russe ou Russe?

Bonjour,

Je viens de lire un texte de Andreï Makine “Le testament français”
où il est écrit: « Oui, si à la mort de mes parents, il m’arriva de pleurer c’est parce que je me sentis Russe. »

Et cela me perturbe!
Pourquoi y-a-t-il une majuscule? N’est-ce pas un adjectif attribut? Y-a-t-il une différence à faire entre l’adjectif épithète et attribut?

J’ai appris comme tout un chacun que les noms de langue et l’adjectif issu des noms de peuples portaient une minuscule.
Le français//la langue française

J’ai cherché sur le net et ai trouvé un site indiquant que l’on écrivait:
lorsque le NOM (ici attribut) désigne une personne :
– au moyen de sa nationalité (* Je suis Belge),
– de son appartenance à une région (* Je suis Wallon),
– ou de sa race (* Je suis Blanc).

Quelle est votre position?

Merci par avance pour cet éclairage fort utile.

 

Noele Membre actif Demandé le 2 mai 2019 dans Général

Pour vous améliorer en orthographe, testez les modules d’entraînement du Projet Voltaire :

3 réponse(s)
 

Bonjour,

Voici une réponse. 

J’ajoute (à 15 h 43) la position in extenso du « Grevisse » à laquelle le seul, l’unique champion du monde d’orthographe se réfère :

« Si le mot est un attribut sans article, on a le choix, selon qu’on le prend pour un adjectif ou pour un nom : Son mari était anglais ou Anglais. Mais la majusc. est nettement plus fréquente : Je n’étais pas fait pour être Parisien (HugoMisér., IV, xii , 2). — Pour faire la grammaire française que nous concevons, il fallait donc être Français (Damourette et Pichon, § 9). — Être humain cela ne consiste pas seulement à être Espagnol ou Anglais ou Français , ou Russe Léautaud, cit. Rob. , art. humain). »

Prince (archive) Débutant Répondu le 2 mai 2019

Non, il n’y a pas de différence à faire entre épithète et attribut pour la majuscule. La différence est à faire entre nom et adjectif. Quand on a le choix entre les deux, le nom essentialise, l’adjectif caractérise.
On doit normalement appliquer la règle classique : adjectif avec une minuscule et substantif avec une majuscule. Mais la simple absence de déterminant devant le mot « russe » ne signifie pas obligatoirement que c’est un adjectif : je suis plombier. Donc formellement, l’auteur peut choisir.
Si vous pouvez compléter le mot par un adverbe, c’est un adjectif : je me sentis soudain vraiment russe.
Si vous pouvez compléter le mot par un adjectif, c’est un nom : je me sentis alors vrai Russe parmi les Russes.
Pour s’attacher au sens, je ferais un adjectif du mot qui peut être relativisé (très russe, vraiment russe), et un nom du mot portant plus fortement une identité absolue. L’identité réelle et profonde ou la nationalité supportent d’être considérés comme un nom essentialisant : moi Monsieur, je suis Russe ; confronté à ce drame national, je me sentis Russe. Le mot apportant des caractéristiques supposées de cette nationalité, ou une histoire, est un adjectif : je trouve que cet écrivain français est resté russe.
Les critères que vous évoquez (nationalité, appartenance, race) s’appliquent assez bien à cette notion d’essentialisation ou au contraire de simple caractérisation. L’immigré peut écrire : je me sens français et russe. Le militant du CRAN écrit toujours : je suis Noir. Parallèlement le militant républicain rétorque : nous sommes tous Français. Bien qu’il utilise le verbe assez subjectif « se sentir », je pense que Makine, à ce moment de son récit, essentialise : Ce jour-là, je me sentis Russe parmi les Russes, et aujourd’hui, je me sens russe dans mes habitudes.

numeric Maître Répondu le 2 mai 2019

Merci beaucoup pour toutes ces explications! Je me sens moins perdue maintenant.
La langue française est magnifique mais redoutable.
Je suis heureuse qu’un tel site existe.

Noele Membre actif Répondu le 3 mai 2019

Pour ne plus vous poser cette question ni tant d'autres,
découvrez les modules d’entraînement en orthographe et en expression du Projet Voltaire :

Votre réponse
Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.