pour les verbes « appeller » et « interpeller », ce dernier verbe restant orthographié « interpeller » jusqu’à l’avant dernière édition du dictionnaire, en 1935. La dernière édition, ayant été rédigée après 1990, propose les deux graphies.
* En 1990, l’orthographe « interpeller » n’est pas jugée anormale par rapport à l’histoire du mot, elle n’est anormale que dans la mesure où elle n’a pas subi la même rectification arbitraire que le verbe « appeler » a subie en 1740. On voit que supprimer l’anomalie de « interpeller », qui a avait vaillamment résisté, en 1990, revient en fait à lui faire connaître le même sort qu’a connu le verbe « appeller » en 1740.
C’est possiblement une bonne chose, mais seulement à condition de reconnaître que le mot « interpeller » rejoint désormais dans son anomalie le mot « appeler », qui, bien que tiré d’un radical latin exigeant les deux « l », s’écrit une fois ave un « l », une fois avec deux « l », sans aucun respect de l’histoire du mot, simplement parce que des fois on prononce le « e » de telle façon, et des fois d’une autre façon.Notez aussi qu’il y a des implications. Par exemple, les millions de personnes qui continuent à prononcer « en interpellant » « en interpèlant », comme on l’a toujours fait chez eux, devront se résoudre à écrire désormais « en interpelant », et la génération suivante prononcera certainement « en interpeulant ». Rationnaliser l’orthographe, cela s’entend. Mais il s’agit plutôt ici d’uniformiser la prononciation. On est plus proche de l’uniformisation sociale que de la simple formulation de règles d’orthographe rationnelles. Dans ces cas la nouvelle orthographe impose en réalité clairement à moyen terme une nouvelle façon de parler.
Et donc, concernant votre question précise :
* Oui, vous aviez complètement tort d’écrire « interpeler » avant 1990, car vous rompiez avec deux-mille ans de transmission sans aucune légitimité pour le faire (vous n’avez pas à adapter l’orthographe des mots à votre prononciation personnelle) ;
* Oui, vous pouvez désormais écrire « interpeler » à la place de l’ancien et vénérable « interpeller » ;
* Non, il ne s’agit pas de l’abandon d’une exception infondée, car il s’agit au contraire de traiter désormais un verbe qui avait toujours respecté la norme de la même façon désormais que le verbe « appeller/appeler » qui depuis 1740 prend parfois un « l » et parfois deux « l », indépendamment de son sens et de son étymologie, et cela pour de simples raisons réelles ou supposées de prononciation majoritaire ;
* De façon générale, vous n’avez aucune autorité pour choisir d’écrire les mots de telle ou telle façon afin qu’ils soient prononcés de telle ou telle façon ;
* Pour l’immense majorité des mots français, il n’existe pas de correspondance stricte entre la graphie et la prononciation, et vouloir en établir une à l’occasion de la conjugaison d’un verbe spécifique au prétexte d’une prononciation qui diffère, c’est prétendre donner un rôle syntaxique à l’orthographe en dehors des déclinaisons et accords verbaux… si c’est le cas il faut le dire.- 175 vues
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Cette réponse a été acceptée par PouetFairy. le 11 août 2024 Vous avez gagné 15 points.
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Peut-être avez-vous repéré qu’il y a là une construction pronominale réfléchie.
On isole mieux la question du verbe « laisser » avec une construction non pronominale.
— Elle les a laissé escorter jusqu’à AntiocheEt on comprend mieux encore qui escorte qui en commençant par dépronominaliser :
— Elle a laissé la police escorter les convoyeurs jusqu’à Antioche
On voit que « la police » est sujet de « escorter », et que « les convoyeurs » est COD.
