se proposer de / s’intéresser à
Bonjour,
Lors d’un exercice, je suis tombée sur deux phrases, que j’ai corrigées comme suit:
Elle s’est proposé de faire ce travail.
Elle s’y est intéressé l’année dernière.
Je pensais que ces deux verbes s’accordaient de la même manière, puisqu’ils sont tous les deux des verbes pronominaux conjugués avec -à au même titre que : parler à, téléphoner à etc….
Or, le corrigé est tout autre et accorde le verbe s’intéresser avec le sujet féminin (s’y est intéressée). Y a-t-il une subtilité que je ne vois pas?
Les deux cas sont différents :
1. « Elle s’y est intéressée l’année dernière. » : on accorde car le verbe s’intéresser est essentiellement pronominal pour le sens en question. Autrement dit, ce n’est pas un emploi pronominal du verbe intéresser pris isolément. Le pronom se fait partie intégrante du verbe et n’a pas de fonction grammaticale propre (cf. s’emparer, s’envoler, etc.).
2. »Elle s’est proposé de faire ce travail. »: pas d’accord puisque le C.O.D. « de faire ce travail » est placé après le participe. Le pronom personnel est ici un C.O.I. (proposition faite à elle-même). L’e choix serait différent avec « Elle s’est proposée pour ce travail » dans lequel le pronom serait C.O.D. et travail un complément circonstanciel.
La règle est donc éminemment « simple », à peu près autant que… l’interprétation de la Bible.
vous avez écrit :
elle s’est proposé de faire ce travail, pour cause de COD postposé. c’est très logique vu comme cela sauf que la nuance avec « elle s’est proposée pour… » est très subtile, mais je la comprends. Alors, ma question est : Comment analysez-vous le pronom « se », COI je suppose ? Vous interprétez « proposer » dans le sens plein de ce verbe ?
Je l’aurais plus vu comme un autonome car pour moi, j’envisage mal que quelqu’un se propose une chose à lui-même… mais ce n’est pas très clair tous les jours pour moi…
Ben oui, le pronom est bien C.O.I., avec le sens de se proposer à soi-même comme on se lance un défi. Mais je peux comprendre votre hésitation, ce n’est pas toujours évident de décortiquer ces formes pronominales…
Personnellement, j’accorde les deux PP avec le sujet :
Elle s’est proposée de faire ce travail.
et
elle s’y est intéressée l’an dernier.
Pourquoi ?
soit le pronom « se » est objet de l’action (sens réfléchi) et on accorde, soit on considère que le pronom n’est pas analysable (elle n’intéresse pas elle-même) et c’est un autonome = on accorde avec le sujet « elle ».
même raisonnement pour elle s’est proposée : soit elle a proposé elle-même, soit le sens est différent et on accorde avec le sujet car on est en présence d’un autonome.
Merci de votre réponse.
Vous dites « Personnellement ». Y a-t-il un débat sur la question/plusieurs possibilités ou s’agit-il d’une règle stricte?
Merci.
Peut-on également dire, dans le cas de : Elle « s’est proposé de », qu’on ne peut pas l’accorder car on dit « proposer à quelqu’un » ? Comme dans « elle s’est demandé si… », car « demander à » ?
J’essaie de savoir si mon raisonnement tient la route… D’un autre côté, « Ils se sont aperçus de leur erreur » s’accorde. N’est-ce pas la même structure que « se proposer de »?
Merci.
Peut-on également dire, dans le cas de : Elle « s’est proposé de », qu’on ne peut pas l’accorder car on dit « proposer à quelqu’un » ? Comme dans « elle s’est demandé si… », car « demander à » ?
J’essaie de savoir si mon raisonnement tient la route… D’un autre côté, « Ils se sont aperçus de leur erreur » s’accorde. N’est-ce pas la même structure que « se proposer de »?
Non, ce n’est pas la même « structure » car s’apercevoir se construit comme s’intéresser : le pronom n’est pas séparable du verbe , n’a pas de fonction grammaticale. C’est une spécificité de la langue française (un gallicisme en linguistique) et de son histoire.