Y surgir ou en surgir
Bonjour,
Voici la première phrase d’un article dans un journal français en ligne, précédée de son titre (Le Monde) :
« Coronavirus : le grand flou des tests sérologiques.
On s’attend à les voir poindre à tout instant à l’horizon mais ils n’y surgissent jamais : depuis le début de la crise sanitaire en cours, l’attente des tests sérologiques du Covid-19 évoque un peu Le Désert des Tartares de Buzzati. »
La métaphore n’est pas « pure ». Je me demande s’il n’y a pas rupture de sens à cause de l’emploi du pronom Y avec surgir (=sens abstrait) après « poindre à l’horizon », d’autant que le sujet « tests » est matériel et concret.
J’aurais spontanément écrit EN SURGIR (jaillir, et donc au sens propre pour m’aligner sur l’image concrète « poindre à l’horizon »), d’autant que EN est le pronom pour les verbes suivis de DE.
C’est-à-dire :
–> On s’attend à voir les tests séro poindre à l’horizon mais il n’en surgissent jamais.
Merci.
Je conteste un peu le réalisme de l’image « ils surgissent », que ce soit à l’horizon (y surgir) ou de l’horizon (en surgir)… Comme si des tests surgissaient, il faut qu’ils soient disponibles et donc fabriqués, et anticipés, commandés, etc. Ce n’est pas de la magie.
Cette rédaction me paraît très paresseuse, comme toute utilisation d’images et de métaphores quelque peu éculées…
Or « poindre à l’horizon » et « surgir » pour exprimer l’utilisation des tests sérologiques me semblent peu précis et inadaptés. Voilà ce que j’aurais suggéré :
Il était prévu que XXX tests sérologiques soient pratiqués chaque jour dès le 11 mai 2020, or l’objectif n’est pas atteint (mieux encore comme travail d’enquête : donner les statistiques).
C’est moins sexy que des tests qui surgissent à l’horizon, mais il faut informer précisément.
Bonjour Joëlle, je vous remercie de votre réponse qui pointe le doigt sur la notion de la quantité de tests : c’est ça !
Je trouve moi aussi que l’image n’est pas la bonne mais elle pourrait peut-être s’imposer avec une formulation juste.
En fait, on dirait que les mots de la métaphore ont été « passés aux forceps » (pour utiliser une autre image prisée des journaux, notamment dans la presse sportive) et c’est sans doute en raison du lien voulu à tout prix avec la référence au roman de D. Buzzati.
Du coup, pour conserver l’intégrité de l’image (en lien avec le Désert des tartares) et pour faire aboutir le jeu de de la langue, je propose les corrections suivantes inspirées de votre commentaire (objectifs annoncés en termes de nombres de tests) :
On s’attend à tout instant à voir poindre à l’horizon la réalisation de 500 000 tests par semaine, mais elle n’y surgit toujours pas
On s’attend à tout instant à voir poindre à l’horizon 500 000 tests par semaine, mais ils n’en surgissent toujours pas
On s’attend à tout instant à voir poindre à l’horizon un bilan réalisé de 500 000 tests par semaine, mais cela n’advient toujours pas
Qu’en pensez-vous ?
Article :
« On s’attend à tout instant à voir les tests poindre à tout instant à l’horizon mais il n’y surgissent jamais »
Pourquoi pas, ils ne surgissent toujours pas ?