Quelle phrase est correcte ?
Bonsoir, quelle phrase est correcte ?
C’est la plus grande foule devant laquelle nous avons jamais joué.
C’est la plus grande foule devant laquelle nous ayons jamais joué.
Merci.
Les relatives dépendant d’un superlatif (le plus…, le moins…) sont le plus souvent au subjonctif.
C’est le plus grand spécialiste que je connaisse.
Il nous a fait goûter le meilleur vin qu’il ait dans sa cave.
De même, le subjonctif est fréquent quand la principale contient les termes tels que : le seul, l’unique, le premier, le dernier.
C’est le seul ami que je lui connaisse.
Bonjour,
Les deux formulations ont exactement le même sens en ce qui concerne le fait d’avoir joué.
Ce n’est absolument pas le verbe jouer sur lequel on peut avoir un doute ni qui serait dans une quelconque orbe de pensée.
Ce sur quoi porte la pensée c’est bel et bien la plus grande foule.
Je vais prendre un exemple plus « parlant » :
« C’est la plus grosse planète sur laquelle nous avons atterri. » Nous avons atterri, c’est certain et cette planète est la plus grosse de toute les planètes.
« C’est la plus grosse planète sur laquelle nous ayons atterri. » Nous avons atterri, c’est certain, sur une planète qui est la plus grosse de toute les planètes sur lesquelles nous avons atterri, mais la possibilité qu’il en existe une plus grosse encore est réelle.
C’est pour cette raison, et à juste raison, que le subjonctif est le plus souvent employé.
La phrase correcte, pour répondre à Twiggy56 est :
« C’est la plus grande foule devant laquelle nous ayons jamais joué.« .
Le fait pour nous d’avoir joué est certain, il est fortement envisageable que l’on puisse jouer devant une plus grande foule.
Excusez-moi mais dire qu’on emploie plus souvent le subjonctif que l’indicatif n’est pas suffisant. Il faut encore savoir ce qu’implique l’emploi de l’un ou l’autre mode.
Il est intéressant de se rappeler que l’indicatif est ancré en temps et en personne, le subjonctif en personne mais pas en temps, parce qu’on a là très certainement un indice des différences de sens découlant de l’un ou l’autre mode.
C’est la plus grande foule devant laquelle nous avons jamais joué.
C’est la plus grande foule devant laquelle nous ayons jamais joué.
Les faits sont les mêmes. Mais quelque chose change.
Avec l’indicatif « jouer » est ancré dans le réel. Il est donné comme une information sur ce qui a été.
Avec le subjonctif, c’est un ensemble de possibles que porte le verbe, Jouer se place dans l’orbe de la pensée et n’est pas donné comme une information.
Riegel : L’indicatif, souvent moins adéquat, établit une présupposition d’existence[…] le subjonctif dans la relative met l’accent sur l’ensemble des possibles parmi lesquels s’est effectué ce choix.
C’est à l’énonciateur de choisir en fonction de ce qu’il veut dire exactement, de la couleur qu’il veut donner à son énoncé. Le choix ne peut pas être fait au hasard, en privilégiant une forme plutôt qu’un autre parce qu’elle est dite plus fréquente.
Pourtant…
- Le subjonctif comme marqueur procédural
Le subjonctif n’est pas une forme inerte, commandée mécaniquement par certaines structures. […]
Ce n’est pas parce que la nuance de sens résultant de la commutation des modes est difficile à expliciter qu’elle est inexistante (comme dans Je ne crois pas que c’est elle . / Je ne crois pas que ce soit elle)
[…]
l’indicatif fait l’objet, de la part du locuteur, d’une forme de mise en évidence, qui a tout à voir avec son caractère manifeste, alors que le fait enchâssé au subjonctif, inversement, ne présente jamais un intérêt cognitif par lui-même, en tant qu’objet manifeste de discours ; en d’autres termes, la « factualité » du subjonctif, au contraire de celle de l’indicatif, n’est jamais pertinente.
Aucun rapport ici.
