te plaît ou te plaise ?
Bonjour,
Je dois écrire un mail important et je me retrouve face à ce questionnement terrible :
Dois je écrire :
« J’espère que le tournage se déroule bien et qu’il prend une tournure qui te plaît »
ou
« J’espère que le tournage se déroule bien et qu’il prend une tournure qui te plaise »
Merci beaucoup pour votre aide et longue vie à ce forum ! 🙂
Aurélie
Bonsoir Dewelis
Avant d’envoyer le commentaire à Tara, il se trouve que j’ai également consulté mon vieux Grévisse (10eme édition – 1975 – paragraphe 999 – page 1129) que je cite ici mot pour mot :
« on trouve le subjonctif après espérer ou se flatter que pris affirmativement ; ces verbes se charge d’une affectivité qui les fait tomber dans la même orbite syntaxique qu‘attendre.»
Ceci écrit, cela ne ne concerne en rien la question posée qui ne porte pas sur la relative, qui est conjuguée à l’indicatif dans les deux termes de l’alternative proposée par l’auteur:
« J’espère que le tournage prend une tournure »
C »est ce mode qui commande le mode de la subordonnée complément du nom. « …qui te plait. »
Généralement, le mode utilisé dans les propositions subordonnées relatives est l’indicatif. Il est possible, cependant, de trouver aussi les modes conditionnel, infinitif et subjonctif.
L’emploi du mode subjonctif introduit des nuances de sens comme l’intention, l’incertitude, l’appréciation subjective..
Voyez cet article très complet à ce sujet : ebWXA0uXap1K1ilsRcV93A3PqRI.pdf
Dans votre phrase les deux modes sont donc possibles. L’emploi du subjonctif insiste davantage sur le souhait.
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J’ajoute ceci après avoir lu le message en commentaire de Ouatitm : en lisant attentivement l’article ci-dessus on trouve bien :
exprime l’hypothèse, le souhait, la recherche, la crainte.
Exemple 1 : Je cherche un remède qui te guérisse efficacement.
Exemple 2 : Je souhaite un métier qui me plaise.
Exemple 3 : Je crains qu’il soit le seul qui puisse encore nous aider
Bonsoir Tara,
selon le pdf que vous avez mis en lien :
L’emploi du mode subjonctif introduit des nuances de sens comme l’intention, l’incertitude, l’appréciation subjective… Il est utilisé dans les
propositions relatives qui complètent une proposition principale négative, interrogative ou qui est elle-même au mode subjonctif, ainsi que lorsque la
proposition relative dépend d’un adjectif au superlatif.
La principale n’est ni négative, ni interrogative, ni au subjonctif, sans superlatif.
Et bien qu’espérer soit un verbe volitif, il est l’exception parmi ceux-ci qui appelle l’indicatif.
Le subjonctif est incorrect.
Bonjour, Ouatitm ,
Lisez plus attentivement et plus avant dans l’article :
exprime l’hypothèse, le souhait, la recherche, la crainte.
Exemple 1 : Je cherche un remède qui te guérisse efficacement.
Exemple 2 : Je souhaite un métier qui me plaise.
Exemple 3 : Je crains qu’il soit le seul qui puisse encore nous aider
Petite remarque : le point enlevé me paraît une sanction (terrible !) et(horriblement) injuste … voici pourquoi je n’enlève jamais de points à mes petits camarades. Chacun eut se tromper n’est-ce pas. Ceci dit, sans rancune. Mais c’est ici un mauvais signal pour les lecteurs qui alors sont induits en erreur.
Bonjour Tara,
le -1 n’est pas de moi. 😉
Vos 3 exemples sont corrects, mais nous parlons du verbe espérer , exception (que certes rien ne justifie) parmi les volitifs.
Je veux + sub
Je souhaite + sub. ( c’est d’ailleurs le verbe que j’avais choisi pour mon exemple au subjonctif )
je crains + sub
j’espère + ind
Bonjour,
Sur ce même forum, ici, le développement de Czardas : « Du point de vue de Grevisse (1990:244), espérer entraîne l’indicatif, quand le fait est considéré dans sa réalité. On emploie le subjonctif quand il est accompagné d’une négation, d’une interrogation ou d’une proposition conditionnelle qui peuvent inverser le rapport réel / irréel. Cependant, même dans ces cas, l’indicatif est possible si l’on veut marquer la réalité du fait.
Dans Le Bon Usage, on trouve le subjonctif après espérer dans une phrase à l’impératif (pris affirmativement ou négativement) et dans une phrase affirmative [c’est moi qui souligne] lorsque le prédicat se charge «d’une affectivité qui le [espérer] fait tomber dans la même orbite syntaxique que souhaiter. »
Il semble donc que le subjonctif ne soit pas à proscrire si, comme le souligne Tara, on veut insister davantage sur le souhait.
Il me semble que en ce cas le verbe espérer exprime justement un souhait quand la relative est au subjonctif. Il est plus affirmatif avec le mode indicatif.
