Pronom « le » ou « lui » pour représenter le sujet de l’infinitif utilisé avec « faire »
Bonjour,
J’ai posé une question il y a quelques jours (https://www.question-orthographe.fr/question/lui-faire-le-faire/), mais ni les réponses reçues ni la recherche dans le Bon Usage ne m’éclairent totalement.
Je la reformule ainsi : comment choisir le pronom représentant le sujet qui fait l’action du verbe à l’infinitif quand ce verbe est introduit par « faire » ? Accusatif « le » ou datif « lui » ?
La règle du Bon Usage, accompagnée de précautions et d’exceptions, dit qu’on met « lui » si l’infinitif a un cod, et « le » si l’infinitif n’a pas de cod.
Exemple simple : Je le fais boire / Je lui fais boire du thé. Le rôle du pronom est toujours celui d’agent, de sujet de l’infinitif, mais on applique une différence de construction. Le Bon Usage admettant des exceptions dans les deux sens, je suis à la recherche de justifications.
Voici la nuance que je vois, mais c’est peut-être une invention de ma part : est-ce que « il (le/lui) » est le sujet volontaire de l’infinitif, ou faut-il donner la priorité au fait qu’il subisse et donc soit davantage un objet (de faire) qu’un sujet (de l’infinitif suivant faire) ?
— Je lui ai pris la main pour l’aider à traverser la rue : Je lui ai fait traverser la rue.
— Je l’ai fait valdinguer jusqu’au trottoir d’en face : Je l’ai fait traverser la rue.
— Je l’ai convaincu : Je lui ai fait changer d’avis.
— Je ne lui ai pas laissé le choix : Je l’ai fait changer d’avis.
Est-il acceptable de faire ces distinctions ?
Bonjour,
Numeric a dit : Le Bon Usage admettant des exceptions dans les deux sens, je suis à la recherche de justifications.
Vous pourrez trouver des éléments de réponse dans cet ouvrage (pages 9 à 15).
Bonsoir Numeric.
Le Bon usage actuel (§ 903, a, b-1°, ainsi que c, 1° et 2°) traite de la question. Le b, 1°, examine même le cas de l’infinitif postposé à faire et ayant un O.D.
Je ne crois pas qu’on puisse faire d’autres distinctions et exceptions que celles prévues dans ces passages.
Merci Prince. Votre référence « BU 903 b 1 » est précisément la référence que j’ai donnée dans la question précédente. Elle dit :
« Après (ou plutôt avec) faire, en général, l’agent se met au datif » puis plus loin : « quand l’agent est exprimé par un pronom personnel, celui-ci se met parfois à l’accusatif ».
Quand l’infinitif a un cod, la règle générale pour le pronom qui lui sert de sujet est donc le datif, mais pour le choix de l’accusatif, le BU cite quand même six cas :
— Et c’étaient des joies, des douceurs qui la faisaient bénir Dieu de son sort.
— Les femmes les plus naïves ont un sens merveilleux qui les fait ressaisir bientôt tout l’empire qu’elles ont laissé perdre.
— L’inquiétude naturelle aux malades qui les fait essayer sans cesse de nouveaux régimes.
— Des nouvelles un peu moins bonnes les firent précipiter leur départ.
— Je l’avais fait jurer qu’il viendrait.
— Il m’est impossible de le faire aborder ce sujet.
Vous écrivez « Je ne crois pas qu’on puisse faire d’autres distinctions et exceptions que celles prévues dans ces passages ». C’est-à-dire que vous estimez qu’il existe en tout et pour tout six exceptions à la règle générale. Vous vous trompez, ce n’est pas une liste d’exceptions, mais une liste d’exemples. Ce sont des exemples montrant que l’accusatif est possible.
Vous m’avez déjà donné votre avis dans ma question précédente, j’ai recréé une question pour demander à d’autres contributeurs s’ils voient des nuances de sens dans l’utilisation du pronom agent selon sa forme accusatif ou datif (le ou lui, les ou leur).
Numéric, je me vois contraint de vous répondre de/à nouveau, puisque vous m’avez mal compris* ou que je me suis mal exprimé.
* Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit ! 🙂 : j’avais bien vu que les six citations que vous reproduisez sont des exemples, des illustrations (de l’indication suivante du B.U. : « Quand l’agent est exprimé par un pronom personnel, celui-ci se met parfois à l’accusatif. »), et non pas des exceptions à cette indication. Au demeurant, c’est vous-même qui évoquez des « cas », alors qu’il s’agit donc de simples exemples, littéraires ou non (cf. votre « mais pour le choix de l’accusatif, le BU cite quand même six cas« ).
