Subordination implicite
Bonjour.
Je voudrais savoir si l’on analyse les propositions indépendantes juxtaposées qui véhiculent une sens de subordination implicite comme des proposition subordonnées.
Exemple : Pleut-il une goutte, il reste au lit.
Amitiés
Bonjour,
La dépendance s’entend d’un point de vue syntaxique et non sémantique. Dans l’exemple donné, on a donc bien deux phrases (syntaxiquement) indépendantes, juxtaposées, on les analyse donc comme telles et non comme des propositions subordonnées.
Cependant, il est exact que la première est sémantiquement subordonnée à la deuxième : on peut alors en effet mentionner une subordination implicite / sémantique.
joelle et moi avons répondu quasi simultanément, nos réponses ne concordent pas. Je vais essayer de trouver une source pour étayer ma réponse.
Elles ne concordent pas vraiment en effet. Pourtant, vous admettez que du point de vue du sens, il n’y a pas d’utilisation possible de la phrase en indépendante. En outre, le tour relève bien de la condition.
dépendance sémantique : subordination implicite.
Mais je pratique parfois une grammaire instinctive et non savante, donc je peux me tromper.
C’est précisément le cœur de la question : savoir si l’analyse se place sur le plan syntaxique ou sur le plan sémantique.
On sait bien que ces deux plans ne correspondent pas toujours : classiquement, le sujet syntaxique n’est pas toujours un sujet sémantique (sujet réel vs sujet apparent // agent vs patient (ou tout autre rôle sémantique), loin s’en faut et ce dans des énoncés très banals :
Marie aime Pierre, où Marie ne fait pas l’action d’aimer Pierre, Marie est bien sujet syntaxique (donneur d’accord du verbe), mais n’est pas sujet sémantique (dans cette phrase, il n’y a pas de sujet sémantique, d’ailleurs).
La souris est mangée par le chat, souris = sujet syntaxique ; chat = sujet sémantique.
Pour répondre à Mendiantcravaté : étant donné le statut hybride de la phrase qu’il nous propose, évidemment les réponses des linguistes ne sont pas convergentes, tout dépend donc dans quel cadre il se place. S’il s’agit d’un exercice scolaire, je pense qu’il faut s’en tenir à une analyse syntaxique* >>> indépendantes, juxtaposées, éventuellement préciser qu’on est en présence d’une parataxe. S’il s’agit d’un exercice universitaire, ou de simple curiosité, eh bien je pense qu’il dispose de tous les éléments (au moins de façon succincte) >>> deux plans d’analyses, deux réponses et l’introduction de cette notion de subordination implicite / sémantique.
* Cependant, je n’ai pas trouvé d’ouvrages scolaires où cette question est abordée, ils existent assurément, mais je n’ai pas beaucoup cherché + uniquement sur le Net.
Bonjour
Merci pour vos réponses.
En effet Phil, j’ai trouvé cette construction dans un livre de grammaire destiné aux étudiants préparant le concours du CAPES et de l’agrégation de lettres modernes. Je voulais donc savoir, au cas où je suis confronté à de telles phrases, si je dois élaborer une analyse syntaxique ou bien sémantique ou bien les deux.
Je vous en prie.
Je ne fais pas partie de l’Education Nationale, je suis donc incapable de vous répondre de façon pertinente. Comme il n’existe pas une réponse univoque (puisque comme je l’ai dit et comme cela apparait dans l’article donné par Tara, les analyses divergent selon les linguistes / grammairiens ; ce qui n’a rien d’étonnant étant donné le caractère hybride de ce type d’énoncés), il faut voir comment l’ouvrage présente / classe ces structures : plutôt comme des juxtaposées ou plutôt comme des subordonnées ?
Si lors d’un examen vous êtes confronté à une question sur ce genre de structures, s’il s’agit d’un QCM (où seule une réponse est possible) il faudrait savoir de façon certaine quelle est la position retenue par l’Education Nationale ; s’il s’agit d’une question ouverte, c’est moins « casse-gueule », dans la mesure où il sera possible d’indiquer la complexité de ce type d’énoncés et d’évoquer les deux plans d’analyses.
Le terme « subordonné » rappelle le fait que l’une des propositions est dépendante de l’autre.
Pleut-il une goutte : cette phrase – sans point d’interrogation – ne signifie rien toute seule, elle exprime clairement une hypothèse et elle en a le sens. Elle n’est pas indépendante selon moi.
Je complète ma réponse à la suite des remarques de Phil-en-trope :
Le tour serait plutôt : Qu’il pleuve une goutte, il reste au lit.
Spontanément, je me serais rangée à l’avis de Joëlle.
Voici un article qui m’a intéressée :
À peine avaient-ils introduit une inversion dans leur
énoncé que la subordination s’imposa
subordination inverse et inversion subordonnante
subordination inverse et invers – Cairn http://www.cairn.info › load_pdf
J’avoue ne pas avoir lu l’article (plus tard, peut-être), seulement le premier paragraphe, qui illustre ce que je disais précédemment sur la non convergence des analyses des linguistes : juxtaposition pour les uns, subordination pour les autres.