Tiret ou pas ?
Bonjour,
Pour mon travail (articles scientifiques), je suis fréquemment amenée à utiliser des mots composés, qui n’existent pas vraiment mais sont formés pour l’occasion. Par exemple : analyse hématobiochimique, douleur cervicothoracique, bilan anamnesticoclinique, jetage mucopurulent… Faut-il attacher les mots (mucopurulent) ou mettre un tiret (muco-purulent) ?
Merci.
Vous soulevez un sujet intéressant.
Il est évident que le langage scientifique a sa spécificité.
Je trouve intéressant ce citer cet extrait de « Langue française » – les vocabulaires techniques et scientifiques – La spécificité du terme scientifique et technique :
Le vocabulaire scientifico- technique se caractérise par la prédominance de deux formes de composition : la composition dite savante et la composition syntagmatique.
La première a recours au modèle gréco-latin où se combinent, selon le modèle syntaxique du grec, l’élément déterminant précédant l’élément déterminé, des éléments de base empruntés soit au grec, soit au latin, soit au français. Tout processus de création naturelle ou industrielle par combinaison, adjonction, se traduit avec une grande aisance par cette formation syntaxique, notamment dans le domaine de la chimie et de la pharmacie. Ainsi la combinaison d’une protéine et d’une nucléine s’exprime par le composé nucléo-protéine et la combinaison de ce produit complexe avec un lipide est désignée par l’adjectif lipo-nucléoprotéique.
[…]de très nombreuses entrées sont constituées par des unités lexicales complexes formées de segments plus ou moins développés de phrases selon un processus que nous avons appelé dérivation syntagmatique . On ne soulignera ici que la parfaite adaptation de ce mode de création lexicale au processus de formation de nouveaux vocabulaires par transpositions d’éléments lexicaux empruntés à des sciences ou à des techniques au prix d’une adaptation au nouveau domaine grâce à un déterminant sous la forme d’un adjectif ou d’un complément (de ou à + nom). Le procédé permet en outre d’énumérer dans une même unité complexe toutes les caractéristiques techniques d’un objet fabriqué ou d’une machine.
L’unité lexicale ainsi réalisée se situe à mi-chemin de la définition métalinguistique et du segment de phrase de discours.
(C’est moi qui ai souligné ou graissé)
C’est la raison pour laquelle je serais favorable à l’utilisation de traits d’union qui permettent, me semble-t-il, une plus grande lisibilité et rappelle cette caractéristique du mot ainsi créé, d’être un segment de phrase. D’autant que les mots que vous créez, ne sont pas, c’est l’évidence, encore lexicalisés.
analyse hémato-biochimique, douleur cervico-thoracique, bilan anamnestico-clinique, jetage muco-purulent
J’attire votre attention sur le fait que dans ces cas il s’agit de traits d’union (touche du 6 sur votre clavier), et non pas de tirets (touche du 8).
À mon sens le trait d’union ne s’impose pas dans les cas que vous décrivez.
Merci Tara pour la qualité de votre réponse. Ce qui me gêne, c’est que, lorsque les mots sont lexicalisés, ils sont écrits tantôt avec tantôt sans trait d’union : mon Larousse connaît par exemple « orophrarynx », « hépatopancréas », mais « méningo-encéphalite ».
Merci Tara pour la qualité de votre réponse. Ce qui me gêne, c’est que, lorsque les mots sont lexicalisés, ils sont écrits tantôt avec tantôt sans trait d’union : mon Larousse connaît par exemple « orophrarynx », « hépatopancréas », mais « méningo-encéphalite ».
Oui : la dernière réforme de ‘orthographe (1990) préconise la soudure dans un maximum de cas. C’est pour cela que vous rencontrez les deux orthographes.