Quel est le pluriel de « chirurgien maxillo-facial » ?
Bonjour,
Dans la phrase ci-dessous, j’hésite entre maxillo-facial et maxillo-faciaux.
J’ai des doutes également sur l’usage des tirets dans ces même mots et dans chirurgiens-dentistes :
Mes confrères chirurgiens maxillo-facial et chirurgiens-dentistes, accomplissaient des prodiges à l’arrière.
Merci pour votre aide.
Pour ce qui est de maxillo-facial, il s’agit d’un adjectif, par conséquent l’accord se fait régulièrement avec le nom complété, ici donc au masculin + pluriel > Mes confrères chirurgiens maxillo-faciaux.
Vous pouvez l’orthographier sans trait d’union (maxillofacial), mais il semble que cette graphie soudée soit pour l’heure moins fréquente que celle avec le trait d’union.
Pour ce qui est du trait d’union entre chirurgien et dentiste, sa présence ou son absence sont également possibles, mais l’usage professionnel semble massivement privilégier le trait d’union (les universités, Doctolib, etc. l’emploient).
Je ne vois pas en quoi un médecin est facial ou buccal…
En effet, un médecin n’est pas facial ou buccal, pas plus que la chirurgie d’ailleurs. De fait, il s’agit d’un adjectif relationnel, catégorie qui ne peut être en fonction d’attribut (à une exception près), qui peut être remplacé par un complément du nom :
La chirurgie maxillo-faciale = la chirurgie de la mâchoire/des maxillaires et de la face.
Le chirurgien maxillo-facial = le chirurgien de la mâchoire et de la face, comme on a par exemple le chirurgien de la main.
Extrait de ce site :Trouvez à Paris un chirurgien maxillo-facial .
Vous noterez qu’à la Salpêtrière, il y a trois chirurgiens maxillo-faciaux.
Et puis tellement d’autres, là.
Bonjour Marcel, et merci pour votre réponse relative à l’orthographe. Elle est claire et argumentée.
La discussion sur le vocabulaire médical, non sans être inintéressante, est venue s’immiscer. Je n’y reviendrai pas.
Je retiens votre réponse.
Merci pour votre aide.
Yann Tual
Je vous en prie. 🙂
@ marcel1, J’ai vu aussi les sites que vous citez, mais ce ne sont pas des références en matière d’orthographe ni de sémantique.
Je ne sais pas quoi vous dire, hormis que :
– ces sites sont très représentatifs de l’usage, et qu’est-ce que la langue / qu’est-ce qui fait la langue ? L’usage.
– Cet usage est parfaitement conforme à la grammaire (au sens 2) française, puisque ces adjectifs relationnels existent depuis toujours en français.
Par ailleurs, une chose m’échappe : vous refusez chirurgien maxillo-facial au motif qu’on ne peut pas dire qu’un chirurgien est maxillo-facial, mais vous acceptez chirurgie maxillo-faciale alors qu’on ne peut pas non plus dire qu’une chirurgie est maxillo-faciale.
C’est une question de sens, l’adjectif maxillo-faciale s’applique bien à la chirurgie, comme on dirait chirurgie orthopédique ou autre. En revanche, la langue en effet tend à se relâcher et qualifier un chirurgien de « maxillo-facial » est sinon une faute, au moins une dérive que l’on peut noter. C’est comme les sites « dédiés » que nous avons « initiés » suite « aux » « retours » et à la participation « citoyenne« … Ça ne choque personne sauf certaines normes qui sont le sens des mots et leur usage.
Bon dimanche « civique » !
==>Vous noterez l’hypallage avec le vrai adjectif que « la langue » parlée remplace par « citoyen » qui n’en est pas un.
C’est une question de sens dites-vous, mais le sens de maxillo-facial est exactement le même, qu’il complémente la chirurgie ou le chirurgien. En quoi ce ne serait pas relâché / pas une faute / pas une dérive là, mais ici, oui ? En quoi ça s’applique bien à la chirurgie mais pas au chirurgien ?
Quant à orthopédique, il peut également complémenter chirurgien : chirurgien orthopédique est une forme concurrente de chirurgien(-)orthopédiste (à l’instar de prince électoral et prince(-)électeur que j’ai mentionnés dans un de mes précédents commentaires). Il se trouve que la forme substantive maxillo-facialiste n’existe pas (pour l’heure), sinon on pourrait là aussi avoir deux formes concurrentes : N + N = chirurgien maxillo-facialiste et N + Adj. R = chirurgien maxillo-facial.
