que / où
Bonjour,
Ecrit-on :
c’est là que tu te trompes ou c’est là où tu te trompes ? (au figuré)
Merci!
Ann,
C’est là que tu te trompes est indéniablement correct.
Mais C’est là où tu te trompes l’est également.
C’est que l’habituel c’est là que est concurrencé par c’est là où , y compris dans un sens (emploi) figuré.
A telle enseigne que le Bon usage actuel (sans doute la meilleure grammaire actuelle) considère comme correctes des phrases comme celles-ci :
– « C’est là où Gaston comprit la haine de race » (Centaure de Dieu, p. 270). ,
– » C’est là où nous sommes bien obligés de contredire Péguy » (Trésor, t. 10, p. 878)…. , cit.
… et votre type d’énoncé (cf. § 456) :
« C’est là où vous vous trompez » (Jean Barois, Pl., p. 458). , —Centaure de Dieu, p. 270). ,
Voyez aussi le TLFi, art. là :
« Rem. 1. Le tour arch. (ou relâché de la lang. pop.) c’est là où pour c’est là que (au sens locatif). V. aussi où. Sur les bords de la Seine, aux environs de Rouen, dans une superbe campagne, au milieu d’une société nombreuse. Ce n’est pas là où je pouvois travailler, je le savois (COTTIN, C. d’Albe, 1799, p. 83). 2. Au fig., le tour est usuel (pour indiquer une situation ou une fin, un but). La tragédie, les tragédies de la haine familiale, c’est peut-être Corneille qui les a écrites. Et c’est là où nous sommes bien obligés de contredire Péguy, qui veut que tous les personnages de Corneille se battent « honorablement » (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 280) ».
Merci, Prince, j’ai encore appris quelque chose aujourd’hui !
Bonjour ann,
selon le Trésor de la langue française, »c’est là où… » pour »c’est là que… » au sens locatif est considéré archaïque ou populaire ; en revanche, ce tour est usuel au sens figuré (comme dans votre exemple) : »La tragédie, les tragédies de la haine familiale, c’est peut-être Corneille qui les a écrites. Et c’est là où nous sommes bien obligés de contredire Péguy […] » (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 280).
On peut donc trouver, dans la littérature, des phrases employant – toujours au sens figuré – tantôt »c’est là où », tantôt »c’est là que » : »C’est là où vous vous trompez (MARTIN DU G., Jean Barois, Pl., p.458) – »C’est là que Platon se trompe (P. LEROUX, Humanité, t. 2, 1840, p. 320) ».
Je vous souhaite une très bonne journée.
Bonsoir, et merci beaucoup à tous les trois ! C’est limpide.
Par figuré, j’entendais : se tromper d’idée ou autre, pas d’itinéraire.
Bonjour Ann, très bonne question !
La première proposition me semble la bonne, car le « où » de la seconde proposition est redondant avec le « là ».
Autrement dit, « là » répond déjà à la question qu’on pourrait se poser : « Où te trompes-tu ? Tu te trompes là. »
Pour vous aider à comprendre pourquoi, comparez :
« c’est à vous que je m’adresse »
et
« c’est à vous à qui je m’adresse »…
Qu’est-ce qui cloche ?
Eh bien, « à qui » est redondant avec « à vous » car « à vous » répond déjà à la question « à qui ? » :
« À qui t’adresses-tu ?
— À vous : c’est à vous que je m’adresse. »
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P.-S. : Qu’entendez-vous par « au figuré » ?