se dire / elles essayeront d’être votre (vos) amie(s)
Bonjour,
J’ai quelques phrases à soumettre.
A. Le site « visez juste » me donnait faux dans la phrase suivante. J’avais écrit « dites » car on dit quelque chose à quelqu’un. Il me corrige en écrivant « dit ».
A-t-il raison selon vous ?
– Les folies qu’il s’est dit à ce sujet sont énormes
B. Peut-on employer indifféremment ces phrases ?
– Elles essayeront d’être votre amie
– Elles essayeront d’être vos amies
C. J’ai lu ces trois phrases issues d’un livre, lesquelles contiennent une faute je pense. Dans la première, c’est le procureur du TGI de Montpellier qui s’exprime. Je pense qu’il aurait fallu écrire « maltraités » et « dotés » au pluriel car il ne parle pas en son nom mais au nom de plusieurs personnes. Sinon il aurait dû employer un nous de majesté. Dans la seconde j’aurais écrit « hebdomadaires » au pluriel. Dans la troisième, j’aurais écrit « quoi qu’il en soit » en deux mots. Mes corrections sont-elles correctes ?
– Aujourd’hui nous sommes 14 magistrats, si nous devions respecter la moyenne européenne nous serions 82, nous n’en demandons pas tant, nous souhaitons juste autant de magistrats que les autres, juste pour ne pas être maltraité, juste être normalement doté pour que la population soit respectée
– Entre les permanences, on se soucie guère des 35 ou 39 heures hebdomadaire
– Faut-il continuer les efforts pour répondre aux justiciables quoiqu’il en coûte ou faut-il arrêter
Merci pour vos réponses.
Entre les permanences, on se soucie guère des 35 ou 39 heures hebdomadaire==>
En tenant compte des permanences, on se respecte guère des 35 ou 39 heures hebdomadaireS.
Aujourd’hui nous sommes 14 magistrats (dans quelle instance ? pour 100 justiciables ?) , contre 82 en moyenne pour le reste de l’Europe / pour toute l’Europe. Nous n’en demandons pas tant, mais souhaitons juste autant de magistrats que les autres, pour ne pas être maltraités, afin que la population soit respectée. Nous est bien un pluriel.
(Je ne comprends pas : s’il revendique d’ » autant de magistrats que ‘les autres’, c’est bien d’être dans la moyenne européenne ? Pourtant, 82 lui semble trop ?)
Elles essaieront d’être vos amies. (pluriel du sujet = pluriel de l’attribut : elles sont mes/vos amies).
Il s’est dit : c’est bien un impersonnel.
Bonjour Joëlle,
J’ai lu cette phrase dans le livre « La justice, une faillite française ? » de Olivia Dufour. Le procureur de Montpellier se plaint car ils ne sont que 14 magistrats dans tout le tribunal, toutes instances comprises, pour toute cette ville. Ils n’arrivent plus à suivre en quelque sorte. En comparaison aux autres villes françaises, ils sont bien moins et le prix demande à avoir autant de magistrats que dans les autres villes françaises. Et si la France devaitrespecter la moyenne européenne pour une ville telle que Montpellier, ils seraient 82 dans ce tribunal. La justice française est à l’agonie si vous préférez.
Une remarque quant à hebdomadaire, est-il invariable dans cette phrase ?
Ce sont bien 35 heures hebdomadaires et ce n’est pas un adjectif invariable !!!
Très bien, merci Joëlle. J’avais un doute car dans le livre il n’est pas accordé et Jean Bordes semble confirmer l’invariabilité. Mais je n’arrive pas à la justifier non plus. J’opte pour l’accord
Bonsoir Tony.
A. « Les folies qu’il s’est dit à ce sujet sont énormes. » Impersonnel pronominal passif !
Théoriquement, on peut interpréter cette phrase de deux façons :
– il = sujet dans une construction impersonnelle ; ce pronom n’a pas, dans ce cas, de référent (comme dans il fait froid ). ==> la phrase signifie alors : « Les folies qu’on a dites à ce sujet sont énormes » ;
– il = représentant ; (il réfère à une personne identifiable, par ex. à moi, Prince. ==> Le sens de la phrase est alors : « Les folies que Prince s’est dites [a dites à lui-même] à ce sujet sont énormes ». (?!)
Dans le premier cas, on est en présence d’une forme impersonnelle. ==> pas d’accord du part. passé. ==> Les folies qu’il s’est dit à ce sujet sont énormes. A noter que si l’on considère qu’il s’agit d’un verbe pronominal au passif, l’accord se fait avec le sujet ; cela ne change donc rien à l’affaire (dit).
Dans le second cas (très théorique !), on a une tournure personnelle. ==> on ferait alors l’accord du part. passé avec le C.O.D qu’, placé avant ce participe et mis pour folies.
Toutefois, à mon avis, le site que tu cites (!) n’a pas envisagé ce second cas, car « Les folies énormes qu’une personne se dit à elle-même au sujet de qqch. » n’a guère de sens. Il n’a donc envisagé que le premier cas (celui de la construction impersonnelle), d’où dit.
Dès lors , la correction faite à ton dites me paraît fondée.
(Je dois sortir.)
Bonjour Prince,
Merci pour cette explication, je comprends mieux ! J’en conclus qu’on peut donc y en avoir deux interprétations : « il » impersonnel ou « il » personnel mais que cette deuxième interprétation resterait purement théorique. Il s’agit donc bien de la tournure impersonnelle. La phrase en aurait été autrement s’il s’agissait de plusieurs personnes. Par exemple :
– Les folies qu’ils se sont dites à ce sujet
– Les folies que vous vous êtes dites à ce sujet
Là, on dit bien quelque chose à quelqu’un. Il est vrai que dire quelque chose à soi-même n’a guere de sens.
