Problème avec une proposition de condition introduite par si.
Je suis extrêmement sceptique quant à une phrase rencontrée dans une dictée. Voici ladite phrase en question. Je rédige également la phrase précédente afin de faciliter la compréhension de l’ensemble.
Elle ne voyait que ce courtisan, un bel Adonis aux yeux pers qui pavanait comme un paon.
Si la nature m’eût pourvu d’un corps d’Apollon, il en aurait été autrement.
Ma vive préoccupation porte sur la forme verbale de la proposition subordonnée à savoir : eût pourvu. Il s’agit ici d’un conditionnel passé deuxième forme, or je pensais que l’on ne devait JAMAIS utiliser le conditionnel dans une proposition subordonnée de condition introduite par si.
La forme correcte est bien eut pourvu sans accent non ?
Cette forme est bel et bien correcte. 😉 Elle relève, bien sûr, du style littéraire. Lorsque la condition et la conséquence se rapportent au passé, on peut employer le subjonctif plus-que-parfait dans les deux propositions ou bien dans l’une des deux seulement. Ainsi, les quatre phrases suivantes sont équivalentes (et correctes) :
– S’il l’avait pu, il y serait allé.
– S’il l’eût pu, il y fût allé.
– S’il l’eût pu, il y serait allé.
– S’il l’avait pu, il y fût allé.
Conditionnel passé et plus-que-parfait du subjonctif sur la BDL
Sur le principe, je vous rejoins.
Le verbe des propositions introduites par si se met à l’indicatif.
S’il s’agit d’une condition présentée comme imaginaire ou irréelle, on emploie après si, dans la langue ordinaire, l’imparfait ou le plus-que-parfait de l’indicatif, tandis que le verbe principal est ordinairement au conditionnel présent ou passé (selon que les faits concernent le présent ou le futur ou bien le passé) :
La formule « Si la nature m’eut pourvu d’un corps d’Apollon, il en aurait été autrement. » est tout à fait correcte.
Toutefois, lorsqu’il s’agit du passé, la langue littéraire admet le plus-que-parfait du subjonctif (appelé aussi conditionnel passé deuxième forme), soit à la fois après si et pour le verbe principal, soit pour l’un des deux seulement :
« S’il fût venu, je l’aurais su. » (Littré).
« Je fusse tombée s’il ne m’eût tenue. » (Chr. Rochefort, Repos du guerrier).
« Si le ciel qui m’a placé sur le trône m’eût fait naître dans un état obscur, eussiez-vous daigné descendre jusqu’à moi… » (Diderot, Les Bijoux indiscrets).
On peut donc admettre, dans la langue littéraire :
« Si la nature m’eût pourvu d’un corps d’Apollon, il en aurait été autrement. » mais la proposition est osée pour une dictée.
Bonjour
Cette question a déjà été abordée le 12 février 2015.
Voir « m’eut » ou « m’eût » ? Indicatif ou subjonctif ?