« Très courtoisement votre » ou « Très courtoisement vôtre »
Quelle est l’accentuation appropriée « Très courtoisement votre » ou « Très courtoisement vôtre »
Très courtoisement v.tre……
Merci
Bonjour,
Dans des phrases averbales, vôtre précédé d’un adverbe sert d’attribut au nom exprimé par la signature, dans les finales de courriers. Il s’écrit alors avec un accent circonflexe. Amicalement vôtre. Cordialement vôtre. Courtoisement vôtre. Etc.
Prince, sans vous commander, pourriez-vous phosphorer sur le sujet suivant
Pauline a posé la question plusieurs fois et j’ai foi dans vos lumières. Je sais que vous aurez plusieurs références et que l’on y verra plus clair après votre passage.
Prenez votre temps, rien ne presse.
Bonsoir à tous !
La question est donc de savoir s’il faut écrire La mousse que cela a fait ou La mousse que cela a faite. Le problème a donné lieu à de nombreuses controverses et discordances entes grammairiens, écrivains et auteurs (Corneille, Ménage, Brunot, Thérive, Wilmet, Grevisse, Goosse, Hanse…).
Les uns indiquent qu’il convient d’appliquer la règle générale de l’accord du PP conjugué avec avoir. Je rappelle que, selon ce principe, le PP s’accorde, en genre et en nombre, avec le C.O.D. si celui-ci le précède. Ex. Les Oranges que j’ai mangées.
Les autres avancent, en faveur de l’invariabilité du PP, divers arguments, dont aucun ne m’a jamais convaincu (certains sont même fantaisistes). Toutefois, je comprends que La mousse que cela a faite peut sonner mal aux oreilles de certains.
Je considère – vous l’aurez déjà compris – qu’il convient d’accorder en genre le PP, en l’espèce.
Je rappelle les raisons qui justifient ma position et vous donnent mes références.
1. Raisons :
Il existe une règle générale (cf. ci-dessus) qu’il convient d’appliquer sauf s’il y a une raison convaincante qui motive sa non-application (= la création d’une exception) ; or, une telle raison n’existe pas ; il faut donc écrire : La mousse que cela a faite (même si cela gêne quelques oreilles délicates – ce n’est pas le cas de toutes les oreilles ; lire le billet infra).
2. Références
a) Le Bon usage, déjà en 1986 (12 e éd., p. 1369, n° 907), qualifie de « manquement » [à la règle générale de l’accord du PP employé avec avoir] la phrase suivante de J. Gracq (cité par A. Maurois, dans les Nll. litt. du 24 nov. 1964) : Mais combien de serrures cela lui a OUVERT. (En capitales dans le texte.)
b) Dictionnaire des difficultés de l’éminent grammairien J. Hanse : « L’impression que cela m’a faite peut paraître étrange, mais l’accord s’impose aussi bien que dans L’impression que ce jeune homme vous a faite. »
c) Et pour couronner le tout (mais ne pas l’épuiser) : site de l’Académie française, rubrique « Dire, Ne pas dire », nov. 2017 :
« On fut à deux doigts de créer contre ce pauvre cela une loi d’exception, de rétablir les proscriptions. Ne lit-on pas, en effet, dans la Grammaire des grammaires ou Analyse raisonnée des meilleurs traités sur la grammaire française, que Charles Pierre Girault-Duvivier fit paraître en 1811, cette abomination : « Les anciens grammairiens avaient cherché à établir une exception bien singulière : ils voulaient que le participe passé, employé dans les temps composés d’un verbe actif, quoique précédé de son régime direct, ne s’accordât pas avec ce régime, lorsque le sujet était énoncé par le démonstratif cela, et ils étaient d’avis d’écrire : Les soins que cela a exigé, les peines que cela a donné au lieu de Les soins que cela a exigés, les peines que cela a données.
Était-il possible d’imaginer plus scandaleuse injustice ? Cette proposition ne fut pas adoptée, mais le mal était fait. Si le pauvre pronom cela ne fut pas exclu des règles d’accord, […]
Il est intéressant de noter que le billet « Aussi curieux que cela puisse paraître » de l’excellent blogue de notre ami Marc R. va en ce sens. Il conclut en effet :
« Ce qu’il conviendrait de dire
Les violences que cela a engendrées (selon l’Académie). »
Ajout : Existe-t-il un « ça » impersonnel en français ? Article paru dans la revue L’information médicale.
La réponse de l’auteur (F. Corblin) est catégoriquement négative.
Corblin, Francis
11 contributions de 1985 à 1998
Ajout du 4 juillet
Existe-t-il un « ça » impersonnel en français ? Art. paru dans la revue « L’information grammaticale ».
La réponse de l’auteur (F. Corblin) est négative.
Corblin, Francis
11 contributions de 1985 à 1998
Prince et Grand maître sont des qualificatifs qui vous sont parfaitement appropriés.
Jamais précédemment je n’étais parvenu à obtenir une réponse pareillement maîtrisée.
Très sincèrement vôtre
Merci USSEGLIO. 🙂