Qui nous a conduit ou qui nous a conduits
Voici le texte : »C’est cette conviction qui nous a conduits à faire de la participation citoyenne l’un des piliers de … »
Ne doit on pas écrire « conduit » sans S ? Passe compose sujet conviction Même si accord car « qui(/que) » qui = conviction non ?
Par avance merci
Attention, il ne faut pas confondre sujet et COD :
Cette conviction = sujet
a conduits = verbe : PP + auxiliaire avoir accordé avec
nous = COD placé avant
donc
« C’est cette conviction qui nous a conduits à faire de la participation citoyenne l’un des piliers de … »
Conduits (application de la règle élémentaire rappelée par Joelle), mais que dire de cette « participation citoyenne » qui appartient à l’affreux néo-français des médias et des politiciens (« citoyen » est un nom, l’adjectif correspondant est normalement « civique ») ?
Citoyen est effectivement un nom.
Son usage comme adjectif est cependant admis par Le Robert, et considéré comme « vieilli » par le CNRTL.
Participation citoyenne…votre remarque, Thibaud, est en effet percutante. Travaillant dans une collectivité territoriale, qui se rengorge à l’envi de ses budgets participatifs et autres outils de démocratie dite « participative », je ne me suis pas rendu compte du caractère médiatique et « tendance » de cette locution. Par ailleurs, dans le contexte, il y a au minimum un pléonasme : la participation ne peut être que citoyenne. On ne va pas faire voter les enfants ou …les défunts.
La participation est dérivée de la démocratie participative, qui s’oppose ou complète la démocratie représentative, mais dans tous les cas il s’agit de droits civiques, attachés au citoyen, dûment inscrit sur les listes électorales.
Il est vrai que pour les premiers budgets participatifs, les jeunes de 16 ans et les étrangers pouvaient se prononcer sur la plate-forme internet à propos des projets de la Ville de Paris. On s’y perd !
C’est intéressant cette remarque sur la dérive du mot « citoyen ». Ces flux et reflux renvoient chacun à sa propre philosophie en matière de purisme et de défense de la langue. Nos cinq siècles d’évolution linguistique sont truffés de ces mouvements. Où doit-on mettre le curseur de référence, s’il en existe un ? La picrocholine guerre « du nénuphar » a montré que les tenants de l’orthographe de la veille contredisaient leurs parents et la « tradition » qu’ils prétendaient eux-mêmes défendre.
Je ne tiens pas à déclencher une polémique, pour laquelle ce site n’est d’ailleurs pas le bon champ. Mais il faut cesser de condamner toute incartade dans le vocabulaire d’usage sous prétexte de citations. Si nous pouvons encore lire Rabelais, Molière ou même Voltaire dans le texte sans trop souffrir, ce n’est pas à cause de clauses orthographiques mineures et fluctuantes, mais en vertu d’une architecture constante de la phrase et de règles grammaticales intransigeantes.
Pour revenir à l’exemple, que « citoyen » glisse du substantif à l’adjectif est typique. Il n’éclipse pas « civique » mais le complète, répond à un besoin accru et relativement nouveau de réappropriation de la vie publique. D’ici peu le CNRTL en prendra acte, les dictionnaires le reconnaitront et même l’Académie dira amen.
@PhL
Le Robert l’admet sous la pression de l’usage contemporain (auquel il n’est pas interdit de résister) ; le CNRTL mentionne un emploi adjectival au début du XIXe siècle, manifestement hérité de la Révolution, laquelle mit le mot « citoyen » à toutes les sauces (l’exemple emprunté à Musset est d’ailleurs clairement ironique). (Intéressant du reste de noter ce parallélisme entre un usage datant du premier XIXe siècle (que le CNRTL jugeait à bon droit vieilli lors de sa parution) et l’usage contemporain.)