Un complément de lieu est-il essentiel quand il peut être sous-entendu ?
Bonjour,
Je ne parviens pas être sûre que le complément « dans nos publications » est circonstanciel ou bien essentiel à la phrase suivante (et donc j’hésite à enlever les virgules avant et après) :
[Il y a une présentation des publications au préalable et ensuite la phrase suivante comme conclusion :]
Nous espérons que vous trouverez, dans nos publications, l’inspiration et les outils dont vous avez besoin pour accompagner les élèves tout au long de leur cursus scolaire.
En effet, d’un côté, il est tout à fait possible de retirer le complément « dans nos publications », car on comprend très bien dans ce contexte qu’on souhaite au lecteur de trouver l’inspiration et les outils dont il a besoin dans les publications que l’on vient de présenter.
D’un autre côté, le fait de l’encadrer de virgules ne me paraît pas correct car c’est bien dans les publications que l’on souhaite au lecteur de trouver l’inspiration et les outils dont il a besoin : on ne souhaite pas au lecteur de trouver l’inspiration et les outils dont il a besoin en général (même si dans un autre contexte ce souhait serait tout à fait correct).
J’écrirais donc plutôt :
Nous espérons que vous trouverez dans nos publications l’inspiration et les outils dont vous avez besoin, pour accompagner les élèves tout au long de leur cursus scolaire.
(Je commence aussi à avoir des doutes sur le complément circonstanciel de but : peut-on bien ajouter une virgule avant « pour accompagner » ?)
Qu’en pensez-vous ?
Encore un grand merci d’avance !
Voici ce que je vous propose :
Nous espérons que vous trouverez, dans nos publications, l’inspiration et les outils dont vous avez besoin pour accompagner les élèves tout au long de leur cursus scolaire.
Je mettrais « dans nos publications » entre virgules car votre phrase est longue et il s’agit d’un CC en milieu de phrase, que l’on peut avoir envie de mettre en valeur (voir plus bas 1).
Le CC de but en fin de phrase n’appelle pas de virgule devant sauf effet spécial (voir plus bas 2).
- S’il est placé avant le complément d’objet ou l’attribut, les virgules ne sont pas obligatoires. Elles s’imposent seulement si l’on désire faire ressortir le complément circonstanciel :
- Le directeur prendra demain la tête d’un autre service.
Ma tante fêtera, demain, ses soixante-quinze ans. - Ces gens arrivent malgré tout à joindre les deux bouts.
Elle reste, malgré tout, très optimiste.
2. Si le complément circonstanciel est à la fin de la phrase, il peut parfois être précédé d’une virgule. La virgule permet alors de créer un effet de surprise, de faire rebondir la phrase :
- Les livres que nous étions censés recevoir il y a deux mois sont finalement arrivés, aujourd’hui.
Merci beaucoup pour votre réponse !
Pour faire simple :
« Trouver » a un complément essentiel COD (on trouve toujours quelque chose même si on ne précise pas) – ici c’est : l’inspiration et les outils .
Mais il peut fort bien se passer d’un complément de lieu, (comme de temps d’ailleurs ): j’ai enfin trouvé la paix.
Pour la ponctuation, je choisirais ceci :
Nous espérons que vous trouverez dans nos publications, l’inspiration et les outils dont vous avez besoin pour accompagner les élèves tout au long de leur cursus scolaire.
Mais l’utilisation de la virgule, parfois (parfois seulement) peut servir à l’expressivité. Et je pense qu’on peut aussi choisir : Nous espérons que vous trouverez, dans nos publications, l’inspiration et les outils dont vous avez besoin pour accompagner les élèves tout au long de leur cursus scolaire.
Bonjour Tara,
Merci pour votre réponse, mais je ne comprends pas votre première proposition « Nous espérons que vous trouverez dans nos publications, l’inspiration et les outils dont vous avez besoin pour accompagner les élèves tout au long de leur cursus scolaire. »
En effet, j’avais compris que l’on ne doit pas séparer le verbe et son complément d’objet direct par une virgule (sauf si on encadre de virgules un complément, auquel cas les virgules sont comme des parenthèses qui ne coupent pas le verbe de son COD).
