/, -, vers, à
Dans la phrase suivante :
« En assouplissant le passage oral/écrit et réciproquement, la « dictée », selon des modes nouveaux qui la dégagent d’une sacralité excessive, y participe dès le temps des premiers apprentissages ».
Je vous remercie de vos explications.
La barre de fraction porte bien son nom et, hormis quelques emplois très techniques, on ne devrait pas la voir dans les textes courants. La raison en est simple : elle n’a pas de signification intrinsèque et fait buter le lecteur sur son interprétation, ce qui va à l’encontre de l’objectif recherché avec une typo de qualité. Il faut s’exprimer en clair.
Que les Canadiens l’aient adoptée pour divers usages n’a pas d’influence, leur code s’écartant du français en de nombreux points pour se rapprocher de l’anglais (eh oui…).
Quant aux citations d’auteurs, elles n’ont aucune exemplarité en typographie : elles sont vraiment du ressort des correcteurs et éditeurs (je suis placé pour le savoir). L’orthographie est relativement normée mais typographie et mise en pages sont éminemment variables.
La question serait anecdotique si trop de rédacteurs n’abusaient de nos jours de ce raccourci aussi ambigu qu’inesthétique.
N.B. Je suis un peu marri de voir Mᵐᵉ Sallenave laisser passer cela dans son texte pourtant tout ce qu’il y a de plus académique. Mais chacun sait que la typographie est le cadet des soucis du Quai Conti…
Il est inexact d’affirmer que la barre oblique est réservée aux domaines des fractions et des unités de mesure. Jacques Drillon, dans son Traité de la ponctuation française en donne d’autres emplois corrects (cf. p. 430 à 435). Voir également le TermiumPlus cité ci-dessous.
L’excellent TermiumPlus de nos amis canadiens prévoit ce type d’emploi, mais appelle, à juste titre à mon avis, l’attention sur le fait qu’il ne faut pas abuser de ce procédé :
« 6.12.6 Comme mot de liaison
Comme l’oblique peut remplacer des prépositions ou des conjonctions, elle sert fréquemment à former des expressions elliptiques. Dans l’exemple suivant, l’oblique équivaut à la préposition entre :
- Voilà pour la différence artisan/bourgeois (E. Le Roy Ladurie).
Il faut toutefois se garder d’abuser de ce procédé, car les expressions ainsi créées peuvent être difficiles à lire à haute voix. Elles peuvent aussi être difficiles à comprendre et prêter à confusion. »
Ma conclusion : vous pouvez écrire le passage oral/écrit (dans le sens de « le passage de l’oral à l’écrit » ou de « le passage entre l’oral et l’écrit ») en vous fondant sur le TermiumPlus. Toutefois, pour ma part, dans un texte soigné, j’écrirais le passage de l’oral à l’écrit et inversement.
Je vous remercie, Chambaron, pour cette confirmation. Effectivement, vous avez reconnu le texte. J’ai été étonnée de l’utilisation de la barre oblique dans ce contexte. Pourriez-vous me dire si le tiret serait envisageable ? Évidemment, le plus élégant serait les autres variantes que j’ai proposées, à moins que vous n’en ayez d’autres.
Je l’ai déjà dit une fois ou deux, je me promène dans la vie avec un toute une série de papillons portant des remarques très pertinentes et nourrissantes provenant de cette plateforme. Je saisis l’occasion, presque en fin de cette année, pour les remercier en votre compagnie.
Toujours heureux de vos questions atypiques…
Le trait d’union a pour vocation… d’unir, en particulier deux mots mis à égalité (une canne-épée, le café-concert, en vert-bleu, un ni-ni, etc.) Cela peut donc correspondre à quelques cas de mauvais emploi de la barre de fraction, comme qualité-prix (voir CNRTL, art. Prix, remarque finale) et non « qualité/prix » comme on le voit parfois.
Je vous remercie, car de mon côté, je suis toujours heureuse de recevoir vos explications si remarquables. Donc, je vais remettre le trait d’union dans mon tiroir… J’ai utilisé le mot « tiret », car j’ai bien vu qu’il ne pouvait pas s’agir d’un trait d’union. En fait, c’est quand même un trait d’union. J’aime aussi l’élégance de vos réponses.
