Verbe pronominal réfléchi ou passif
Bonjour,
J’ose poser la question bien que Prince m’aie fait réviser mes leçons sur les verbes pronominaux récemment car un exercice du livre de grammaire de ma fille m’a étonnée:
« Le feu se propage à la forêt »
Pour moi, le pronom « se » est réfléchi donc COD et non passif donc « à la forêt » COS et non COI.
Suis-je dans l’erreur ou pas?
Merci par avance pour vos réponses
Bonjour Laurence,
La réponse à l’exercice de grammaire en question est C.O.I.
En quel cycle est votre fille ?
Bonsoir Prince,
Elle est en CE2. Pour le pronom, est-il passif ou réfléchi? Attention, à la réponse car c’est A.Bentilola qui a dirigé la rédaction du livre d’exercices !:-)
D’après votre réponse, j’en conclurais que le pronom est de tournure passive car les élèves de CE2 n’ont pas abordé la forme pronominale.
Merci pour votre réponse
J’ai beaucoup de difficultés à distinguer certaines formes passives et réfléchies.
Le feu propage-t-il ? Est-il actif ?
Ou le feu est-il propagé ? Est-il passif ?
Je pencherais plutôt pour une forme pronominale passive mais je n’en suis pas sûre.
Pour ce qui est du complément, j’y vois bien un COI (COS) et non un CCL, et la distinction à/dans me semble sensée. Il pourrait se propager à un arbre, à un nid, à une personne. Cela désigne une entité déterminée, pas le lieu où se déroule l’action.
Bonsoir Laurence, la conclusion de votre dernier message est partiellement erronée. Plus précisément, à la forêt est bien COI (répond à la question le feu s’est propagé à quoi ?), mais le pronom (« s' » mis pour se) n’est pas « de forme passive », pour la simple raison que la forme passive (plus précisément la voix passive, par opposition à la voix active) concerne les verbes et non les pronoms (autrement dit, les « pronoms de forme passive » n’existent pas). Ici, le verbe se propager (pronominal réfléchi) est bien à la voix active (la voix passive serait par exemple la nouvelle a été propagée par les médias). Le pronom s’ est réfléchi, il peut éventuellement être considéré comme COD de propager (le feu a propagé qui ? lui-même) comme vous le suggériez dans votre question initiale — ce qui justifierait d’ailleurs l’accord si la phrase avait été par exemple les feux se sont propagés à la forêt. Mais si l’exercice (niveau CE2, rappelons-le) consistait à trouver soit un COD soit un COI, la bonne réponse est bien COI pour à la forêt.
… comme l’a écrit Prince. Lol
Bonne nuit, Christian.
Ce n’est pas du passif. Le passif est l’équivalent d’un « on » inconnu mais existant. Ce livre se lit facilement. Ce livre est lu facilement. On lit facilement ce livre. Le pronominal passif demande un agent à la fois extérieur et indéterminé. Ici il n’y a pas d’agent extérieur. Ce n’est pas du passif.
Mais ce n’est pas non plus du réfléchi. Est-ce que par un effet de sa volonté ou de son destin le « se » aurait valeur de cod (qui le feu propage-t-il ? qu’est-ce que le feu propage ? lui-même !). Mais non, le feu ne propage rien du tout, même pas lui-même. Il se propage, simplement, comme un oiseau s’envole, et que la construction soit pronominale n’y change rien. C’est vrai qu’on peut propager un feu, mais il y faut une intention, une action. Le feu se propage ici comme l’eau s’écoule. L’eau n’écoule pas elle-même. Le feu ne propage pas lui-même.
Cette construction du verbe n’est ni passive ni réfléchie. C’est juste que le verbe se construit comme ça. Pour entrer dans les cases, on peut dire « essentiellement pronominal dans cette acception », bref, un verbe ordinaire.