Prince électoral n’étant plus en usage, prenons quelque chose qui nous est plus familier : est-ce que marchand forain vous choque ? Cet emploi est fort ancien (15e) et est construit exactement de la même façon que chirurgien maxillo-facial et que prince électoral (prince royal, prince impérial, pour rester dans le souverain ; et puis troupes terrestres, aériennes, personnel médical, et tant d’autres).
Il s’agit d’un ou de chirurgien(s)-dentiste(s), spécialisé(s) en chirurgie maxillo-faciale. « maxillo-facial » est certes un adjectif et il s’accorde, mais il ne peut pas qualifier le dentiste qui pratique la chirurgie buccale et maxillo-faciale ; c’est une spécialité de la médecine dentaire qui est reconnue.
Chambaron vous l’a très bien expliqué.
Bonjour Joelle, et merci pour votre réponse.
Ma question portait sur l’orthographe, non sur les spécialités médicales.
Il manquait le contexte et j’aurais dû préciser l’époque : la Première Guerre mondiale. Le roman que je termine s’adresse à un public large.
J’admet une certaine redondance entre chirurgiens maxillo-faciaux et chirurgiens-dentistes. Mon intention était de ne pas oublier les dentistes . La face désigne également fronts, nez, pommettes.
Peut-être vais-je écrire :
Mes confrères chirurgiens spécialistes de la face et les chirurgiens-dentistes, accomplissaient des prodiges à l’arrière.
Mais la tournure de phrase devient plus lourde, et l’écriture a son importance vis à vis du lectorat.
Je vous renouvelle mes remerciements.
Sur un strict plan grammatical , maxillo-facial est un adjectif et s’accorde en conséquence. Il s’écrit avec trait d’union puisque maxillo- est un élément formant et non un mot indépendant.
Attention tout de même à l’abus de langage : on ne peut qualifier une personne de maxillo-faciale, terme qui s’applique à une partie du visage (un os, un muscle, etc.). C’est comme confondre chirurgien(-)dentiste et chirurgien dentaire (à l’instar d’une carie, d’un fil ou d’un problème). Le corps médical, trop occupé ailleurs, ne donne malheureusement pas l’exemple mais je préfère être suivi par un cardiologue que par un « médecin cardiaque ».
Cela se rencontre hélas souvent dans la langue relâchée et les médias nous servent régulièrement des « éleveurs bovins » à la place des « éleveurs de bovins ».
À lire, ce billet qui dénonce la prolifération de ces adjectifs dévoyés.
Bonjour Chambaron, et merci pour votre réponse éclairante.
Donc, pour éviter l’abus de langage, je devrais écrire :
Mes confrères spécialisés en chirurgie faciale et les chirurgiens-dentistes accomplissaient des prodiges à l’arrière.
Je vais y réfléchir en tenant compte du style d’écriture. Auteur, je n’oublie pas que je m’adresse à un lectorat.
Merci pour vos précisions et votre aide.
Nous sommes là pour éclairer les personnes qui cherchent des réponses argumentées, pas pour dicter des comportements. Votre nouvelle formulation sonne effectivement mieux.
Chacun fait en fin de compte ce qui lui plait mais les professionnels de la langue, surtout écrite, devraient avoir un minimum de respect pour leur matière première. Les réseaux sociaux font fleurir un langage totalement déstructuré qui ne bénéficie qu’aux dialogues de sourds et il devient difficile de trouver des personnes pour s’y opposer et préserver un socle commun.
J’ai relu et corrigé des centaines d’ouvrages et la dégradation est très sensible depuis quelques années.
Il n’y a ici aucun abus de langage. Les adjectifs relationnels existaient déjà en ancien français (en latin aussi d’ailleurs), un tout petit peu avant les réseaux sociaux, donc.
Ainsi, un maréchal grossier n’était pas un maréchal qui manquait d’urbanité, mais un maréchal qui s’occupait des gros ouvrages (avec ce même adjectif, marchand grossier = qui vend en gros).
Prince électoral côtoie prince(-)électeur, mais apparemment la première forme s’employait d’avantage que la seconde, ce n’est qu’assez récemment que la forme N + N est semble-t-il (légèrement) plus usitée que celle N + Adj. Rel.