sens de encourir
Bonjour
Le sens de « encourir » permet-il la phrase suivante, extraite d’un couplet de chanson:
En bas vers les 9 heures de la nuit
Tu m’dis « allez, on sort »
On encourt deux, trois pas enhardis
On remonte le rebord
encourt au sens, d’oser, en bravant l’interdit dans un contexte d’enfance
La bonne formulation est :
On s’encourt qui signifie aller vers qqn ou qqc avec précipitation, ce que la suite du vers semble crédibiliser.
On encourt a une signification différente : on risque.
Effectivement je n’y avais pas pensé, c’est une piste intéressante.
Encourir quelque chose signifie normalement que ce quelque chose est une sanction que l’on risque; or dans mon texte « on encourt deux, trois pas enhardis » ce n’est pas les « pas enhardis » que l’on risque, c’est plutôt une punition suite à ces pas enhardis? Mais encourir peut avoir également le sens de risquer, auquel cas son utilisation peut être valable dans mon texte?
Encourir n’est pas vraiment synonyme de risquer, sauf si vous mettez une sanction derrière. La définition du Larousse est « S’exposer à quelque chose de fâcheux, mériter une peine : Encourir des reproches. »
Dans votre phrase, vous ne vous exposez pas à des pas enhardis, pas plus que vous ne les méritez.
Après, vous avez le droit de jouer avec les mots, mais dans ce cas précis, je crois que vous encourez l’incompréhension et la perplexité de votre auditoire 😉
Thomoios,
Personnellement, cela m’intéresserait de connaître le contexte (genre de la chanson, époque et lieu, contexte socioculturel des personnages), si vous voulez bien nous en dire plus.
Car, puisque le sens des mots que vous choisissez vous intéresse, je me demande si vous avez choisi ces tournures pour des raisons précises.
Je rejoins Dewelis, l’essentiel est de vous faire bien comprendre de vos auditeurs et lecteurs.
Aussi, je me permets certaines suggestions, si ces tournures ne reflétaient pas vraiment vos intentions :
« En bas vers les 9 heures de la nuit «
En principe, on dit plutôt « vers les neuf heures » ou bien « vers neuf heures du soir«
« On encourt deux, trois pas enhardis«
Théoriquement ce ne sont pas les pas qui sont enhardis, ce sont les personnages.
« Deux-trois » s’écrit plutôt avec un trait d’union, sinon la virgule peut marquer une hésitation, sous-entendre « puis » :
« On risque deux, (puis) trois pas«
Mais en imaginant que ce sont les pas qui sont enhardis, alors ça ne colle pas avec l’hésitation au bout de deux pas.
Ou bien, si vous souhaitez exprimer l’hésitation des enfants dans un premier temps, puis l’enhardissement :
On risque deux, trois pas, enhardis par l’excitation, on s’élance…
« On remonte le rebord «
Encore une fois je ne connais pas le contexte, mais je suis curieuse de savoir comment on peut « remonter un rebord« …
Et donc, pour répondre à votre question, je ne pense pas que « encourir » soit approprié dans votre texte.
L’Académie nous met en garde justement contre l’emploi de « encourir » dans le sens de « risquer, courir le risque » :
Le verbe encourir signifie que l’on s’expose à une sanction, une peine, un châtiment qui émane d’une autorité :
Il encourt une grosse amende pour sa conduite ; Pour un délit de cet ordre il encourt la prison.
Il se construit avec un complément qui est un nom. On ne doit pas le confondre avec risquer ou la locution verbale synonyme courir le risque de, qui se construisent indirectement et veulent un infinitif comme complément :
S’il ne travaille pas plus, il risque (ou il court le risque) d’échouer.
Il y a dans ce verbe et dans cette locution, qui appartiennent à la langue courante, un caractère d’incertitude beaucoup plus fort qu’avec encourir, qui relève de la langue juridique et qui indique, presque officiellement, quelle peine correspond à telle faute.
J’opte pour « s’encourt » qui sera plus approprié pour ce texte, même si je pense qu’on est censé s’encourir vers qqchose ou qqun; ici ce serait vers l’inconnu.
Cette chanson est une chanson « privée » dans mon répertoire, dans le sens que je l’ai écrite pour les 30 ans de ma sœur. Donc les couplets parlent des souvenirs d’enfance que j’ai partagés avec elle; à ce titre, je ne cherche pas -volontairement- une universalité dans mon propos.
