renouvelable(s) / l’agression que j’ai subie / virgule avant « et »
Bonjour,
J’ai quelques phrases à soumettre.
A. À votre avis, faut-il accorder « renouvelable » avec « allocation » ou « deux ans » ?
– L’allocation est accordée pour deux ans renouvelable(s)
B. Ces formules sont bien équivalentes n’est-ce pas ?
– Je dépose plainte suite à l’agression que j’ai subie il y a un an
– Je dépose plainte suite à l’agression dont j’ai été victime il y a un an
C. Faut-il mettre une virgule avant « et ». Je trouve souvent des exemples avec.
Par exemple dans les phrases suivantes, est-elle nécessaire ?
– Prenez rendez-vous en ligne, c’est simple, gratuit(,) et rapide
– Il me faudra de la salade, des fruits, des chips(,) et de la boisson
Merci pour vos réponses
Bonjour Tony,
A. Cette phrase n’est pas correctement rédigée. Dans toutes les phrases de ce type que j’ai lues, la chose qui est renouvelable est indiquée
Ex. : mandat de cinq ans renouvelable (c’est le mandat qui est renouvelable (et non pas les cinq ans).
Pour une durée de trois ans renouvelable.
Un terme de six ans renouvelable.
Une période de dix ans renouvelable.
Etc.
Au cas présent, je conseille d’écrire : L’allocation est accordée pour une durée [ou période] de deux ans renouvelable.
B. Ces deux phrases sont synonymes. Toutefois, en droit notamment, on préférera : dont j’ai été victime.
C. Tu as écrit : « Par exemple dans les phrases suivantes, est-elle [la virgule] nécessaire ?
– Prenez rendez-vous en ligne, c’est simple, gratuit(,) et rapide
– Il me faudra de la salade, des fruits, des chips(,) et de la boisson »
Dans ces deux phrases, non seulement une seconde virgule n’est pas nécessaire, mais elle ne se met pas d’ordinaire.
Cela en application de la règle générale (il y a des subtilités d’emploi) suivante :
« On ne met pas de virgule avant « et », « ou », « ni », lorsque ces copules relient deux termes de fonction grammaticale équivalente : deux sujets, deux compléments d’objet, deux adverbes, deux attributs, deux vocatifs, deux verbes, etc. (voir aussi les subtilités d’emploi). »
[…]
« A l’inverse, on met une virgule si les conjonctions relient deux termes de fonction différente (voir les subtilités d’emploi). »
Cf. Jacques Drillon, Traité de la ponctuation française, Gallimard, 1990, p. 171 et 172.
Il serait top long de reprendre ici les subtilités d’emploi de la virgule avant « et » (cf. p 189 et s.). Mais J. Drillon nous rassure en écrivant :
« On fera peu d’erreurs si l’on place une virgule avant la conjonction [« et » notamment] dès lors qu’elle relie deux termes de fonction grammaticale différente ; et si l’on n’en met pas quand les deux termes qu’elle relie sont de fonction identique. »
Bien cordialement.
Bonjour Prince,
Merci pour votre réponse bien détaillée et enrichissante 🙂
J’apprécie les subtilités concernant la virgule avec « et ». En tout cas je vais m’en tenir au principe général et ne mettrai plus de virgule avant « et.
Bonjour Tony,
A. Dans cette phrase, le mot période est sous-entendu, et c’est avec lui que devrait s’accorder renouvelable. Pour éviter le doute, il vaudrait mieux écrire pour une période de deux ans renouvelable .
B. Oui, ces deux formules sont correctes et équivalentes sur le plan du sens.
C. En principe, la conjonction et n’est pas précédée d’une virgule lorsqu’elle conclut une énumération (ou simplement qu’elle relie deux mots ayant la même fonction dans la phrase). Il ne me paraît cependant pas fautif de la mettre tout de même, à dessein, pour traduire une pause à l’oral (par exemple pour insister sur le dernier élément). Mais quoi qu’il en soit, elle n’est pas nécessaire, et même au contraire superflue dans le cas général.
Bonjour Christian,
Merci pour vos confirmations. Votre réponse est enrichissante comme vos précédentes 🙂
Les réponses précédentes montrent que l’on peut considérer la durée comme renouvelable. Or, le CNRTL précise que cet emploi (une durée renouvelable) est une métonymie. L‘allocation, renouvelable ou reconductible, est accordée pour deux ans.
Je suis d’accord avec Prince pour les subtilités de la virgule avant « et ». Je n’en mettrais pas avant le « et » qui conclut l’énumération.
Enfin, évitez « suite à » en langue écrite : préférez « à la suite de » ; être victime d’une agression est sans doute plus juste que « subir » une agression, qui reste parfaitement correct.
Bonjour Joëlle,
Merci pour votre réponse 🙂
Les subtilités que vous citez sont intéressantes, j’en prends note ! Concernant « renouvelable » et « à la suite de »
Bonjour à tous,
1. Oui, une durée renouvelable et une période renouvelable sont des métonymies. Il n’en reste pas moins que la phrase suivante, que j’ai proposée, est correcte :
L’allocation est accordée pour une durée [ou période] de deux ans renouvelable. Au demeurant, le passage du CNRTL auquel Joëlle se réfère cite ces deux phrases :
« P. méton., en parlant d’une durée] Deux lecteurs (…) élus par l’assemblée de l’église pour une durée de trois ans, en principe non renouvelable (Philos., Relig., 1957, p. 44-15). Ces attachés sont désignés par le préfet, sans concours, pour une période de un an renouvelable (Réforme hospit., 1959, p. 20). »
(C’est moi qui ai graissé.)
2. Je suis d’accord avec Joëlle en ce qui concerne suite à.
Je précise que cette locution s’emploie, dans la langue commerciale, au début d’une correspondance (lettre, courrier, etc.) au lieu de Comme suite à, en réponse à ( Suite à votre lettre du, Suite à votre commande) : cf. le Grand Robert, le TLFi, etc. ; elle ne signifie donc pas « à cause de », « à la suite de ». C’est pourquoi on ne peut pas écrire Je dépose plainte suite à l’agression dont j’ai été victime il y a un an. Et encore même dans cette langue suite à est critiqué par le s puristes.