Si + passé composé/futur antérieur

Bonjour, la phrase de dialogue suivante est-elle correcte au niveau de la concordance : « Si elle a pu augurer de ton arrivée au domaine, elle t’aura, sans l’ombre d’un doute, laissé des indices » ? Pour moi oui, car on respecte la construction temporelle « si (présent), alors (futur) »  avec un décalage. Merci d’avance !

ManonMathieu Amateur éclairé Demandé le 17 octobre 2024 dans Conjugaison

Pour vous améliorer en orthographe, testez les modules d’entraînement du Projet Voltaire :

5 réponse(s)
 

Bonjour,

votre phrase est parfaitement correcte, construite selon la forme : si +passé composé , alors + futur antérieur

« Si elle peut augurer […] ,elle te laissera …   » -> si +présent , alors + futur

Ouatitm Grand maître Répondu le 17 octobre 2024

Bonjour,

Dans un système au passé, le couple condition/conséquence s’exprime habituellement à un même temps du passé, car il n’y a plus d’incertitude ni de délai temporel entre la condition et la conséquence :
Si Jacques venait, il lui apportait des bonbons. 
Si  un animal est passé, il a laissé une trace.
L’emploi du futur antérieur après un passé composé réintroduit l’idée de supposition :
Si un animal est passé, il aura laissé une trace. (c’est hautement probable, mais encore faut-il le vérifier).

Attention à l’emploi du verbe augurer qui se construit de manière transitive avec un cod représentant quelque chose d’assez indéfini (augurer rien de bon / augurer de belles choses). Devant un complément représentant quelque chose de bien défini et concret, préférez par exemple un verbe comme prévoir, prédire  (prévoir, prédire une arrivée).

Bruno974 Grand maître Répondu le 17 octobre 2024

Vous tentez d’appliquer la règle « imparfait + conditionnel » ou « présent + futur ». Mais ça ne fonctionne pas.
On décale « s’il faisait beau je viendrais » en « s’il avait fait beau je serais venu », mais on ne décale pas « s’il fait beau je viendrai » en « s’il a fait beau je serai venu », ça n’a pas de sens.
S’agissant de faits passés, la notion d’un fait éventuel qui en entraîne un autre est d’ailleurs inutile.
Dans ces cas, on peut donner un autre sens au « si » : lorsque, à chaque fois que, puisque, bien que, en admettant que… Ces sens ne sont pas concernés par la règle, et tous les temps sont possibles : s’il est venu, il était probablement libre ; s’il est venu, il est le bienvenu ; s’il est déjà venu , il trouvera facilement…
Dans votre phrase, ce mot « si » signifie peut-être (avec une nuance d’ironie ?) « puisque tu affirmes que ».

Alors pourquoi le futur antérieur ? C’est indépendamment de la subordonnée qu’il faut étudier l’usage du futur antérieur pour traiter de faits passés.
On l’utilise en particulier pour avancer une explication à vérifier, même si les faits sont situés dans le passé :
— Il est en retard ? il se sera certainement trompé de route.
Nous voilà rassurés sur la possibilité syntaxique d’un futur antérieur, mais je trouve cependant que cet usage ne correspond pas très bien à votre phrase, et à vrai dire je peine à justifier votre futur antérieur quand un passé composé serait tellement plus évident :
— Si elle a fait cela, elle t’a sans doute laissé des indices.
On peut dire « Tu connais mon métier ? On t’aura probablement parlé de moi ».
Mais je me demande s’il est correct de dire « On t’aura parlé de moi. » pour « On t’a probablement parlé de moi. » quand il n’y a rien à expliquer.
Pour revenir à votre phrase, peut-être dans la phrase précédente y a-t-il un « Ah ? tu es déjà au courant ? » qui justifierait une suite du type « elle te l’aura laissé entendre, certainement. » où le futur antérieur est utillisé pour tenter d’expliquer que tu le saches déjà.

