Sculpteuse ou sculptrice
Bonjour,
dans les correcteurs d’orthographe de certains traitements de texte, les termes de « sculpteuse » ou « sculptrice » ne sont pas pris en compte, alors que l’on trouve « sculpteuse » dans les dictionnaires (en ligne, pour ma part) et que « sculptrice » semble toléré comme synonyme.
D’ailleurs, anecdote amusante : pendant que je vous écris ma question, le mot « sculpteuse » est soulignée en rouge… mais pas « sculptrice » !
Qu’en est-il, d’après vous ?
Merci
REM. On emploie le masc. sculpteur en parlant d’une femme ; cf. Valéry, Pièces sur l’art, t. II, Pl., p. 1359. Le sculpteur Germaine Richier. On trouve aussi une femme sculpteur ; mais la forme fém. sculptrice [skyltʀis], attestée dans Giraudoux, est de plus en plus employée et tend à devenir la forme normale.
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Le Guide d’aide à la féminisation des noms de métiers… etc. (1999, qui a fait l’objet d’une publication officielle, recommande d’employer sculpteuse.
Les auteurs répertoriés par Google utilisent plus sculptrice que sculpteuse
Nous ne lisons apparemment pas le même document de la même manière (voir ma réponse).
Noms de métier :
Acteur/actrice – agriculteur/agricultrice – instituteur/institutrice – aviateur/aviatrice – créateur/créatrice – – opérateur/opératrice – recteur/rectrice – percepteur/perceptrice – éditeur/éditrice – explorateur/exploratrice – traducteur/traductrice – compositeur/compositrice – décorateur/décoratrice – correcteur/correctrice – examinateur/examinatrice – cultivateur/cultivatrice…
Alors pourquoi pas sculpteur/sculptrice ?
Et beaucoup d’autres mots : émetteur/émettrice – locuteur/locutrice – novateur/novatrice – – tuteur/tutrice – exécuteur/exécutrice – bienfaiteur/bienfaitrice –
Certains estiment qu’il convient de suivre le Guide officiel d’aide à la féminisation des noms de métiers, etc.
Le choix n’est pas aisé entre l’usage dominant (sculptrice) et la recommandation officielle (sculpteuse), que vous avez oubliée, Tara.
L’agitation récente autour de la féminisation des noms de fonctions et de métiers (et l’immobilisme de l’Académie pendant des décennies) ont fait perdre de vue des fondamentaux linguistiques.
Vous trouverez dans ce document de référence (Femme, j’écris ton nom…) la totalité des centaines de formes recommandées par un collectif de linguistes du C.N.R.S. piloté par Bernard Cerquiglini et validé en 1999 par l’État français. Selon moi, il n’est pas souhaitable de s’en écarter à ce jour, même si l’usage tranche en fin de compte.
Concernant sculpteur, il est traité dans la famille des noms en -teur au chapitre 3.3.a. à la remarque 3 (récapitualtif page 114). La forme sculptrice est recommandée, même si sculpteuse était plus cohérent avec la famille de base. Il s’agit à l’évidence d’une concession à l’usage, cette forme s’étant imposée sans discussion possible (voir le Ngram).
Chambaron, merci d’avoir rebondi sur Femme, j’écris ton nom… Guide d’aide à la féminisation, etc. C’est ce que je vais faire à mon tour, pour faire suite à votre réponse.
La remarque 3 du 3.3.a. et le 3.3.b. de ce document sont ainsi conçus :
Remarque 3 : L’usage contemporain a tendance à privilégier la forme épicène pour certains termes dont la forme régulière en -trice est par ailleurs attestée, ex. : une sculptrice, mais aussi une sculpteur(e).
3.3.b. La forme féminine se termine par -teuse lorsqu’au nom correspond un verbe en rapport sémantique direct comportant
un -t- dans sa terminaison et/ou qu’il n’existe pas de substantif corrélé se terminant par -tion, -ture ou -torat (acheter/acheteur),
La remarque 3 – qui est la seule disposition à évoquer expressément le cas du féminin de sculpteur – semble bien nous inviter à admettre sculpteure, ce que confirme la Liste indicative qui indique sculptrice et notamment sculpteure.
3.3.b. Sculpteur (nom) + sculpter (verbe) ==> la forme féminine doit se terminer par – teuse ==> acheteur +acheter ==> acheteuse.
Donc : sculpteur + sculpter ==> sculpteuse.
La question est moins simple qu’il n’y paraît de prime abord !
Ce document paraît admettre l’épicène sculpteur, sculpteure,, sculptrice et sculpteuse.
Oui, c’est parfois compliqué car nous vivons deux phases d’évolution marquées : la revendication féministe et celle de la francophonie. Cela amène de nombreuses variantes, plus ou moins conformes aux habitudes linguistiques. L’avenir n’est pas écrit…
Merci pour ce lien sur « Femme, j’écris ton nom… »
Très intéressant tout ça !
Merci à tou.te.s pour vos réponses et ce petit débat d’initiés 😉