significatif que + subjonctif?
Bonjour,
La formule suivante est-elle correcte?
« Il est significatif que le professeur et ses collègues aient tous privilégié la méthode qui présente l’avantage..etc »
Ou un indicatif serait plus juste? Cela change-t-il le sens?
Merci,
Bonjour pivot86.
Le subjonctif sert à exprimer une incertitude, quelque chose qui n’est pas encore réalisé.
Ici, la subordonnée est introduite par une locution exprimant une chose avérée. Le subjonctif n’a pas sa place mais l’indicatif.
« Il est significatif que le professeur et ses collègues ont tous privilégié la méthode qui présente l’avantage..etc »
Mais il se pourrait que le professeur et ses collègues aient tous privilégié…
Bonjour,
Réponse de « l »Académie » :
« On trouve les deux modes chez les meilleurs auteurs. Le subjonctif est le plus fréquent, surtout quand la phrase est une négative ou une interrogative. »
En un mot : faites ce que bon vous semble.
Bonjour,
En effet, « il est significatif que » admet la construction avec l’un ou l’autre mode, avec une légère nuance de sens. Personnellement, je « n’entends » pas cette nuance et j’écrirais :
Il est significatif que le professeur et ses collègues aient tous privilégié…
La tournure à l’indicatif m’écorche les oreilles.
Assez curieusement c’est le subjonctif qui me choque.
Je m’appuie en effet sur le sens de » significatif » : « qui exprime clairement » selon le Robert, « qui exprime sans ambiguïté » selon Larousse. S’il n’y a pas de doute, pourquoi recourir au subjonctif ?
Vos avis contraires m’ont fait chercher une recommandation ou un avis sur le sujet et j’ai trouvé ceci dans le CNRTL, à l’entrée « significatif » : − Il est significatif que + ind., il est significatif de + inf.On ne possède aucun portrait du marquis de Sade. Il est significatif qu’on n’en possède non plus aucun de Lautréamont. Le visage de ces deux écrivains fantastiques et révolutionnaires, les plus désespérément audacieux qui furent jamais, plonge dans la nuit des âges (Éluard,Donner, 1939, p. 84).Il serait significatif d’établir un inventaire de ces cas et de marquer les variations d’une époque à l’autre(Meynaud,Groupes pression en Fr., 1958, p. 259).
Qu’en pensez-vous ?
Je reste perplexe devant l’indication et la citation d’Éluard dans le CNRTL : « qu’on ne possède » est aussi bien une forme de l’indicatif que du subjonctif ! L’autre exemple ne met pas en relief le mode.
Personnellement, je travaille plus à l’oreille pour ces sujets qu’avec des « règles » qui sont ondoyantes et parfois inapplicables. Peut-être y a-t-il une subtilité qui m’échappe…
J’avais vu bien vu cet article du C.N.R.T.L. Mais, dans l’exemple donné, « on n’en possède non plus… », le verbe peut tout aussi bien être au subjonctif !
Il n’empêche, mon oreille refuse résolument l’indicatif, même si l’emploi du subjonctif ne rentre pas dans la bonne case. L’expression « il est significatif » implique-t-elle une certitude ? Ne s’agit-il pas d’un jugement assez subjectif finalement…
À défaut d’avoir un consensus convaincant entre les différents contributeurs, j’ai testé une analyse de ce qui s’écrit dans la littérature publiée.
Via Ngram viewer, on obtient de très nombreux résultats pour cette tournure, liste que je joins ici. Sur les citations permettant de vérifier le mode utilisé, on constate une nette prédominance du subjonctif (peut-être 75 %), mais l’indicatif est bien représenté, ce qui me fait hésiter.
J’en viens donc à penser que l’indicatif est bien le mode à utiliser, mais que la similitude avec le subjonctif des verbes du 1er groupe a amené une confusion généralisée, même chez les mieux aguerris…
Je supprime en conséquence ma première réponse.
Pour moi, le subjonctif est plus adapté : deux arguments à suggérer en conformité avec Evinrude.
1) l’expression de certains sentiments et jugements induit le subjonctif : je suis contente que vous soyez là (le subjonctif n’est pas réservé à l’incertitude) ;
2) à l’oreille, je dirais : il est significatif que nous ayons privilégié (et non que nous avons).
Bonjour,
Je sais bien qu’il faut se méfier de son oreille, qui peut jouer des tours (surtout passé un certain âge) , mais n’ayant pas le temps de faire de longues comparaisons entre l’usage des modes après « il est significatif que », je vais de ce pas poser la question à l’Académie.
À la réflexion, il me semble pourtant que la tournure impersonnelle peut induire ce subjonctif… Patientons.
Merci Evinrude, cette démarche me parait en effet très judicieuse.
L’indicatif est le plus usité, mais l’emploi du subjonctif est pourtant logique.