Oui, un complément de lieu peut être un complément essentiel même s’il peut être sous-entendu. Cela signifie seulement qu’il existe une construction intransitive en plus de la construction transitive. Certains compléments essentiels peuvent être supprimables, mais si on les utilise c’est en tant que compléments essentiels, sans les séparer du verbe par une virgule. On peut écrire « il mange du pain » ou « il mange » mais pas « il mange, du pain ». On peut écrire « il vient à Paris » ou « il vient » mais pas « il vient, à Paris ». Les compléments supprimables ne deviennent pas pour autant des compléments circonstanciels séparables par des virgules. Ce qui rend le complément essentiel, c’est le rapport établi par le verbe entre le sujet et son complément : il va à Paris, il mange du pain, vous trouverez l’inspiration…
Un verbe peut avoir plusieurs compléments essentiels (Pierre donne un livre à Paul, le verbe met en relation un sujet, un COD et un complément d’attribution). Un verbe peut aussi mettre en relation un sujet, un COD et un complément essentiel de lieu, sans que le lieu soit un simple cadre (et donc complément circonstanciel) de la relation entre le sujet et le COD : Pierre envoie sa valise à Paris, Pierre passe la journée au parc… Les compléments à Paris et au parc sont ici des compléments essentiels, et non pas circonstanciels. C’est la construction du verbe qui veut cela.
Cette relation étroite peut sembler exister aussi dans : Pierre a vu le pape à la télé, Pierre a lu un article dans le journal, Pierre lit dans mes pensées, vous trouverez l’inspiration dans nos publications, mais ce n’est pas ici le verbe en lui-même qui exige le second complément, complément que vous ne devez donc pas appeler complément essentiel. Il est peut-être sémantiquement obligatoire, mais il ne l’est pas syntaxiquement.
Je pense que c’est cela que vous souhaitiez formaliser : entre le complément circonstanciel de phrase, flottant, et le complément essentiel, dont la place est figée, il y a un complément lié au verbe et au COD mais pas au sujet.
Ce sont en fait les compléments les plus courants : lire dans le journal, voir à la télé, trouver ci-joint, partir à la guerre, travailler pour la gloire…
Ils sont nécessaires ou utiles au verbe, mais ils ne font pas partie des éléments articulés syntaxiquement par le verbe (les compléments d’objets et compléments essentiels), ils ne sont pas des ‘actants’ du ‘procès’.
On peut les appeler compléments adverbiaux, ou simplement compléments du verbe. A priori, il ne faut pas les détacher par une virgule du verbe qu’ils complètent.
* Le complément circonstanciel donne un cadre à la proposition sujet + COD. Virgule nécessaire pour séparer du sujet, et possible pour séparer du prédicat :
— Dans le salon, Pierre lit un livre. Pierre lit un livre(,) dans le salon. Le prédicat est « lire un livre », et « dans le salon » n’en fait pas partie.
* Le complément adverbial est lié au verbe et au COD (il fait partie du prédicat), mais pas au sujet. Les virgules sont plutôt à éviter si on veut un prédicat bien cohérent :
— Pierre lit un article dans le journal. Le prédicat est « lire un article dans le journal ».
La différence entre les deux est que Pierre est dans le salon, mais que Pierre n’est pas dans le journal. Le complément « dans le journal » n’est pas une circonstance du prédicat mais un constituant du prédicat. Bien que nous n’ayons pas là un complément essentiel de verbe, nous n’avons pas non plus de complément circonstanciel de phrase.
Ce n’est pas parce qu’il est possible de retirer un complément que ce complément ne se rattache pas directement au verbe qu’il complète. Ce complément, on le met ou on le met pas, mais si on le met, c’est à cet endroit-là et sans virgule :
— Nous espérons que vous trouverez dans nos publications les outils nécessaires.
Pour ce qui est du dernier complément dans la phrase, ne mettez pas de virgule avant, le séparant de la locution verbale « avoir besoin », sous peine d’en faire un complément de phrase, déplaçable au début :
— Nous espérons que vous avez [ce dont vous avez besoin pour accompagner les élèves].
— Nous espérons que vous avez [ce dont vous avez besoin], [pour accompagner les élèves].
— [Pour accompagner les élèves], nous espérons que…
On voit qu’une virgule ferait s’appliquer le complément à la principale et non à la dernière proposition.
Merci beaucoup pour cette réponse très détaillée. Ces explications me seront souvent utiles.
A bientôt !