Le complément du verbe « se propager » (se propager à) n’est pas un complément circonstanciel. Comme il y a un le mot « à », c’est un complément d’objet indirect (comme « dire à »). « Se propager » peut se passer de complément, et peut en avoir un, indirect, comme jouer aux dés, partir à Rouen, se moquer de quelqu’un, se souvenir des belles choses…
Bonjour,
Merci pour votre réponse. Conclusion, j’ai encore beaucoup à apprendre sur les verbes pronominaux!
Bonne journée.
Le feu se propage à la forêt.
Verbe pronominal de sens réfléchi, en effet. Le pronom « se » est analysable comme un COD. Toutefois, « à la forêt » me semble plus un complément de lieu qu’un complément d’objet. Bien sûr, grammaticalement, le fait de répondre à la question « à quoi » pourrait en faire un COI / COS mais le sens et l’idée indique une notion de lieu. C’est mon humble avis et la question à se poser ici est : à quoi sert l’analyse logique (matière scolaire s’il en est destinée à une observation réfléchie de la langue) ? A nous faire comprendre ce qui est écrit et à bien écrire aussi.
Bonjour Joëlle,
Je suis d’accord avec vous, « à la forêt » m’a tracassée énormément mais l’exercice demandait de trouver le COD ou le COI et comme les élèves n’ont pas encore appris les COD et COI sous forme pronominale, j’en ai tiré la conclusion que « à la forêt » devait être COI (en arguant que si cela avait été un CCL il y aurait écrit « dans la forêt »). Un peu tirée par les cheveux , je l’avoue. Mes recherches sur le sujet m’ont laissée sur ma faim (COI? CCL?) car les avis divergent.
Merci pour votre réponse.
Cordialement,
Joëlle,
J’ai posé la question à l’instituteur, si j’obtiens une réponse je vous en ferai part.
Cordialement,
Merci à tous pour vos réponses.
Donc, le pronom est de forme passive et « à la forêt », COI. C’est ce qui semble finalement le plus cohérent.
Laurence,
L’instituteur de votre fille est en avance sur le programme qu’il devrait suivre. En effet, la distinction C.O.D./C.O.I. ne doit être traitée qu’au cours du 3e cycle (du CM1 à la 6e).:
Programmes de 2015 « ajustés » (c’est le terme officiel) pour la rentrée de 2018 ;
Cycle 3 :Bulletin officiel n° 30 du 26-7-2018 Cycle 3 (CM1, CM2, 6e)
Page 18 :
« Identifier les constituants d’une phrase simple Se repérer dans la phrase complexe Connaissances et compétences associées – comprendre et maîtriser les notions de nature (ou classe grammaticale) et fonction ; – identifier les constituants d’une phrase simple et les hiérarchiser : – approfondir la connaissance du sujet (sujet composé de plusieurs noms ou groupes nominaux, sujet inversé) ; – différencier les compléments : COD, COI, compléments circonstanciels de temps, lieu et cause ; – identifier l’attribut du sujet. – analyser le groupe nominal : notions d’épithète et de complément du nom. – différencier les classes de mots : NB : le nom, l’article (défini et indéfini), l’adjectif, »
Concernant le type de verbe pronominal dans Le feu se propage à la forêt (je vous ai déjà indiqué que à la forêt était un C.O.I), se propage n’est ni un pronominal réfléchi ni un pronominal de sens passif, et ce, pour les raisons bien exposées par Numéric. L’indice se est ici inanalysable , notamment en tant que C.O.D. (comme dans les pronominaux « passifs » mais ce n’est donc pas tel verbe). On appelle ce type de verbes (s’acharner, se dédire, s’achopper...) des « pronominaux subjectifs » (cf. par ex. Le Bon usage actuel, § n° 779) ou « de sens indistinct » (BDL).
Bon après-midi.
Bonjour Prince,
Merci pour toutes ces précisions, je vais regarder attentivement le paragraphe du « Bon usage ». Je suis rassurée quand même que tous les instituteurs ne considèrent pas nos enfants comme des êtres « décérébrés » et continuent à les instruire un minimum! 🙂
Bonne journée
LaurenceA
C’est m’ait qu’il faut lire !