« Y a-t-il un problème ? » 2.
L’expression « cela pose problème » est-elle correcte ?
Un de mes amis avait posé précisément cette question à l’Académie. Je vous retranscris la réponse de M. Vannier :
> On évitera poser problème qui est le croisement de l’expression figée faire problème que l’on rencontre déjà chez Sainte-Beuve et de poser un problème.
Vous pourrez aussi trouver l’avis de Grevisse, qui rejoint celui de l’Académie, dans le Bon Usage, §587, c, 2. 😉
Il est étonnant que dans la même réponse, l’Académie évoque des « structures figées datant de l’ancien français », donc ancrées dans la langue … ou renouant avec une construction classique et dissuade de l’emploi d’une expression dont on ne comprend pas finalement le degré ni la raison de l’incorrection…Avoir honte est plus correct que avoir la honte, où l’ancien est plus crédible que le nouveau.
Si je comprends bien la réponse de l’Académie, des constructions telles que tenir tête, perdre patience ou avoir honte sont tout droit issues de l’ancien français et sont encore (correctement) employées aujourd’hui. En revanche, l’expression poser problème (ainsi que poser question) est le résultat d’un mélange plus récent entre faire problème et poser un problème. Son emploi est plus critiquable, parce qu’il n’y a pas la légitimité de l’expression figée. De la même façon, on ne pourrait pas inventer aujourd’hui des expressions telles que perdre tête ou avoir bonheur sous prétexte d’imiter l’usage ancien. 😉
oui c’est cela, on l’évitera donc jusqu’à nouvel ordre, mais on l’entend souvent…
L’expression est très récente (désolée, pas assez douée en informatique pour créer le lien du graphique que j’ai trouvé), globalement elle a commencé à apparaître en 1955, et à être employée en 2005.
Personnellement, je la trouve bancale, et préfère de très loin « Cela pose un problème« .
J’ai trouvé les mêmes informations que Vlavv, ainsi que ceci, sur le site de l’Académie :
PROBLÈME n. m. {XIVe siècle. Emprunté, par l’intermédiaire du latin problema, « problème, question à résoudre », du grec problêma, « saillie, promontoire », puis « tâche, question, problème », lui-même dérivé de proballein, « jeter devant soi, lancer », puis « proposer une tâche, poser une question ».}
L’expression Faire problème, au sens d’Être une gêne, Causer de l’embarras est à déconseiller.
Dans quel cas employer « faire problème » alors ?
Ce n’est pas bien clair y compris dans la réponse de l’Académie…Le Littré signale le texte de Sainte-Beuve (Portraits contemporains, t. 2, 1 869) sur Vigny « qui, par ses qualités et ses défauts, ses supériorités et ses ridicules, fait encore problème pour moi aujourd’hui ».
De mon côté, outre le fait que je trouve cela très laid (de même que « poser question » ou « poser problème ») je crois comprendre dans la dernière phrase que je cite (Académie), que cela signifie qu’il est déconseillé de l’employer tout court, puisque je ne vois pas quel autre sens peut avoir « faire problème » ? Même dans le sens de « créer », je n’ai pas l’impression que cela soit correct…
Rendre hommage, prendre part, faire eau, perdre pied, raison garder… l’omission de l’article ici et là ne me choque pas.
Elle rend la formule un peu abstraite…peut-être.
Ainsi, cela peut poser problème (en général) ou poser des problèmes (à préciser). Il y a une nuance en fonction du contexte.
En rédaction, j’essaierais plutôt d’énoncer le(s) problème(s) plus directement. Cela épargne une surcharge de l’expression de la plainte vague et subjective.
En revanche, certaines expressions sont un peu symptomatiques d’un parler « abstractisant » (voilà, je m’y mets…) comme « cela fait sens », au lieu de
« cela a du sens ». De la même manière, « ça me parle » au lieu de « cela m’évoque quelque chose » ou encore « faire société »…
Il y aurait une rubrique « tics de langage contemporains » à suggérer… Mon titre est sans doute redondant car si tics il y a, ce ne peut être que dans l’air du temps…Les « quelque part » qui ne sont pas géographiques et les « en même temps » non concomitants…