On peut analyser la phrase comme on ferait avec un verbe de perception :
— Elle a regardé la police escorter les convoyeurs jusqu’à AntiocheSi c’est le sujet de la proposition infinitive qu’on pronominalise, alors on accorde le participe passé selon ce pronom antéposé :
— Elle l’a regardée escorter les convoyeurs jusqu’à Antioche
— Elle l’a laissée escorter les convoyeurs jusqu’à AntiocheSi c’est le COD de la proposition infinitive qu’on pronominalise, alors on n’accorde rien :
— Elle les a regardé escorter par la police jusqu’à Antioche
— Elle les a laissé escorter par la police jusqu’à Antioche
Et en construction pronominale :
— Elle s’est laissé escorter par la police jusqu’à AntiocheEt donc, de façon synthétique, il suffit d’accorder « laisser » comme « regarder », d’accorder en construction pronominale comme on accorde en construction transitive :
— elle les a regardés tomber, elle les a laissés tomber, elle s’est laissée tomber
— elle les a regardé emmener, elle les a laissé emmener, elle s’est laissé emmener, elle s’est laissé escorterPar ailleurs, même dans les cas où il faudrait accorder, les rectifications orthographiques de 1990 préconisent l’invariabilité systématique.
En effet, comme on constate que « elle les a laissées tomber » signifie davantage « elle a laissé tomber les assiettes » que « elle a laissé les assiettes, et les assiettes sont tombées », et qu’il est donc difficile de prétendre que « les assiettes » est COD de « laisser », on peut considérer de façon systématique, comme on fait avec « faire tomber », qu’on a juste un verbe support sans réel COD, un semi-auxiliaire. Il est donc proposé de ne jamais accorder le participe passé de « laisser » suivi d’un infinitif : elle les a fait tomber, elle les a laissé tomber, elle s’est laissé tomber.- 160 vues
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Si vous écrivez en lettres, oui, il faut faire l’élision : plus d’un cinquième des élèves, plus d’un élève sur cinq, plus d’un quart des élèves, en moins d’une minute, un peu plus d’un kilo…
Si vous écrivez en chiffres, la question n’a pas vraiment de sens, le chiffre « 1 » ne comportant pas de lettre, il ne risque pas de commencer par une voyelle. Par principe, ne faites simplement jamais d’élision entre des lettres et des chiffres.- 159 vues
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La personne.
Vous savez que « Louis, Marie, et toi », c’est « vous », c’est la deuxième personne du pluriel.
Considérez que « Louis, Marie, ou toi » demande également une conjugaison selon la deuxième personne du pluriel, et que cela signifie « au moins l’un d’entre vous ». De toute façon, il n’y a pas moyen d’utiliser un singulier qui signifierait « l’un de vous, et l’un seulement », puisqu’on ne saurait pas s’il faut la deuxième ou la troisième personne.
Dans le cas où il faut choisir entre deux sujets, on peut remplacer « Pierre ouvrira la porte ou Paul ouvrira la porte » par « Pierre ou Paul ouvrira la porte », mais on ne peut pas regrouper deux sujets potentiels d’un verbe conjugué de deux façons différentes comme « Pierre ouvrira la porte ou tu ouvriras la porte ».Le temps.
La simple présence quelque part dans la phrase, de mots comme « demain » ou « hier », suffit à savoir qu’on est dans le système du présent, et non dans celui d’un récit formulé au passé où on trouverait « le lendemain » ou « la veille ».
Dans le système du présent, la concordance des temps est une chose qui n’existe pas. On utilise tous les temps qu’on veut comme on veut.
— Je vous demande si vous êtes allé à Paris hier, j’aimerais savoir si vous irez à Paris demain, on m’a demandé si vous aimeriez aller à Paris lundi prochain…On rencontre aussi cette construction, fréquente mais syntaxiquement incorrecte, car elle applique une fausse concordance des temps (au prétexte d’une principale au passé composé) dans la complétive qui est pourtant rédigée dans le système du présent :
— J’ai appris que vous souhaitiez revenir l’année prochaine.
On parle aussi d’hypercorrection, dans le sens qu’on applique des règles qu’on croit nécessaires mais qui ne le sont pas.C’est ce problème que vous rencontrez dans votre phrase.
Vous avez compris qu’il ne saurait être question d’appliquer la moindre concordance des temps, qu’il n’y aura donc pas de futur dans le passé, ni d’imparfait.
Commencez par oublier le verbe d’introduction, et choisissez.
* Futur :
— Irez-vous à Paris demain ?
* On utilise également parfois le présent pour parler du futur, en se projetant, en parlant de prévisions (cet été on va en Bretagne ; demain j’arrête de fumer…) :
— Allez-vous à Paris demain ?