Merci 🙂
C’est se dire des folies à soi-même à un certain sujet qui n’a guère de sens. Pour quelle raison je me dirais des folies énormes à moi-même au sujet de qqch. ?
La BDL consacre tout un article à se dire ; malheureusement, il n’est pas complet. Je te donne tout de même le lien et reproduis ci-dessous ce qu’elle dit à propos de se dire, pronominal de sens passif (forme évoquée par czardas et moi.
« Enfin, se dire peut également avoir un sens passif et être synonyme de avoir été dit. Dans ces cas, le participe passé s’accorde avec le sujet.
Exemples :
– Bien des choses se sont dites sur son compte, souvent sans fondement.
– Ces noms se sont dits à une époque antérieure. »
Bien cordialement.
Je comprends ce que vous voulez dire Prince. Merci notamment pour l’article de BDL, je viens d’aller le lire
Bonjour,
A ─ Dans la phrase que vous proposez, se dire a un sens passif et a pour synonyme avoir été dit. Dans ce cas, le participe passé s’accorde avec le sujet.
Il serait donc préférable d’écrire :
Les folies qui ont été dites à ce sujet sont énormes.
Après quelques recherches, dans l’exercice du site « Visez juste » il s’agit d’un emploi impersonnel.
Comparez :
• Il impersonnel ─ La pluie qu’il y a eu l’a empêché(e) de sortir.
• Il personnel ─ La grippe qu’il a eue l’a empêché(e) de sortir.
B ─ Ces phrases ne peuvent pas être employées indifféremment.
– Elles essayeront* d’être votre amie ► Elles essayeront d’être amies avec moi.
– Elles essayeront d’être vos amies ► Elles essayeront d’être amies avec nous.
* On peut écrire aussi essaieront
C ─ Je pense que ce n’est pas dans un livre que vous avez lu ces phrases, mais plutôt dans un journal. Il s’agit d’articles mal rédigés et où les fautes d’orthographe et de français sont légion.
Exemple:
Les services du procureur, en l’occurence le parquet, restent les parents pauvres, littéralement abandonnés par la Chancellerie en état de récidive . (La Chancellerie en état de récidive, c’est le monde à l’envers !)
Bonjour Czardas,
Merci pour vos précisions.
Si si je vous assure, j’ai lu ces phrases dans un livre, je ne vois pas pour quelle raison je mentirai. Il s’agit du livre « Justice, une faillite française » de Olivia Dufour.
Il ne faut pas croire, il y a beaucoup de fautes dans les livres parfois 🙂
Explication :
En ce qui concerne le nombre de magistrats du parquet (procureur de la République, etc.), la comparaison entre un pays européen (ou une juridiction judiciaire française) par rapport à la moyenne européenne (ou française) se fait en comparant le nombre de ces magistrats pour 100 000 habitants.
C’est ainsi que ce ratio était, à l’époque considérée, pour le tribunal de grande instance (T.G.I.) de Montpellier, de 1,8 ( =il y avait 1,8 magistrat du parquet pour 100 000 hab. dans le ressort de cette juridiction judiciaire), alors que la moyenne française était de 2,8. Sur cette base, ce T.G.I. aurait dû avoir 22 ou 23 magistrats du parquet alors qu’il n’en avait que 14.
Mêmement (!), le ratio de ce tribunal était encore plus loin de la moyenne européenne : 1,8 contre 11. C’est pourquoi ce procureur écrit que si le T.G.I. de Montpellier se situait dans cette moyenne (11), il devrait y avoir 82 parquetiers (j’aboutis, pour ma part, en retenant 800 00 hab. dans le ressort, à 88 ; mais le nombre varie en fonction de la date à laquelle on se place).
Procureur de la République près le T.G.I. de Montpellier (Métropolitain, 20 juillet 2017) :
« Si Montpellier se situait dans la moyenne européenne de 11 magistrats du parquet pour 100’000 habitants, « nous serions…82 ! », remarque-t-il, qualifiant cette hypothèse « d’euphorie délirante. Nous n’en demandons pas tant, juste d’avoir autant de magistrats du parquet que les autres juridictions françaises, juste de ne pas être maltraités. Le volume et l’intensité de la délinquance, la démographie, le niveau de radicalisation dangereuse l’exigent »
Bonsoir Prince,
Décidément vous êtes partout 🙂
L’article en question est quasiment la même chose que dans mon livre. On parle bien du même procureur mais dans mon livre il y a les fautes
A. Il s’agit du « il » indéfini. Sinon il aurait fallu écrire « les folies qui se sont dites ».
B. En s’adressant à une seule personne, elles peuvent être « ses » amies.
C. Le magistrat a dit « juste pour ne pas être maltraité » en général, ce n’est pas fautif.
« hebdomadaire » signifie « par semaine », là aussi, « hebdomadaire » est pris au sens général.
Pour « quoi qu’il en soit » vous avez raison.
Bonjour Jean Bordes,
Merci pour vos précisions.
De ce fait, si je comprends bien, « hebdomadaire » est toujours invariable après des heures ?
Personnellement je regrette que vous écriviez « dans la seconde » alors qu’il y a trois propositions.
De plus, je suis étonnée que personne n’ait suggéré, pour cette fameuse DEUXIÈME proposition « on NE se soucie guère ».
Bonsoir Cathy,
Quant à ”seconde”, l’Académie ne fait pas de distinction entre seconde et deuxième. Je vois bien la nuance dont vous parlez, mais elle n’est pas référencée bien que plusieurs grammairiens fassent cette distinction dont vous également