Dans les très nombreuses possibilités qu’il offre, le subjonctif marque également la concession., ce qui est le cas dans la phrase de Twiggy56.
Quand vous écrivez ; » Je me promène sans parapluie bien qu’il pleuve ».
Aucune des deux propositions n’est virtuelle ou du domaine de la pensée. Il pleut vraiment et vous vous baladez bien sans parapluie.
Cela signifie simplement signifier que la pluie aurait pu vous amener à décider de ne pas vous promener car vous n’aviez rien pour vous protéger.
Il est évident que le subjonctif peut marquer autre chose que la concession, mais ce n’est pas le cas ici : les deux faits sont réels pour nous, un seul des deux l’est « factuellement »
Nous avons joué factuellement. C’est à dire que personne ne peut nier ce fait.
La plus grande foule : c’est vrai pour nous, en revanche ce n’est pas factuellement la plus grande foule qui puisse exister.
En effet, il n’est pas question de virtualité, si vous m’avez bien lue. Je reprends un élément de la citation que j’ai faite : » le fait enchâssé au subjonctif, inversement, ne présente jamais un intérêt cognitif par lui-même, en tant qu’objet manifeste de discours . »
Pour ce qui concerne « bien que » notamment :
En réalité il y a ce qu’on appelle polyphonie dans l’expression de la concession. Mais cela nous entraîne un peu loin et cette affirmation (qui n’est pas de moi, hélas) demanderait de longs développements qui ont fait l’objet d’articles de spécialistes.
Mais pour revenir au cas qui nous intéresse, pour être très simple :
– le subjonctif n’apparaît pas de façon pléonastique pour répéter par exemple la notion de doute déjà exprimée par la principal. la principale
– l’emploi du subjonctif, généralement, montre que ce qui est donné dans la subordonnée est posé comme sujet de réflexion, de pensée … et non pas présenté comme un fait dont on informe le destinataire.
imaginez qu’il vient > rendez-vous compte qu’il vient : incitation à se rendre compte – Il vient
Imaginez qu’il vienne > supposez qu’il vienne : incitation à supposer + le contenu de cette supposition
Ce double exemple montre très bien le rôle du subjonctif qui va jusqu’à modifier le sens du verbe.
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C’est la personne la plus malhonnête que je connais : deux informations : je connais des gens malhonnêtes – celle-ci est la plus malhonnête d’entre eux.
C’est la personne la plus malhonnête que je connaisse : je connais des gens malhonnêtes mais il y en a peut-être d’autres, qui sont malhonnêtes et que je ne connais pas – celle ci est la plus malhonnête parmi celles que je connais.
On voit bien que le subjonctif ne rend pas compte que de la réalité effective et qu’il y a polyphonie (on dit quelque chose en plus et qui n’est pas vérifié (souligné).
Je cite Alain Rhis, tiré du l’article pour lequel vous avez posé un lien :
(24) « Paul est le banquier le plus malhonnête que je connaisse. »
En (24), la subordonnée relative explicite le domaine de référence nécessaire à la bonne interprétation de la relation prédicative énoncée dans la principale ; Paul a ainsi, si l’on veut, la double propriété, qu’il partage également avec d’autres individus, d’être un banquier malhonnête et d’être connu du locuteur.
Or, traduite sous sa forme propositionnelle (Je connais des banquiers malhonnêtes), la subordonnée ne livre en définitive rien d’autre qu’un arrière-plan communicationnel à valeur d’hypothèse contextuelle, là où la principale à l’indicatif supporte le poids informationnel de l’énoncé, puisqu’elle repère un individu qui occupe une place singulière au sein de sa catégorie de référence.
On peut d’ailleurs constater que le subjonctif est régulièrement employé dans les structures qui marquent le caractère exceptionnel d’un individu, placé dans les marges de sa catégorie (C’est le seul qui ait compris la question, C’est le premier qui ait franchi la ligne d’arrivée), alors que l’indicatif produit au contraire un effet « neutralisant » (Je prends un des livres qui sont sur la table, Je remercie tous ceux qui sont venus).