Les indications données par cette excellente grammaire au sujet de la question de savoir si l’agent se met au datif (= il a la forme d’un C.OI.) ou à l’accusatif (= il prend la forme d’un C.O.D.) lorsque l’infinitif se situe après le verbe faire conjugué et a un objet direct ne sont pas très difficiles à comprendre et peuvent être résumées ainsi :
1. Règle générale
Dans le cas qui nous occupe (cf. ci-dessus : faire conjugué + infin. avec un O.D.), l’agent se met « en général » au datif ( ou bien il se construit avec par, parfois avec de).
Ex. : Ne faites pas dire à Cicéron une chose qu’il n’a jamais dite (Littré cité par le B.U.).
2. Exception
Quand l’agent est exprimé par un pronom personnel, celui-ci se met parfois à l’accusatif.
Ex. : Et c’étaient des joies, des douceurs qui la faisaient bénir Dieu de son sort (S. Beuve cité par le B.U.).
« Cela arrive même, dans une langue assez recherchée, quand l’agent est un nom ou un pronom indéfini placés entre faire et l’infin. » :
Ex. : Un mouvement extraordinaire […] a fait l’auditoire se lever (Berlioz cité par le B.U.).
3. Cas particuliers
a. « Quand l’agent et l’objet direct de l’infinitif sont tous deux des pronoms personnels, si les deux pronoms sont joints devant le verbe principal, le pronom agent se met au datif » :
Ex. : Ce devoir, je le lui ferai recommencer, ne le lui faites pas recommencer.
« Mais si les deux pronoms ne sont pas joints devant le verbe principal, le pronom exprimant l’agent se met à l’accusatif « :
Ex. : Ce mot d’« estime » […] la faisait me remercier (S.-Beuve cité par le Bon usage).
En particulier, lorsque le verbe principal est à l’impératif et qu’il n’est pas précédé des deux pronoms conjoints, le pronom agent peut être : 1) au datif : Ce livre, laissez-le- lui lire. Ce devoir, faites-le-leur recommencer ; — 2) à l’accusatif : Ce livre, laissons-les le lire en paix. Laisse-le te guider.
b. « Quand l’infinitif est un verbe pronominal (dont le pronom est conservé, son agent se met à l’accusatif » :
Ex. : Je la vis se rapprocher de sa sœur (Fromentin cité par le B.U.).
Sources : très précisément, celles citées dans ma réponse précédente.
Je confirme que je crois que l’on ne peut guère aller plus avant pour savoir si l’on doit utiliser le datif ou l’accusatif dans les cas de l’espèce.
Prince, vous pouvez recopier tout le livre, mais ça ne sert à rien de copier des paragraphes sans comprendre, pour essayer de noyer le poisson. Dans une grammaire, il faut identifier les lignes qui concernent le cas à traiter, ce qui est fait depuis plusieurs jours.
+ Point 903) Agent de la proposition infinitive objet direct
+ a) sans objet direct
+ b) avec objet direct
+ b1) avec « faire »
+ b1(i) exemples avec le datif
+ b1(ii) exemples avec l’accusatif
+ b1(iii) quand l’agent est nom : NE ME CONCERNE PAS, C’EST ECRIT PRONOM DANS LE TITRE
+ b2) avec autre verbe que faire : NE ME CONCERNE PAS
+ c) cas particuliers : NE ME CONCERNE PAS
+ c1) deux pronoms personnels : NE ME CONCERNE PAS, IL N’Y A PAS DEUX PRONOMS PERSONNELS
+ c2) verbe pronominal : NE ME CONCERNE PAS : TRAVERSER N’EST PAS PRONOMINAL
+ c3) NE ME CONCERNE PAS
+ c4) NE ME CONCERNE PAS
Vous vous trompez totalement en ajoutant des paragraphes pour y chercher des « distinctions et exceptions ».
Ma question porte sur le pronom agent de l’infinitif (en particulier si cet infinitif a un cod) suivant le verbe faire.
Pour mon exemple « Je le/lui ai fait traverser la rue », l’objet de ma question est cadré par les références du Bon Usage que j’ai données dans la question précédente. Et j’ai encore rappelé ci-dessus les lignes qui me concernent. Je les réécris :
903 Agent de la proposition infinitive objet direct
b) quand l’infinitif a un objet direct
b1) avec « faire »
« Après faire, en général, l’agent se met au datif (i) » puis plus loin : « quand l’agent est exprimé par un pronom personnel, celui-ci se met parfois à l’accusatif (i) ».
Je suis bien dans le cas du pronom. Ma question est donc de trouver des critères pour trancher entre b1(i) et b1(ii).
Merci de ne plus intervenir ici. Je vais probablement recréer une question, dont je vous demande de vous tenir éloigné.