CParlotte Grand maître Répondu le 17 octobre 2024

Pour exprimer le rapport condition/conséquence avec la conjonction si, il existe sept combinaisons temporelles possibles et uniquement sept :

  1. Présent de l’indicatif + présent de l’indicatif

S’il vient, alors il paye.

Le rapport condition/conséquence exprime ici une vérité d’ordre général, atemporelle. Ce rapport est équivalent au si… alors… d’une démonstration logique (si les droites sont parallèles, alors elles ne se croisent pas.)

NB : le présent de la principale peut aussi exprimer le futur et la phrase est alors équivalente à 2.

  1. Présent de l’indicatif + futur simple

S’il vient, alors il paiera.

L’affirmation se présente ici comme une projection dans le futur avec une certitude ou un automatisme quant à la conséquence. Le rapport condition/conséquence est équivalent au si… alors… d’un programme informatique (si le résultat est négatif, alors il apparaîtra en rouge, sinon il restera en noir.) Le présent de la subordonnée de condition est modal, il exprime en fait un futur. On pourrait ainsi formuler la même idée en apposant deux propositions indépendantes (Il viendra, alors il paiera.)

  1. Imparfait + imparfait

S’il venait, alors il payait.

Dans ce système au passé, on se contente de constater la conséquence d’une action habituelle ou répétitive. Toute incertitude est levée et il s’agit simplement de relier une cause et une conséquence. Si peut être facilement remplacé par quand (Quand il venait, il payait.)

  1. Imparfait + conditionnel présent

S’il venait, alors il paierait.

Cette construction, bien qu’introduite par un imparfait, exprime aussi un futur, futur hypothétique avec un soulignement de l’incertitude portant sur la réalisation de la condition.  L’imparfait dans la subordonnée de condition est modal, il exprime en fait un conditionnel à venir. Ce conditionnel apparaît si on formule l’idée avec une locution plutôt qu’avec la conjonction si (Au cas où tu viendrais, tu n’aurais rien à payer.)

Lorsqu’une narration est principalement conduite au passé, l’expression hypothèse/conséquence dans le fil du récit avec la conjonction si fait obligatoirement appel à la combinaison imparfait/conditionnel présent. (Jean attendit Pierre au pied du chêne. Si ce dernier venait, il paierait.)

  1. Plus-que-parfait + conditionnel passé

S’il était venu, alors il aurait payé.

Le plus-que-parfait introduit une négativité : la condition ne s’est pas réalisée et la conséquence liée ne se réalisera donc pas, elle reste un raisonnement et non un fait.

  1. Passé composé + passé composé

S’il est venu, alors il a payé.

Dans ce système au passé, on affirme la conséquence logique d’une action ponctuelle supposée réalisée. Comme une telle conséquence est automatique, elle peut servir à prouver que la condition a été réalisée.

  1. Passé composé + futur antérieur

S’il est venu, alors il aura payé.

Dans ce système au passé, on suppose la conséquence d’une action ponctuelle supposée réalisée. Cette combinaison est souvent utilisée pour exprimer une certaine incertitude sur la conséquence (S’il est venu, alors il aura probablement payé.)

Bruno974 Grand maître Répondu le 18 octobre 2024

Pourquoi pas  : s’il avait gagné au loto, il serait riche ?

le 18 octobre 2024.

Vous avez raison
PQP + cond. présent ( conséquence présente hypothétique d’une action non réalisée)
et aussi
Présent + futur antérieur ( anticipation de la condition : la conséquence est en fait la condition réelle)

le 19 octobre 2024.

Et aussi
Passe composé + futur simple
C’était nul cette idée de restreindre à 7

le 19 octobre 2024.

Merci à tous et toutes pour ces explications très claires.

Effectivement, comme le signalent CParlotte et Bruno974, on a bien ici une explication à vérifier, l’hypothèse d’une action dont on suppose la conséquence.  C’est beaucoup plus clair, merci !

ManonMathieu Amateur éclairé Répondu le 18 octobre 2024

Pour ne plus vous poser cette question ni tant d'autres,
découvrez les modules d’entraînement en orthographe et en expression du Projet Voltaire :

Votre réponse
Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.