Question cauchemardesque…
Bonjour,
J’aurais besoin de vos avis. Dans un roman, l’auteur fait vivre à ses deux héroïnes un « cauchemar éveillé ». Dans cette expression, relativement courante (tout comme « rêve éveillé ») le participe doit-il rester invariable ? C’est la personne qui est éveillée, pas le rêve ou le cauchemar… J’ai fait des recherches documentaires et n’ai rien trouvé.
Voilà la phrase : « Que se passait-il ? Était-ce un cauchemar éveillé ? » (protagonistes : deux femmes qui vivaient le même cauchemar alors qu’elles étaient éveillées, selon moi… )
« éveillé » ou « éveillées » ? Je pencherais pour la seconde solution, et vous ?
Merci !
Bien sûr, ce n’est pas le rêve qui est éveillé… Vous avez entièrement raison.
Vos héroïnes rêvent / cauchemardent tout éveillées.
Dans un domaine spécialisé, vous trouverez beaucoup d’expressions (en psychologie le « rêve éveillé » voir ici ) qui emploient l’ellipse de « tout » ce qui ne signifie plus rien et ne peut être accordé.
Oui, merci, mais je ne peux pas changer la phrase d’emblée, le texte ne m’appartient pas, mais je vais proposer à l’auteur de tourner cela autrement, car accepter l’ellipse me gêne beaucoup…
Le participe « éveillé » a aussi, depuis longtemps, le sens de « que l’on a, que l’on vit en état d’éveil ». Il n’y a donc pas de problème à accorder avec le nom dont il est épithète.
Il signifie aussi « vif, animé ». On retrouve cette application à un objet abstrait dans des tournures comme une intelligence, un regard, un visage éveillé.
Oui mais il s’agit ici de la notion de « rêve éveillé » groupe nominal qui constitue un tout en soi quand il ressortit de la psychanalyse. Les psychanalystes ne se gênent pas pour écrire même, d’après ce que je viens de voir, « rêves éveillés », en accordant alors étrangement « éveillé » avec « rêves » quand une seule personne fait, selon eux, des « rêves éveillés » Oups ! Ce doit être tout à fait normal pour eux et ils ne se sont sans doute même pas posé la question, mais cela fait sourciller ceux qui, tout bien considéré, se soucient du respect de la grammaire. Or, pour nous qui nous penchons sur la grammaire et sur elle seule, c’est le rêveur/la rêveuse qui est éveillé/éveillée, non les rêves ou les cauchemars…
Aussi devrait-on logiquement écrire, si on s’en tient à la grammaire, qu’un homme a fait un rêve éveillé (sous-entendu : alors qu’il était éveillé), de même qu’une femme a fait un rêve éveillée (alors qu’elle était éveillée), idem pour un homme a fait des rêves éveillé (il n’y a, grammaticalement parlant, qu’un seul homme qui est éveillé), une femme a fait des rêves éveillée (c’est la femme qui est éveillée, même si elle a fait plusieurs rêves qui, eux, ne sont pas qualifiés) et, au demeurant, des femmes ont fait un rêve (tout) éveillées, etc.
Rien à redire, bien sûr, au sujet d’une intelligence éveillée, d’un regard éveillé, des visages éveillés, des enfants éveillés, des petites filles éveillées… car cela va de soi pour tout le monde sans doute, mais le terme « éveillé » a dans ce cas une tout autre acception que celle du texte que je cite. Dans « mon » texte, c’est la notion de « rêve éveillé » ou de « cauchemar éveillé » –en tant que groupe nominal indissociable – qui pose problème, entendu que le « cauchemardeur » en question est une femme.
Je comprends toujours mal votre irritation, mais si vous êtes le rédacteur, adaptez votre texte pour vous différencier de la perception commune : elle a fait un rêve tout éveillée ou elle a fait un rêve, éveillée. Dans ce dernier cas, la virgule est syntaxique et permet le renvoi sur un nom précédent celui auquel est normalement rattaché l’adjectif.
Je ne suis pas irritée du tout. Juste ennuyée. Merci pour votre conseil, je vais l’appliquer.
J’en connais un bout du rayon du rêve éveillé, en pratique et en théorie. L’explication que donne Chambaron abonde dans le sens que je connais, à savoir un rêve dans un état d’éveil, soit éveillé, peu importe si le sujet est une femme ou un homme. Il y a ellipse et c’est ce qui vous fait vous poser des questions.
La différence entre un rêve éveillé et un rêve quand la personne est éveillée tient au fait que dans le premier cas, la personne sait qu’elle vit le rêve, qu’elle le guide et que dans l’autre, elle se rappelle de son état lors du rêve une fois qu’il a eu lieu. La personne était consciente, mais n’a pas les mêmes capacités que lorsqu’elle dirige le rêve.
Voilà pourquoi deux personnes peuvent vivre un rêve éveillé ou un cauchemar éveillé comme dans votre exemple.