– Le verbe « espérer » est du reste objet de bien des controverses. Cela vient du fait que son sens a glissé (affaiblissement) de « « considérer comme devant se réaliser » à « Formuler un souhait ». C’est pourquoi on remarque des « en principe », généralement », « normalement »… devant le mode à choisir après ce verbe (notamment Grevisse).
Le verbe « espérer » est employé de nos jours avec deux notions distinctes l’attente (+ indicatif) et la visée (subjonctif). Un indice de ce nouvel emploi (la visée) est l’utilisation de l’adverbe « bien » pour indiquer au contraire la notion d’attente : j’espère bien qu’il viendra
– d’autre part, et c’est ici le plus important, la relative ne dépend pas du verbe mais du nom :
Nous avons besoin d’un appartement où nous puissions passer quelques jours.
J’attends une personne qui puisse m’aider
Je choisis un appareil qui puisse s’adapter
—
on emploie le subjonctif :
• lorsque l’antécédent du pronom relatif représente quelque chose (être, objet, etc.)
d’indéterminé, qui n’existe pas ou qu’on envisage simplement dans la pensée (CCDMD)
Ce qui me semble être le cas ici.
J’espère que le tournage se déroule bien et qu’il prend une tournure qui te plaît.
Il faut le présent de l’indicatif tout le temps.
Bonjour,
En règle générale la subordonnée à un élément faisant lui-même partie d’une relative est conjuguée selon le même mode.
« J’espère que le tournage (se déroule bien et qu’il) prend une tournure qui te plaît »
Un exemple avec subjonctif/subjonctif.
« Je souhaite que le tournage (se déroule bien et qu’il ) prenne une tournure qui te plaise »
Merci beaucoup pour vos réponses et vos explications/exemples fort utiles
Bonsoir Dewelis
J’ai également consulté mon vieux Grévisse – le Bon usage (10e Édition – paragraphe 999 – page 1129 ) avant de commenter Tara ci-dessus ; Le Bon usage que je reprends maintenant pour le citer mot pour mot :
« on trouve le subjonctif après espérer que ou se flatter que pris affirmativement ; ces verbes se chargent alors d’une affectivité qui le fait tomber dans la même orbite syntaxique que attendre. »
Attendre a un signification différente de souhaiter, me semble-t-il.
Comme toujours, accorder selon le sens oui, encore faut-il que ce sens existe dans la phrase questionnée.
Ceci écrit, cela ne ne concerne en rien la question posée qui ne porte pas sur la relative, qui est conjuguée à l’indicatif dans les deux termes de l’alternative proposée par l’auteur:
« J’espère que le tournage prend une tournure »
C »est ce mode qui commande le mode de la subordonnée complément du nom. « …qui te plait.«
Bonsoir Ouatitm,
Tout d’abord, je tiens à préciser que je ne cherche pas le conflit. Dans le fond nous sommes d’accord :
– la tournure « J’espère que le tournage se déroule (indicatif) bien et qu’il prend (indicatif) une tournure qui te plaise (subjonctif) », est fautive. La réponse à la question d’origine est claire : entre « qu’il prend une tournure qui te plait« , et « qu’il prend une tournure qui te plaise », c’est indéniablement la première proposition qui est la bonne.
– Le « débat » a ensuite tourné sur l’emploi du subjonctif, après « j’espère que ». Dans le mail d’Aurélie, qui n’a pas vocation à être littéraire ou emphatique, je serais la première à préconiser l’indicatif.
C’est après que ça se corse. Quand vous dites que « Attendre a un signification différente de souhaiter », vous avez raison. Mais vous semblez exclure le sens de « souhaiter » au verbe « espérer », et désigner le subjonctif comme forcément fautif dans ce sens là : c’est sur cela que je tique.
Dans les formes plus littéraires, « j’espère que » peut avoir le sens de « je souhaite que », « j’ai l’espérance que », avec une puissance affective très forte et sous-entendue (je souhaite ardemment, j’ai l’espérance intense). Un des exemples donné par le Grevisse 2007, que j’ai honteusement téléchargé pour l’occasion (je soulagerai ma conscience plus tard) : « Le docteur répondit[ … ) qu’il fallait espérer seulement que sa femme GUÉRîT (CAMUS, Peste, p. 96) ».
Pour moi, Tara a raison et tort(*) à la fois : espérer peut avoir le sens de souhaiter, mais il faut que le souhait (l’espoir) ait une intensité affective très forte pour autoriser le subjonctif.
Le mail qui nous occupe, tourné au subjonctif, serait pédant, lèche-bottes, désespéré, oui. Mais fautif ou incorrect, non.
J’espère néanmoins que vous ayez le mot de la fin ! 🙂 🙂 😉
(*) Je précise que je ne suis pas non plus l’auteur d’un des 2 votes négatifs, je les trouve immérités. J’en ai annulé un par un vote positif. Si une bonne âme pouvait annuler le 2ème, la discussion pourrait retrouver je crois sa chronologie initiale.
C’est la première de vos deux phrases qui est syntaxiquement correcte. Après « le tournage prend une tournure qui… », il faut l’indicatif. Le début de la phrase n’importe pas.