Subjonctif imparfait
Bonjour,
Je rencontre un problème quant à la phrase :
« Il en vint à la conclusion que la meilleure solution fût de se confier à son amie. »
Je ne suis pas sûr que l’emploi du subjonctif imparfait soit correct (qui aurait ici la valeur d’un conditionnel présent du passé, mais je crains que ce ne soit incorrect. Aussi devrais-je peut-être employer le conditionnel présent ?)
Je pourrais employer l’imparfait, mais je souhaiterais montrer qu’un doute subsiste dans l’esprit du personnage (et je préfère apprendre plutôt que reformuler ma phrase et contourner ma difficulté).
Merci d’avance pour votre temps
Il pensa finalement que la meilleure solution fût de se confier à son amie.
Le subjonctif ne convient pas. La meilleure façon d’écrire est d’utiser l’imparfait de l’indicatif :
« Il en vint à la conclusion que la meilleure solution était de se confier à son amie. »
« Il en vint à la conclusion » : il n’ y a plus de doute.
Merci pour ta réponse, jean bordes.
C’est ce que je pensais, néanmoins, ne peut-on jamais conclure sans qu’un doute subsiste ? Ce qui est pourtant l’essence même de la vie : faire des choix sans jamais être persuadé qu’ils soient les bons, et en craindre les conséquences.
Je ne suis pas sûr d’être clair, et comme l’écriture répond à ses propres règles, je comprends qu’il soit difficile de transposer cela à l’écrit.
Merci pour vos réponses expliquées avec virtuosité !
Pour jean bordes, ma question est :
« Il pensa finalement que la meilleure solution fût de se confier à son amie. »
L’imparfait du subjonctif est-il donc ici employé à valeur d’un conditionnel ? Comme l’on peut employer le plus-que-parfait du subjonctif à valeur d’un conditionnel passé (deuxième forme) ?
Cette interrogation faisait partie de ma question initiale.
Exemple plus clair :
« Il en vint à la conclusion que se confier à son amie fût une irréversible erreur. »
Le plus-que-parfait du subjonctif changerait le sens de la phrase. À moins que, je cite Luxembou : « Le conditionnel présent transposé au passé échappe à cette harmonie. Mais il n’y a pas dans “il aurait été” d’antériorité comme on pourrait le soupçonner devant un temps composé. C’est bien dans ce cas un temps de simultanéité. »
Pour Luxembou :
L’astuce de la transposition au présent devrait s’annoncer fort utile aux futurs lecteurs. Je l’utilise, mais elle ne suffit pas toujours, comme elle n’a pas suffi pour le cas du conditionnel présent transposé au passé.
Quant à employer le conditionnel présent à valeur d’un futur dans le passé, ce serait exact, en effet ; mais j’y perdrais de fait l’effet recherché du doute subsistant.
Pour conclure, si le conditionnel passé peut-être employé comme temps de simultanéité, alors ma phrase, reformulée ainsi, serait-elle correcte ?
« Il en vint à la conclusion que la meilleure solution eût été de se confier à son amie. »
Ce qui signifierait que la proposition de jean bordes eût été mieux formulée ainsi ?
« Il pensa finalement que la meilleure solution eût été de se confier à son amie. »
Loin de moi l’idée de corriger jean bordes, mais je m’interroge grandement.
Le subjonctif imparfait me tourmente, et j’aimerais vraiment savoir si l’on peut l’employer à valeur d’un conditionnel présent au sein d’un texte au passé.
— Il serait idiot de le croire.
— Il fût idiot de le croire.
Bien que j’aie cru comprendre que le conditionnel passé est à choisir (il aurait été/eût été idiot de le croire), une réponse quant au subjonctif imparfait me permettrait de mettre un point final à ces interrogations (car il est encore difficile pour mon esprit de ne pas voir l’antériorité du conditionnel passé).
Merci pour vos lumières !
Seul le subjonctif plus que parfait a une valeur de conditionnel du passé. L’imparfait du subjonctif n’a pas cette valeur
Banque de dépannage linguistique :
[…] le plus-que-parfait de l’indicatif et le conditionnel passé peuvent tous deux être remplacés par le plus-que-parfait du subjonctif dans ce contexte.
Exemples :
– Si j’eusse compris ce qu’elle voulait dire, j’eusse réagi tout autrement.
– Si le film eût été plus court, il eût probablement été moins bon.
Cette interchangeabilité s’explique. Le conditionnel n’existant pas en latin, c’est le mode subjonctif qui permettait d’exprimer les faits irréels et la possibilité, le mode indicatif étant réservé au probable. Le conditionnel a introduit la notion de possibilité à l’intérieur du mode indicatif et c’est généralement ce temps qu’on emploie aujourd’hui pour exprimer la conséquence d’une condition. Dans la langue littéraire, on emploie encore parfois le subjonctif dans ce contexte; on peut alors l’employer pour exprimer la condition et la conséquence – contrairement au conditionnel, qui ne peut exprimer que la conséquence.
Puisqu’il est interchangeable avec le conditionnel passé, on a longtemps appelé conditionnel passé deuxième forme le plus-que-parfait du subjonctif dans ce contexte. La majorité des grammairiens rejettent aujourd’hui cette appellation, puisqu’elle prête inutilement à confusion.
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J’espère avoir compris votre question Fitzz.
Bonjour,
Un immense merci pour vos réponses, lesquelles n’auraient pu être mieux exprimées.
Grâce à vous, tout est enfin clair !
Je me demande à présent l’origine des expressions figées dans le temps telles que « ne fût-ce que », mais c’est un autre sujet.
— Il souhaitait visiter Pétra, ne fût-ce qu’une fois.
— Il souhaite visiter Pétra, ne fût-ce qu’une fois.
Merci encore, il est très agréable de pouvoir échanger ainsi.
On retrouve ici le sens extensif du subjonctif imparfait (j’emploie le mot extensif comme antonyme à restrictif). L’expression signifie « même si ce n’était » : il souhaitait/souhaite visiter Petra, même si ce n’était qu’une fois.