se rendre compte par soi-même
Bonjour,
L’expression « se rendre compte par soi-même » est-elle considérée comme un pléonasme ?
Merci !
Bonjour BBFolk,
Est-ce la construction pronominale qui vous embête ? N’en tenez pas compte, c’est un verbe essentiellement pronominal, se rendre compte que = s’apercevoir que. Le pronom n’est pas analysable syntaxiquement.
On peut même le faire sauter en remplaçant par comprendre que. Il n’y a rien de réfléchi là-dedans, ni aucun obstacle à poursuivre la phrase comme vous le souhaitez.
Je me suis rendu compte que… je me suis aperçu que… sont équivalents à j’ai compris que.
J’ai compris par moi-même, j’ai découvert par moi-même = sans qu’on m’aide. Ce n’est pas un pléonasme.
Je me suis rendu compte par moi-même = sans qu’on m’aide. Ce n’est pas un pléonasme.
Vos affirmations ne me suffisent pas, il faut que je me rende compte par moi-même. C’est bon.
Pour savoir si un énoncé est un pléonasme, il faut tout d’abord définir ce que l’on entend par ce mot.
Selon le Bon usage, c’est « le fait d’exprimer plusieurs fois, volontairement ou non, la même information dans la phrase. »
Au regard de cette définition, que se rendre compte soi-même est pléonastique n’est pas douteux.
Mais il faut de demander s’il s’agit d’un pléonasme acceptable ou non, afin de savoir si l’on peut l’employer.
Le pléonasme est critiquable quand il n’ajoute rien à la force de l’expression.
Se rendre compte soi-même n’est pas vicieux en soi ; il faut voir comment il est employé.
Ex. : Je sors pour me rendre compte moi-même s’il fait chaud dans le jardin. Ici, moi-même n’ajoute pas une force expressive particulière à Je sors pour me rendre compte s’il fait chaud dans le jardin.
En revanche, l’ex. suivant, que j’ai donné très récemment, ne saurait être vicieux, et ce, non pas parce qu’il émane de Molière, mais parce qu’il a été créé pour conférer au propos une force particulière : Je l’ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu.
Je maintiens ma façon de voir.
J’ajoute :
On ne peut pas affirmer que se rendre compte par soi-même ne constitue pas un pléonasme sans avoir précisé ce qu’est un pléonasme ! C’est comme si j’affirme que cette tournure est ou n’est pas une redondance sans avoir indiqué ce qu’est une redondance (et, s’il existe plusieurs définitions, sans avoir dit à quelle définition je me réfère).
De plus, selon le dictionnaire Larousse en ligne, se rendre compte (de qqch.) signifie déjà (sens donné en premier lieu) « apprécier par soi-même ». (Ce n’est pas le cas de tous les dict., mais tout de même.)
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Par ailleurs, méfiez-vous de ce tour, car les constructions verbales se rendre compte que + complétive et se rendre compte + interr. indir. sont condamnées par certains grammairiens (cf. le TLFi, art. compte) :
« [Constr. verbales]
Se rendre compte que, ou plus rarement, de ce que + complétive. Elle avait essayé d’« écrire », mais s’était vite rendu compte qu’elle n’avait pas de talent littéraire (MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, p. 954). Mortier (…) se rendit compte de ce que le Duc allait lui rester sur les bras (ARAGON, La Semaine Sainte, p. 473 ds GREV. 1969, p. 1013).
Se rendre compte + interr. indir. Je remarquai que mes souliers étaient déchirés et sales et (…) je me rendis compte combien je marquais mal (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 76) :
41. … il m’était infiniment plus difficile qu’en mai d’écrire cette lettre-envoi, et que seule l’expérience me permettrait de me rendre compte si je parviendrais à y éviter le factice…
DU BOS, Journal, 1928, p. 172.
Rem. Les constr. verbales sont condamnées par les puristes. »
Bonne soirée