Utilisation de l’imparfait au lieu du subjonctif
Bonjour à tous,
J’écris depuis de nombreuses années des textes narratifs (essentiellement au passé) et cela fait quelque temps qu’une question me turlupine… alors je me lance…
Je connais très bien la règle : après « bien que », on doit mettre un subjonctif. Toutefois, je constate que, dans certains cas, son emploi n’offre pas toutes les nuances dont j’aimerais disposer.
Je m’explique (toujours pour un texte narratif au passé) :
À l’indicatif, pour décrire un événement se déroulant au moment de l’action, le français offre deux temps : l’imparfait et le passé simple. Comme vous le savez, leur usage n’est pas interchangeable.
Dans la phrase :
« Il neigeait sans discontinuer depuis plusieurs jours. »
l’emploi du passé simple « neigea » serait au mieux très maladroit et au pire carrément faux, car lorsque l’action s’inscrit dans la durée, l’imparfait est de rigueur.
Le décor étant posé, j’en viens (enfin !) à ma question :
Si par malheur, je décide de commencer ma phrase par « bien que », alors toute cette magnifique nuance du français tombe et c’est pour cela que je suis très tenté d’écrire :
« Bien qu’il neigeait sans discontinuer depuis plusieurs jours, je décidai de me lancer à la conquête du pic montagneux. »
Je me demandais donc ce que d’autres usagers et amoureux de la langue française pensent de ceci. Les puristes diront que c’est faux, bien évidemment, mais je trouve malgré tout que la forme « neigeât » manque de nuance.
Certains proposerons peut-être « ait neigé », mais on a l’impression que l’action est terminée et qu’il ne neige peut-être plus… ça ne me convainc donc pas…
Merci de me dire votre sentiment sur cette question (certes un peu technique…)
Belle soirée à tous
Pascal
Bonjour pasclovis,
Je commence par une remarque subsidiaire. Vous écrivez :
« Il neigeait sans discontinuer depuis plusieurs jours. » l’emploi du passé simple « neigea » serait au mieux très maladroit et au pire carrément faux, car lorsque l’action s’inscrit dans la durée, l’imparfait est de rigueur.
Je ne partage pas votre avis. Si cette phrase fait avancer l’action et que le fait qu’il neige est au premier plan et non un élément de décor, le passé simple peut tout à fait s’employer.
« Il s’apprêtait à partir mais, à ce moment, il neigea sans discontinuer pendant plusieurs jours. Il dut repousser son départ. » Ici, le passé simple de l’indicatif est de rigueur me semble-t-il, même si la neige dure.
Pour en revenir à votre question, dans « Bien qu’il neigeât sans discontinuer depuis plusieurs jours, je décidai de me lancer à la conquête du pic», l’imparfait du subjonctif (puisque vous êtes dans un texte littéraire) indique bien la simultanéité de l’action avec la principale et montre aussi que cette action dure.
« ait neigé » indiquerait en effet que la neige s’est calmée.
« Bien qu’il neigeait » serait tout à fait fautif… et je ne suis pas particulièrement puriste ! 😉
Bonjour,
La locution conjonctive « bien que » introduit une subordonnée d’opposition.
Le verbe de la proposition principale (décidai) est à un temps du passé.
Pour marquer la simultanéité ou la postériorité le verbe de la subordonnée doit se mettre à l’imparfait du subjonctif.
J’écrirais :
« Bien qu’il neigeât sans discontinuer depuis plusieurs jours, je décidai de me lancer à la conquête du pic montagneux. »
« Pic montagneux » me paraît pléonastique.
Bonjour,
Je vous remercie pour vos réponses.
Tout d’abord concernant les deux remarques subsidiaires :
1) « pic montagneux » n’est en effet pas des plus heureux, veuillez m’en excuser.
2) Je suis d’accord avec vous Evinrude, dans l’exemple que vous citez, le passé simple se justifie. Je pensais à mon exemple plus comme un élément de décors et c’est pourquoi je préconisais l’imparfait.
Concernant le problème principal :
Je me doutais bien que le subjonctif était absolument nécessaire dans ce cas présent et cela ne règle donc pas mon problème. Cela étant, le fait d’avoir couché par écrit mon questionnement m’a permis de mieux l’appréhender et j’ai fini par trouver une solution ménageant efficacement la chèvre et le chou…
« Même s‘il neigeait sans discontinuer depuis plusieurs jours, je décidai de me lancer à la conquête du pic . »
La solution est certes d’un langage un peu moins soutenu, mais je parviens ainsi à garder la notion de longue période de précipitation.
Belle journée à tous
Pascal