Subordonnées
Bonjour,
Une phrase commençant par la conjonction « et » peut-elle être la principale ? Comme dans « J’aime la pluie. Et il avait beaucoup plu ces jours-ci, comme je pouvais le voir chaque fois que je levais les yeux vers le ciel. » Dans cette phrase, il y a déjà deux subordonnées, si je ne fais pas d’erreur, commençant pas « comme » et « chaque fois que »; mais celle qui commence par « et » est-elle la principale ou s’agit-il de « j’aime la pluie » ?
Une phrase peut en effet commencer par une conjonction de coordination, et si on dit parfois le contraire à l’école, c’est dans une première phase d’apprentissage.
Voici par exemple ce qu’écrit Flaubert :
Leurs intérêts, leur existence se trouvait attaquée par les Barbares. Mais on ne pouvait les vaincre sans le secours du Suffète ; et cette considération, malgré leur orgueil, leur fit oublier toutes les autres.
Balzac :
Le mari veut quelquefois réserver sa fortune à l’enfant qui a mérité la haine de la mère. Et c’est alors des combats, des craintes, des actes, des contre-lettres, des ventes simulées, des fidéicommis; enfin, un gâchis pitoyable.
Stendhal :
Elle se faisait une image parfaitement ennuyeuse de la vie qu’elle allait reprendre à Paris. Et cependant à Hyères elle regrettait Paris.
La question qu’il faut se poser n’est pas si l’on peut commencer une phrase par une conjonction de coordination, mais si la ponctuation reflète bien l’intention et si on ne ne gagnerait pas à ne formuler qu’ une seule phrase plutôt qu’en deux.
Il n’y a pas de règle interdisant d’utiliser les conjonctions de coordination en début de phrase, puisque même de grands auteurs ne se privent pas de le faire. C’est la logique et la clarté de l’expression qui doivent guider le rédacteur.
La conjonction de coordination en début de phrase peut avoir un rôle de mise en relief du sens qu’elle porte. Choisir de coordonner deux phrases plutôt que d’en faire une seule est une question de rythme, de clarté… parfois d’éviter une phrase trop longue.
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Rien n’empêche une proposition commençant par une conjonction de coordination d’être principale.
Mieux : dans une même phrase, la même proposition peut être subordonnée à une autre et avoir elle-même une subordonnée :
Je sortis sans parapluie parce que je l’avais oublié chez mon amie quand j’étais allé lui rendre visite.
Et je sortis sans parapluie : proposition principale
parce que je l’avais oublié chez mon amie : proposition subordonnée conjonctive complément circonstanciel de cause du verbe de la principale « sortir »
quand j’étais allé lui rendre visite : proposition subordonnée conjonctive complément circonstanciel de temps du verbe de la précédente « oublier »
>> c’est la phrase toute entière qui est coordonnée par « et » à la phrase qui précède.
C’est la ponctuation défaillante qui crée la confusion : le point après « pluie » n’a pas de justification. Le et en début de phrase en devient maladroit car il ne relie pas des éléments compatibles. C’est une question de style mais la clarté peut en souffrir.
La phrase pourrait s’écrire : « J’aime la pluie et il avait beaucoup plu ces jours-ci, comme je pouvais le voir chaque fois que je levais les yeux vers le ciel. » On attend impatiemment la phrase suivante car la coordination n’est pas flagrante…
Merci pour vos réponses. La ponctuation pose effectivement problème, mais ce genre de phrase est courante et dans le cas de la concordance des temps, de nature à créer la confusion (en tout cas pour moi). Si la phrase est écrite telle quelle, comment faire ? Je trouve vraiment étrange que « Et il avait beaucoup plu ces jours-ci » puisse être la principale, mais c’est bien comme cela que je dois la considérer pour accorder les temps, non ?
De même si j’écris : « Ils le disent distant. C’est faux. Ceux qui osent le dire sont ridicules. » Chaque phrase se suffit à elle-même mais si je voulais chercher une concordance de temps globale, je devrais lier la phrase « ceux qui osent… » avec « Ils le disent distant » non? J’avoue que la concordance des temps et les subordonnées sont loin d’être mon fort, donc une explication détaillée me serait utile, si possible.
Merci beaucoup
Où est le problème de concordance des temps ?
Il n’y en a pas. Mais alors quelle est votre conclusion ?
Bonjour,
Merci encore une fois ! Je suis rassurée sur le fait qu’une principale puisse commencer par une conjonction de coordination. Chambaron demandait où est le problème de la concordance des temps. Il n’y en avait pas dans les phrases elles-mêmes, je les ai juste citées pour essayer de faire comprendre mon problème principal dans cette histoire de subordonnées : il m’arrivait de ne pas être sûre de savoir sur quelle phrase je devais me baser pour la concordance dans le cas où il y avait un point final, mais que la phrase suivante débutait par quelque chose qui la rattachait à la précédente. Mais vos explications à tous m’ont aidée à dissiper un peu la confusion. Bonne journée à tous !
La proposition principale est une proposition qui ne dépend d’aucune autre et dont dépend au moins une proposition subordonnée.
Exemple : Dans la phrase » Je ne sais pas pourquoi elle rit. « , » Je ne sais pas « est la proposition principale.
OUI.