Sans que je n’aie ? Sans que j’aie ?
Bonjour,
« Il comprend tout sans que je n’aie rien à lui dire ». Cette phrase est-celle correcte ?
sans + négation + « rien »… Il me semble que ça fait beaucoup !
J’aurais mis « sans que j’aie à lui dire quoi que ce soit ».
Qu’en pensez-vous ? Merci !
Il comprend tout sans que je ne lui dise rien / sans que je n’aie rien à lui dire.
Surtout, n’enlevez rien !
C’est très bien.
Le Dictionnaire de l’Académie française, 9e édit., art. sans.
Académie française, rubrique Dire, Ne pas dire. Emplois fautifs.
« Sans que
Le Bon usage actuel :
« L’Acad., dans une « mise en garde » du 17 février 1966, déclare que « sans que doit se construire sans négation, même s’il est suivi d’un mot comme aucun, personne ou rien, qui ont dans ces phrases un sens positif ». — D’une façon générale, ne explétif après sans que est souvent blâmé parce que sans est négatif à lui seul. Mais l’usage littéraire, même celui des académiciens, n’est guère sensible à ces proscriptions. »
La BDL :
« Par contre, la présence du ne explétif après la locution conjonctive sans que constitue, de l’avis des grammairiens, une erreur, et ce, même si la proposition est suivie de mots tels que aucun, personne ou rien. Le sens de la préposition sans permet, à lui seul, l’expression d’une nuance négative. Notons que la locution sans que se construit avec le subjonctif.
Exemples :
– Je crois que nous pouvons régler ce conflit sans que les parents interviennent. (et non : sans que les parents n’interviennent)
– Vous pouvez travailler seuls sans qu’on vous dise constamment quoi faire. (et non : sans qu’on ne vous dise constamment quoi faire)
– Les voleurs ont pris la fuite sans que personne ait pu les intercepter. (et non : sans que personne n’ait pu les intercepter)
– La réunion a été annulée sans qu’il soit prévenu. (et non : sans qu’il ne soit prévenu)
– Elle ne viendra pas sans qu’on l’invite. (et non : sans qu’on ne l’invite)
Date de la dernière actualisation de la BDL : juin 2020
L‘éminent grammairien J. Hanse écrit « Je me garderai bien de parler de faute mais je déconseille ce ne » [après sans que] et donne uniquement des ex. sans ne.
Ma conclusion : Compte tenu de tout ce qui précède, j’écrirais « Il comprend tout sans que j’aie rien à lui dire ». Mais ne vous inquiétez pas trop : la position de l’Académie a été évolutive et les académiciens ne suivent pas tous ses prescriptions