Tournure de phrase problématique
Bonjour à tous !
Récemment, je suis tombée sur cette phrase dont la tournure m’a perturbée :
« Je lui tends le bâton qui peut lui permettre de s’y accrocher. » (L’auteur parle d’une fourmi se noyant dans une flaque.)
Instinctivement, j’aurais retiré le « y », mais je ne parviens pas à savoir pourquoi. Êtes-vous du même avis ? Et avez-vous une idée de la raison pour laquelle cette phrase me paraît si gênante ?
Merci d’avance et belle soirée à vous ! 🙂
Je lui tends le bâton qui peut lui permettre de s’y accrocher.
Je dirais que cette phrase est « mal partie » dès le début :
Ce n’est pas le bâton qui peut permettre quoi que ce soit, mais bien « je ». Le bâton ne devrait pas être repris par un pronom sujet (qui); c’est un instrument sur lequel on permet à la fourmi de s’accrocher.
Ainsi, se fourvoyant, on va chercher un pronom supplémentaire et qui soit complément de lieu pour reprendre « bâton », déjà repris par « qui » pronom sujet (!).
Il faut donc écrire :
Je lui tends le bâton pour lui permettre de s’y accrocher.
Ou encore :
Je lui tends un bâton où elle pourra s’accrocher.
Dans la phrase qui vous gêne » bâton » est repris dans la même proposition par « qui », pronom relatif sujet, et par « y » pronom complément circonstanciel de lieu.
On a donc une incohérence (pas un pléonasme).
Trop forte, Tara !
Oh.. Prince!…
Je suis d’accord avec vous à 100%. Pour utiliser le pronom, il faut éviter les équivoques.
Or s’accrocher à la vie est une formulation au sens figuré.
Il y a dans la première phrase le pronom relatif « qui » désignant le bâton.
La soignante lui donne le goût à la vie et l’aide à s’y accrocher.
Ici on n’a pas de confusions ni de reprises incohérentes de « goût à la vie » que seul reprend un pronom complément « y ».
Vous avez saisi globalement le problème, Laureline : les propositions sont coordonnées, et on n’a pas de « rivalité » entre les pronoms (le « qui » sujet et le « Y » complément)contrairement au premier exemple.
Bonjour,
Je vous propose d’écrire simplement:
Je lui tends le bâton auquel elle s’accrochera.
Ou écrire en parodiant Jean de La Fontaine :
Je lui tends un bâton qui lui servira de promontoire.
Bien que le pronom relatif « qui » reprenne le mot bâton, la phrase est grammaticalement correcte.
Vous avez raison, il y une redondance, voire un pléonasme grammatical : le bâton / y .
Y est un pronom qui « reprend » le bâton. Or dans la même phrase, on n’en a pas besoin.
1) Nous aimons ce restaurant. On s’y retrouve chaque mois. JUSTE
2) Le restaurant où l’on s’y retrouve chaque mois. FAUX (le restaurant où l’on se retrouve chaque mois).
Bonjour Joelle,
Je vous remercie pour votre réponse ! Ce que j’ai oublié d’ajouter est que, plus loin dans le roman, on retrouve la phrase suivante :
« La soignante lui donne le goût à la vie et l’aide à s’y accrocher. »
La tournure est semblable à l’exemple précédent, mais ici, pour moi, il n’y a pas de redondance. Ce que je n’arrive pas à déterminer, c’est la raison grammaticale pour laquelle ça fonctionne ou pas. « Je lui tends le bâton et je lui permets de s’y accrocher », c’est correct, vous ne trouvez pas ?
Je réfléchis en vous écrivant : ne serait-ce pas parce que dans ce cas-ci, les propositions sont coordonnées, contrairement au premier exemple où la deuxième proposition est subordonnée ?
Bonsoir Tara,
Un grand merci pour votre réponse aussi complète qu’efficace !
Je n’avais même pas pensé au fait qu’un objet ne puisse effectivement pas permettre quoi que ce soit, cette formulation ayant sans doute ajouté au côté bancal de cette phrase. Pourtant, je suis sûre que cette faute se retrouve partout…
Merci à tous pour vos retours et vos conseils, votre page est une vraie mine d’or ! 🙂
Pensez-vous toujours qu’on ne puisse pas écrire :
• J’irai vous voir dès que mes affaires me le permettront.
• Ma santé ne me permet pas de sortir.
• Nous partirons ce soir, si le temps le permet.
Et êtes-vous sûre que cette faute(sic) se retrouve partout ?
Je suis d’accord avec vous et je renvoie les lecteurs à ma réponse, sur ce point.
J’interviens par une nouvelle réponse à propos du point de vocabulaire soulevé par TARA, car d’après le CNRTL, il n’y a pas d’incorrection à employer « permettre » avec un sujet qui est une réalité concrète ou abstraite. Autrement dit, il n’y a pas que les personnes qui peuvent permettre. Le verbe a certes le sens d’autoriser et bien sûr, ce sens ne concerne que les personnes. Mais il a aussi le sens de rendre possible. Et ce dictionnaire de donner tous les exemples courants : « quand le temps le permet… »; mon salaire ne me permet pas de…. » ; « une ouverture permet d’apercevoir… ». Ces emplois (à lire dès le § 2 de la définition) ne sont ni exorbitants ni folkloriques.
Oui oui Joëlle, bien sûr et merci de le préciser. J’ai en effet dit de façon erronée le contraire.
Ce qui m’a fait dire cette bêtise, c’est que, dans cette phrase, que je rappelle ici :
Je lui tends le bâton qui peut lui permettre de s’y accrocher
on a concurrence entre une personne et un objet et incohérence des fonctions des pronoms reprenant l’objet; du coup cela complique encore les choses.
Mais si on veut garder le lien entre le bâton et le verbe » permettre » :
Je lui tends le bâton qui lui peut lui permettre de s’en sortir. (on comprend aisément comment)
Ce que j’aime lire vos débats ! 🙂
Merci à tous une fois de plus pour vos explications et analyses approfondies. J’en prends bien note 🙂