Pourtant, dans qualité/prix, la barre de fraction a du sens, puisqu’il s’agit bien d’un rapport entre la qualité (numérateur) et le prix (dénominateur). C’est une vraie formule mathématique. Peut-être est-ce jugé redondant avec le terme « rapport » qui généralement le précède ? Enfin à mon sens (mais évidemment je ne suis pas académicienne) je ne la trouve pas abusive dans cette expression.
Bonjour Pascool,
Je vous mets ici la remarque dont parle Chambaron. Peut-être que cela deviendra plus clair pour vous :
« REM.
a)
b)
c)
Vous avez écrit :
« Quant aux citations d’auteurs, elles n’ont aucune exemplarité en typographie : elles sont vraiment du ressort des correcteurs et éditeurs (je suis placé pour le savoir). »
(C’est moi qui ai souligné.)
Qu’est-ce qui est du ressort des éditeurs et correcteurs ?
C’est la mise en forme des textes transmis par les auteurs qui varie : même avec une excellente maitrise de la langue, les écrivains n’ont que peu de connaissance ou de souci des questions de typographie. Le correcteur (héritier des typographes et des imprimeurs) et les éditeurs (qui ont des codes maison) se chargent de la présentation du texte. Cela va du choix de la police à la gestion des majuscules, de l’italique, des retraits de paragraphe, de la présentation des dialogues, du type de cul-de-lampe, de la pagination, de la table des matières, etc.
Au-delà de quelques « règles » communément admises, on constate donc une variabilité dans l’espace (entre éditeurs) et dans le temps (modes selon les époques).
N.B. Je comprends mieux votre question en relisant : ce sont bien les citations (l’extrait que l’on lit dans une reproduction) qui relèvent des éditeurs de cette citation. Certains reprennent la typo d’origine, d’autres l’adaptent. Comparez la même citation d’un auteur ancien dans différents ouvrages, vous verrez des différences…
Bonjour.
Tout cela est connu (par ex. les différences entre les « codes » typographiques, les « marches », etc.).
Il ne s’agit pas des citations, mais de la détermination des emplois de la barre oblique (le slash, l’oblique, etc.). A cet égard et dit à toutes fins utiles, un grand spécialiste de la ponctuation comme Jacques Drillon est tout aussi légitime à traiter de ces emplois qu’un ouvrage de typographie.
Sur le fond, il m’apparaît que vous auriez dû ne pas être catégorique concernant le périmètre d’emploi de l’oblique – vous excluez celle-ci de tous les « textes courants » – alors qu’une telle opinion est loin de faire l’unanimité , y compris chez les auteurs d’ouvrages de typographie (par ex., le « code typographique de l’IRASEC », de juillet 2014, indique (p. 16) notamment
« Barre oblique /
[…]
Le voici à 140 km/h
175 hab./km²
2 533 cal./j./hab.
Ressentir le chaud/froid ».
– Je ne nie les inconvénients que peut présenter, dans certains cas, l’emploi de l’oblique, puisque j’ai repris à mon compte ceci :
« Il faut toutefois se garder d’abuser de ce procédé, car les expressions ainsi créées peuvent être difficiles à lire à haute voix. Elles peuvent aussi être difficiles à comprendre et prêter à confusion. »
J’ai également conclu in fine ainsi :
Toutefois, pour ma part, dans un texte soigné*, j’écrirais le passage de l’oral à l’écrit et inversement.
* Déjà souligné dans ma réponse initiale.
– Mais vous vous deviez, à mon sens, de ne pas être catégorique au sujet des cas d’emploi de l’oblique, pour la raison précisée ci-dessus.
Bon après-midi.
C’est vous qui avez réagi sur ma réponse. Vos remarques peuvent être prises en compte sans problème et il n’y a aucun conflit avec Drillon. La barre de fraction a tout son sens d’origine dans les unités (km/h, etc.).
C’est l’abus que l’on doit chasser : quel est le sens de chaud/froid ? Le chaud et le froid alternativement, successivement, simultanément, le chaud ou le froid aléatoirement ? Dans le cas le plus fréquent, c’est simultané et le CNRTL l’écrit bien chaud-froid.
Cela étant, il n’y a pas lieu de polémiquer : les éléments explicatifs sont là, les lecteurs font leur choix.
Bonne soirée aussi.