* Le conditionnal a plusieurs usages (ici, ce serait par exemple : excusez-moi de vous déranger, mais…) :
— Iriez-vous à Paris demain ?
Ces trois temps se retouvent tels quels, sans modification, dans une complétive :
— Je me demande si vous irez à Paris demain
— J’imagine que vous allez à Paris demain
— J’aimerais savoir si par hasard vous iriez à Paris demain
C’est vous qui choisissez.Et dernier point, celui qui a certainement motivé votre question, le début de la phrase : « Je voulais savoir ».
Ce temps n’existe pas dans les livres, il n’y a pas d’imparfait de politesse.
C’est un temps utilisé par les enfants et les personnes timides : Au fait, euh, je me demandais, je voulais vous demander, je voulais savoir si…
Remplacez-le par une autre formule : j’aimerais savoir si… pourriez-vous me dire si… puis-je vous demander si…
Si vous décidez cependant de conserver cet imparfait modal d’indécision, alors considérez qu’il s’agit d’une modalité du présent, et n’appliquez de toute façon aucune concordance des temps dans la proposition subordonnée.Cette réponse a été acceptée par RyanWonder. le 9 août 2024 Vous avez gagné 15 points.
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La phrase sans contexte peut avoir un sens si on considère que la domestique regarde le prince et qu’elle trouve que les yeux du prince ont du charme : la domestique trouve du charme à ses yeux (elle leur trouve du charme).
Si le contexte veut que la patronne trouve que la domestique a du charme, alors vous avez raison, il faut évidemment que le sujet soit la patronne, et « à ses yeux » est un simple complément adverbial, supprimable.
On peut dire « la patronne lui trouve du charme » (COI + COD), ou « la patronne la trouve charmante » (COD + attribut du COD), mais pas « la domestique trouve du charme ». Ajouter le complément adverbial « à ses yeux » ne rend pas syntaxiquement valide ce qui ne l’était pas sans.
Il n’y a pas de sens passif possible dans cette phrase, le sujet du verbe « trouver » doit être la personne qui porte un jugement.- 153 vues
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Cette règle du « parce que » dont le « e » ne s’éliderait que devant certains mots est une invention récente, qui n’est absolument pas justifiée, expédiée sans explication en une ligne par Thomas (Larousse), et en deux lignes par Girodet (Bordas). Le dictionnaire de l’Académie française a ajouté cette même règle dans sa 9e édition, donc également récemment. Je refuse de croire que cette règle soit mentionnée dans un Bescherelle ancien, vous l’avez certainement trouvée dans un livre d’une « collection Bescherelle », d’un auteur récent.
Cette règle contredit tous les auteurs. Vous trouverez des « parce qu’avec » et « parce qu’avant » par milliers, mais aucun « parce que avec » ou « parce que avant ». L’usage avec « puisque » peut être constaté, et ensuite codifié. Mais le seul usage qu’on puisse constater dans les derniers siècles de la littérature française est que l’élision du « e » de « parce que » est à peu près systématique devant une voyelle.
Sinon, indépendamment du fait que cette règle est parfaitement infondée, et pour répondre à un aspect de votre question, oui, on doit certainement considérer que toute règle qui s’applique à la préposition « à » doit s’appliquer également au mot « au », contraction de la préposition « à » et de l’article « le ».
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Votre remarque vaut sans doute pour les mots lorsque et puisque. Mais parce que s’élide systématiquement devant les voyelles, comme que.
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Votre deuxième phrase est incorrecte. Le gérondif s’applique au verbe d’une proposition, et a une valeur de complément circonstanciel, d’adverbe.
Vous devez réserver le gérondif aux situations où vous pouvez mettre le verbe à l’infinitif, sans sujet : chanter en travaillant, mais pas chanter en ayant travaillé.
En pratique, on n’utilise donc rarement le gérondif passé, qui marque une antériorité du complément adverbial sur le verbe auquel il s’applique.
Votre première phrase, avec le participe présent apposé au sujet, est syntaxiquement correcte. Elle est peu naturelle, car on n’utilise pas cette construction dans la langue orale, mais voici un exemple qui s’inscrirait bien dans un récit : Paul, ayant beaucoup travaillé, méritait certainement une augmentation.- 150 vues
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