« que j’oserai » ou « que j’oserais » ? Futur ou conditionnel ?
Bonjour,
j’aimerais avoir l’avis d’experts sur cette question d’orthographe qui fait débat.
Dans une lettre, notre Ministre de l’Éducation, Mme Belkacem a écrit :
« Merci […] de cet échange que j’oserai qualifier d’agréable »
Or, un certain nombre de Twittos semblent penser qu’elle aurait dû écrire au conditionnel plutôt qu’au futur.
Qu’en pensez-vous ? « que j’oserai » ou « que j’oserais » ?
(Voici le Tweet en question : https://twitter.com/Valeurs/status/779336394187632641/photo/1)
Merci d’avance.
Flora
Bonjour,
Le futur est évident ici, c’est une forme d’affirmation atténuée (un futur de politesse).
Elle aurait pu dire de manière banale :
« Merci […] de cet agréable échange. »
Écrire :
« Merci […] de cet échange que j’oserais qualifier d’agréable. », laisserait à supposer que l’échange ne s’est pas toujours déroulé de façon sereine.
Il est des constructions qui demandent un peu de réflexion car le sous-entendu n’est pas toujours intuitif.
Pour la phrase du ministre, il faut essayer de percevoir le « si » potentiel qui changera tout.
— Soit elle dit : « Merci de cet échange que j’oserai qualifier d’agréable. » et dans ce cas, tout est dit. Il s’agit d’un procédé rhétorique par lequel on annonce quelque chose que l’on est en train de faire. Nous qualifierons cela de « futur immédiat ». D’ailleurs, je viens de le pratiquer à la fin de la phrase qui précède…
— Soit elle dit : « Merci de cet échange que j’oserais qualifier d’agréable… » (si des fâcheux ne s’y étaient invités par exemple). Encore faut-il que le contexte le rende compréhensible.
Dans les exemples très courants avec la tournure : « J’aimerais vous rencontrer pour […] « , le « si » est bien sous-entendu : si vous en êtes d’accord, si rien ne s’y oppose.
Finalement, et à défaut d’autres éléments, c’est bien le futur qui s’impose dans votre exemple tel que présenté.
Bonjour,
Je pense aussi qu’il y a une erreur. Notre ministre (sans majuscule) avait le choix entre un présent (j’ose) ou un conditionnel d’atténuation (j’oserais). Je ne vois pas bien ce qu’un futur voudrait dire ici. Essayez avec « nous », l’erreur devient flagrante.
P.-S. Après mûre réflexion, je me rends aux arguments de ces messieurs en faveur d’un futur : « j’oserai ». Le sous-entendu me semble plutôt « au risque de surprendre ».
Les deux sont possibles évidemment, pourquoi être aussi tranché ?
Il s’agit d’une précaution oratoire un peu « ancienne école » ; le conditionnel pourrait se concevoir, un peu elliptique certes, mais selon une manière prudente …
Le futur est, à mon sens, plus adapté puisqu’il s’agit de l’annonce, d’une affirmation future mais certaine. Les procédés oratoires tolèrent que l’on annonce ce que l’on va dire, dans un futur plus ou moins proche.
De toute façon, je préfère une tournure plus directe :
« Merci […] de cet échange agréable / courtois / fructueux / enrichissant… »
Le conditionnel d’atténuation s’impose ici.