Voici le texte (certaines phrases sont en gros involontairement, c’est dû au copier/coller)
Pingouin et canard bien à l’abri
C’est le blizzard dehors
Sous le bureau on se réfugie
On sera les plus forts
Les pyjamas bleus que l’on a mis
Dans le jabot de Nestor
Toujours présent ce fidèle ami
Lentement on s’endort
Revois-tu ces nuits au paradis
T’en souviens-tu encor
Derrièr’ tes lunettes oranges tu ris
À raison ou à tort
Refrain:
Sœurette moi j’t’appelais pas Nounette
Surtout quand tu m’ mettais des petites baffettes
Sœurette moi j’t’appelais pas Nounette
Mais t’sais combien je t’aime sœurette
Sœurette moi j’t’appelais pas Nounette
Surtout quand tu m’battais à la crapette
Sœurette moi j’t’appelais pas Nounette
Mais t’sais combien je t’aime sœurette
En bas vers les 9 heures de la nuit
Tu m’dis « allez on sort »
On s’encourt deux, trois pas enhardis
On remonte le rebord
Revois-tu le visage de Bruce Lee
Sur l’écran du Commodore
Bomb Jack en Grèce oh, que de défis
Ghouls n’ Ghost et consorts
Tournoi de Haute chevalerie
Playmobils sonnent cor
Pas moyen que je gagne une partie
C’est décidé je t’ignore
REFRAIN
Moi à 6 ans et demi m’enfuis
À la vie à la mort
Toi amusée me file et me suis
Me ramène à bon port
Revois-tu Titus le tout-fou qui
Nous mettait dans le décor
Part dans la rue qu’est-ce qu’il lui a pris
La gueule scindée il mord
Et sur la pelouse ce penalty
Papa tire pour le score
Toi qui t’interposes t’as pas compris
Les dessous de ce sport
REFRAIN
Et quand enfin l’école est finie
Qu’on en revient sans remords
Retrouvées Cat’s eyes et les séries
Zia les cités d’or
Fous rires dans les grands-messes du samedi
Quittées en un temps record
Noëls, premiers à sauter du lit
Les cadeaux qu’on dévore
solo
Mais de matins en après-midis
S’en va le temps d’alors
On n’attend plus quatre heures et demie
On perd nos cartes au trésor
Fini le temps du temps infini
Livrés à notre sort
Maint’nant tu as Clarisse et D’mitri
Regarde elle joue lui il dort.
Je ne vais pas tout expliquer, mais pour revenir sur vos remarques:
En bas vers les neuf heures de la nuit: je dis « de la nuit » car je me mets en contexte d’enfance
Remonter le rebord: Nous avons grandi dans une maison en plein centre ville; nous sortions donc le soir, à l’insu de nos parents, pour faire deux, trois pas enhardis (car ce sont bien les pas qui sont enhardis) avant de remonter aussitôt sur le rebord de la fenêtre du rez-de-chaussée de la maison, donnant sur la rue. Je dis « nous sortions » mais nous avons dû le faire que deux ou trois fois, peut-être même qu’une seule fois.
Pour le « deux, trois », ça me paraîtrait étrange de mettre un tiret? Cela signifie un ou deux pas environ.
Le dernier couplet est plus universel, car il évoque la fin de l’enfance. Clarisse et D’mitri étant bien sûr ses enfants.
Si vous souhaitiez écouter la chanson, j’ai mis deux démos piano/voix (c’est une chanson qui mériterait un arrangement) sur Google Drive https://drive.google.com/drive/folders/18j0QbUfjNZ42mUcjBm9ac01ZRt3wBd56?usp=share_link
version longue et courte.
J’imagine que votre sœur a apprécié ce tendre clin d’œil à votre enfance commune.
J’entends que dans la version chantée, vous dites « On file 4 pas et demi », et effectivement « on encourt 2-3 pas enhardis » sonne mieux, à mon sens.
Quant à savoir si le sens d’encourir permet cette phrase, dans le fond on s’en fiche un peu… mais c’est vous qui avez posé la question 🙂
Merci Dewelis! Oui lorsque je lui ai joué ma chanson pour cet anniversaire ça a été un beau moment d’émotion. Il y a d’autres différences de textes, je suis en plein travail de retouches de mes textes en ce moment.