tournure étrange
Bonjour,
j’ai trouvé cette phrase notamment son début que je ne connaissais pas et je ne comprends pas cette construction. Pourriez-vous m’éclairer un peu s’il vous plaît ? Cela me semble très bizarre.
« Et vous lui fait un beau sermon Pour l’exhorter à patience »
En vous remerciant par avance.
Silver
Toute la fable comporte des tours du XVIIe siècle.
Le Renard sort du puits, laisse son compagnon,
Et vous lui fait un beau sermon
Pour l’exhorter à patience.
il lui fait un beau sermon : ceci est contemporain.
Le pronom personnel « vous » intercalé avant lui est assez courant dans ce type de discours pour s’adresser directement au lecteur (que l’on vouvoie) et faire comme s’il assistait à la scène (plus vivant).
Aujourd’hui, à l’oral, on dirait » X. m’a énervée, je vous l’ai remis à sa place ». Ce n’est pas d’un grand chic mais bon…
Joëlle, je n’ai pas pensé à remonter si loin en arrière ! E t ce genre de tournures s’emploie encore, mais c’est populaire. Bravo !
Bonne nuit!
C’est un datif éthique (ou d’intérêt). Cette forme est directement héritée du latin classique mais s’est mystérieusement retrouvée classée comme familière par notre chère Académie… On en trouve pourtant maints exemples chez de bons écrivains.
On en trouve aussi de nombreux ex. dans mon Midi natal, mais ceux-ci n’appartiennent pas au français régulier :
*Je me suis perdu mon portefeuille. *Mon chat m’est mort. Etc.
Bonjour,
Goûtez-moi ce vin là !
Dans cette phrase le pronom personnel moi n’a pas de fonction. C’est un mot explétif.
Dans la langue familière on emploie d’une manière explétive le pronom de la première personne ou de la deuxième personne, pour exprimer l’intérêt que le locuteur prend à l’action ou pour solliciter l’interlocuteur de s’intéresser à l’action ( c’est le dativus ethicus de la grammaire latine)
On trouve dans la littérature de nombreux exemples de ce type d’emploi.
Et elle vous lui détacha un coup de sabot si terrible, si terrible, que de Pampérigouste même on en vit la fumée. A. Daudet ─ les Lettres de mon moulin.
Allez-moi mettre votre blouse. Courteline ─ les gaietés de l’escadron.
Le pronom explétif double parfois un pronom de la même personne( mais d’un autre nombre)
Vous en avez trop et de tous les côtés ? Je te vous les prends, je te vous les centralise chacun à leur place. Collette ─ Voyage égoïste.
On a parfois deux pronoms explétifs
Avez-vous vu comme je te vous lui ai craché à la figure ? V. Hugo ─ Les Misérables.
Et des postillons qui te vous ouvraient des portières… Daninos ─ Snobissimo.
Conclusion:
Si les pronoms explétifs ou d’intérêt n’ont pas de fonction syntaxique dans la phrase, ils ont de toute évidence un rôle énonciatif. Ils révèlent subjectivement la présence engagée du locuteur dans son discours.
Bonsoir Silver.
Je pense qu’il convient de lire : Et vous lui faites un beau sermon pour l’exhorter à la patience.
Sinon, je ne sais pas.
