« (…) vaut mieux que » OU « (…) vaut mieux que de » ?
Bonjour
Consciente que ma question n’est pas claire, je la précise avec un exemple pour me faire comprendre. Dois-je dire :
S’imaginer les choses vaut mieux que se les rappeler
OU
S’imaginer les choses vaut mieux que de se les rappeler.
On rencontre communément la seconde formulation, mais mon oreille préfère largement la première (sans le « de ») mais comme ce ne serait pas la première fois que la grammaire et mon oreille (et pas que la mienne) ne font pas forcément bon ménage, je préfère vous demander ce qu’il convient de dire, car je ne trouve la réponse nulle part. Cela dit, peut-être que je pose mal la question, ou que je cherche mal).
Merci à vous de m’éclairer.
Bonne journée, bonne fin de semaine, et tant qu’on y est, bonne année.
Bonjour,
Le de il est facultatif.
Le Trésor de la langue française informatisé (TLFi) confirme cela :
« b) Mieux que (de) + inf. Le jeune couple a passé ici sa première nuitée (…). Cela ne vaut-il pas mieux que de livrer la mariée aux curiosités de l’auberge (AMIEL, Journal, 1866, p.297). L’action prend toute la pensée et la garde, comme une bonne terre boit l’eau. Car saisir vaut mieux qu’admirer; mais faire vaut mieux que saisir (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p.339). V. aussi aimer ex. 145, 147.
Rem. Dans ce tour, l’emploi de la prép. de devant l’inf. est usuel mais facultatif. »
Bon, 3è essai : mon message refuse d’apparaître…
la préposition de est facultative.
Eh bien, un grand merci à tous deux pour ces réponses très éclairantes, avec des exemples et arguments dont je prends soigneusement note, pour le cas où j’aurais à parler de ce « de » avec quelqu’un qui se poserait la même question.
Merci !
NB : il me semblait avoir vu un jour sur ce forum la mention « résolu », à mettre pour clore une discussion, je ne la vois pas, c’est peut-être au modérateur de la mettre ? Je ne voudrais pas passer pour une ingrate si quelqu’un vient donner une nouvelle réponse, à laquelle je n’apporterais pas de remerciement si je n’en prends pas connaissance.
Je me trompe peut-être de forum 🙂 En tout cas j’ai bien fait de venir ici.
Encore merci !
Emsi,
La mention « Résolu » apparaît seulement lorsque vous avez voté pour celle que vous considérez comme « Meilleure réponse« .
Et vous recevrez tout de même un avis si quelqu’un d’autre vient répondre à votre question, plus tard.
Et vous pourrez même changer votre vote à ce moment-là, et attribuer la « Meilleure réponse » à quelqu’un d’autre.
Voilà, vous savez tout 🙂
🙂 oui en effet, la réponse est très complète. Mais je n’aime pas du tout le principe de « meilleur ou meilleure », je trouve que très souvent les réponses se complètent, c’est une participation collective où chacun a le mérite d’avoir donné de son temps ou de ses connaissances, chacun avec son degré à lui, alors je vais laisser les choses en l’état.
Merci néanmoins pour votre éclairage.
L’infinitif sujet.
Pierre chante plus souvent que Paul = Pierre chante plus souvent que Paul chante. Pierre et Paul sont deux sujets de proposition.
Avec « vaut mieux que », on compare encore deux sujets : ma voiture vaut plus que ton vélo (que ton vélo vaut).
« S’imaginer » et « se rappeler » sont ici deux infinitifs sujets.
Si vous devez poursuivre votre recherche, d’un point de vue linguistique elle ne portera pas sur la construction avec ‘vaut mieux que’ mais sur l’utilisation du mot ‘de’ introducteur d’un infinitif sujet. Exemple : « de vous énerver ne vous servira à rien ».
Damourette et Pichon en faisaient une question de sens et non de coquetterie facultative, et écrivaient il y a un siècle que « l’infinitif, quand il est précédé de ‘de’ exprime un fait concret et particulier, envisagé dans la conjoncture qu’indique la phrase. Au contraire l’infinitif employé sans ‘de’ exprime la substance spécifique du phénomène dans toute sa généralité d’une façon abstraite ».
* dire est plus facile que faire ; faire vaut mieux que dire : « dire » et « faire » sont des verbes, abstraits, sans contexte.
* je pense que de dire vos prières chaque soir vous serait plus profitable que de faire la fête en buvant de la vodka comme la nuit dernière.
* Je pense que s’imaginer les choses vaut mieux que se les rappeler.
* Je pense que de vous imaginer la vie que vous n’avez pas eue vous ferait plus de bien que de vous rappeler sans cesse les mille douleurs que vous avez endurées.
Avec deux verbes secs non mis en situation et le comparatif pauvre et théorique ‘vaut mieux que’, ce sont les verbes qui sont comparés et non les situations. Vous avez parfaitement raison de récuser le mot ‘de’.