Puis-je employer le subjonctif passé ?
Bonjour,
Je suis confrontée à la phrase : « Paul ! l’interpella Sylvie avant qu’il ne raccroche. »
Si je ne m’abuse, la grammaire voudrait que l’on écrivît : « Paul ! l’interpella Sylvie avant qu’il ne raccrochât. »
Ce qu’il n’est hélas pas souhaitable d’écrire de nos jours, notamment dans la partie narrative d’un roman. C’est plutôt laid, vieilli et ampoulé, me dira-t-on.
Ne voulant ni mettre un subjonctif présent dans la subordonnée en ayant un passé simple dans la principale ni employer le subjonctif imparfait pour les raisons précitées, puis-je, en dernier ressort, écrire: «Paul ! l’interpella Sylvie avant qu’il n’eût raccroché » ?
Merci de bien vouloir éclairer ma lanterne !
« Paul ! l’interpella Sylvie avant qu’il ne raccroche. »
Je sais que la forme correcte littéraire est « raccrochât » mais on utilise fréquemment le subjonctif présent n’est-ce pas ?
Eh bien… si on veut se faciliter la vie, oui. Si on veut respecter la grammaire, non. C’est toujours ennuyeux ce genre de tolérance qui finit, à terme, par devenir la règle, même si la chose, en soi, ne tient pas trop debout. Cette proximité du passé simple dans la principale et du présent dans la subordonnée me fait sursauter. Généralement, je cherche une solution palliative, mais là, je dois être fatiguée…
Chère Nadouchka,
En effet, l’emploi du subjonctif imparfait ne se fait guère plus qu’à la troisième personne du singulier pour des raisons esthétiques (voire l’article de Bescherelle sur le sujet : https://bescherelle.com/lemploi-du-subjonctif-imparfait ).
La forme que vous proposez, «Paul ! l’interpella Sylvie avant qu’il n’eût raccroché » est tout à fait correcte en ce qu’elle constitue bien une forme du subjonctif, mais à un temps composé (c’est du plus-que-parfait du subjonctif).
Enfin, du point de vue de l’esthétique, elle me semble très intéressante.
Bon dimanche,
PV
L’article que vous citez, à tout le moins succinct, n’entre pas dans les détails.
Le plus-que-parfait me semble correct aussi, mais j’hésite encore.
Merci !
Vous pouvez alors dire la chose autrement pour contourner la question :
Paul ! l’interpella Sylvie alors qu’il/ allait raccrocher/ qu’il était sur le point de raccrocher.
Ah, voilà, c’était exactement ce que je cherchais et qui, d’ordinaire, me vient assez facilement : une tournure palliative. Cette fois-ci, ma petite tête n’en trouvait pas. Merci beaucoup, Tara !
Quant au reste, entre ce qui est beau, ce qui ne l’est pas, ce qui est toléré, etc., je vous avoue que ces libertés avec la grammaire me laissent un goût amer. On commence par tendre un doigt et c’est tout le bras qui passe dans l’engrenage !