Prendre conscience
Bonjour tout le monde,
Et bonne année.
J’ai un doute.
Faut-il écrire :
« Elle prit conscience d’à quel point cela lui avait manqué. »
ou bien
« Elle prit conscience à quel point cela lui avait manqué. »
Pour moi, il faut le d’, mais on me dit que non.
Merci pour votre aide.
Bonsoir,
Pour ma part votre phrase : « Elle prit conscience d’à quel point cela lui avait manqué. » est celle à retenir sans hésitation.
On prend conscience de ou on prend conscience que.
Mais je préfère la formulation, si le sens de votre pensée n’en est pas modifié : « Elle prit conscience que cela lui avait manqué au plus haut point»
Il me semble que les deux ne sont pas très corrects.
Elle a pris conscience de l’importance du manque d’argent / du manque de cela.
Elle a éprouvé / ressenti / compris à quel point cela lui avait manqué. (éviter : elle aréalisé)
« Prendre conscience de » + nom
Elle a pris conscience d’un manque, de la disparition … de l’importance..
« à quel point » est une locution adverbiale qui signifie « combien ». La préposition est inutile devant l’un ou l’autre adverbe qui introduisent une construction indirecte : verbe + mot introducteur (ici adverbe)+ proposition
Elle a pris conscience combien/ à quel point cette chose lui avait manqué
Elle savait combien / à quel point cette chose lui avait manqué
Elle disait combien / à quel point cette chose lui avait manqué
Elle demanda combien / à quel point cette chose lui avait manqué
—-
Autres mots introducteurs :
conjonction de subordination « que »
Elle a pris conscience que cette chose lui avait manqué énormément
* Le mot « combien » n’introduit pas par lui-même une construction indirecte. La simple présence du mot « combien » n’empêche pas la présence normale de la préposition « de » liée à un verbe transitif indirect. On dit « tu me parles de combien de chaises » et non « tu me parles combien de chaises ».
* Vos trois exemples avec des verbes transitifs directs (elle savait combien, elle disait combien, elle demanda combien) n’appellent pas ici la préposition « de » pour la simple raison que ce sont des verbes transitifs directs qui n’appellent jamais la préposition « de ». La question porte sur une locution verbale transitive indirecte : « prendre conscience de ». Vos trois exemples sont hors sujet, et semblent avoir été mis pour faire un parallèle qui n’a pas lieu d’être, ou pour noyer le poisson.
* La question d’Anouck porte sur une construction normalement indirecte, et elle demande pourquoi dans cette circonstance précise on peut supprimer le « de » au risque que la construction apparaisse comme étant directe. Est-ce bien le cas ? Est-ce une construction directe avec un verbe appelant pourtant une construction indirecte ? Quelle est la fonction grammaticale dans cette phrase de ce qui suit « prit conscience » ?
L’enjeu n’est pas si important que je veuille noyer le poisson. A supposer qu’il y ait un poisson.
« Combien » a plusieurs acceptions.
1 tu me parles de combien de chaises
2 et il ne faut pas oublier combien ce gouvernement fut fort (exemple du TLF ci-dessous)
Dans ces deux phrases « combien ‘a pas le même sens. En 2 il signifie « à quel point. En 1 c’est un interrogatif
Le TLF :
B.− Intensité en construction indirecte.
Je trouve que le point est intéressant et pas si facile.
Vous écrivez : «
Et là est bien la question.
Je pense qu’on ne contestera pas la validité de cette phrase :
il prend conscience que son attitude ne convenait pas.
Prendre conscience + que + proposition.
Pourquoi refuser un autre mot introducteur :
il prend conscience combien son attitude était inconvenante.
En tous cas celui-ci, qui permet, en face de « que », d’exprimer l’intensité?
Ce fut mon raisonnement.
Quant à la fonction de combien son attitude était inconvenante, elle serait la même que celle de que son attitude ne convenait pas : COD et du même coup, on accepterait que « prendre conscience »puisse avoir cette construction directe.
(Mon conditionnel, parce que j’attends vos remarques qui, peut-être, montreront les failles de mon petit raisonnement).
* Le fait de noyer le poisson n’a aucun rapport avec l’importance de l’enjeu. Par ailleurs, oui, l’analyse grammaticale pour répondre à une question portant sur la grammaire est importante, elle est au cœur du sujet. On ne commence pas une réponse en disant clairement que la question n’a en réalité pas d’importance. Si elle n’a pas d’importance, n’y répondez pas. Si vous répondez tout de même, dissimulez au moins votre mépris pour une question fondamentale concernant la notion même de COI.
* Oui, il y a un poisson dans la liste de vos quatre exemples, c’est le COI, COI que vous entourez de trois COD dans le cadre d’une argumentation par parallélisme supposé, de sorte qu’une personne peu attentive ne repèrera plus la spécificité de la phrase avec verbe transitif indirect, et ne s’étonnera pas de la disparition de la préposition « de ». C’est ce qu’on appelle noyer le poisson. C’est une très bonne technique pour faire taire les enfants raisonneurs, mais elle n’est pas licite sur un site de grammaire.
* Il est inutile de recopier le dictionnaire et d’invoquer Renan, Renard et Maurois pour nous convaincre que l’adverbe « combien » a plusieurs sens, on est tous au courant, on est ici sur un site d’orthographe et de grammaire. Mais ces trois auteurs, dans vos trois exemples, utilisent « combien » à la suite d’un verbe transitif direct : « il ne faut pas oublier combien… », « elles ne savent pas combien… », « Dieu savait combien… ». Vous recommencez à noyer le poisson en listant trois exemples de « combien » suivant un verbe transitif direct. Ce n’est absolument pas la question d’Anouck. La question d’Anouck porte sur le maintien ou non de la préposition « de » entre un VERBE TRANSITIF INDIRECT et un complément commençant par un adverbe. Pourquoi recommencer avec le même raisonnement fautif ?
* Si vous avez souligné « construction indirecte », c’est parce que vous avez mal compris ce qu’écrit le TLFi, qui dit par là que l’adverbe d’intensité peut être construit directement (combien je t’aime !) ou indirectement (tu sais combien je t’aime), comme il y a des questions directes (m’aimes-tu ?) et des questions indirectes (dis-moi si tu m’aimes). Il ne s’agit en aucun cas d’une référence à la construction du verbe qui introduit ce complément. Vous faites un contresens.
* Je crois que la première moitié de votre réponse était juste destinée à nous faire perdre du temps, et à sélectionner les plus endurants d’entre nous avant de commencer votre vraie réponse. Ce procédé est un peu agaçant.
* Oui, on peut effectivement dire « il prend conscience que son attitude ne convient pas », « il s’aperçoit que son attitude ne convient pas », et la proposition complétive est bien un COI. On le repère en utilisant des pronoms : il s’aperçoit de cela, il s’en aperçoit. Tandis que dans « il sait que son attitude ne convient pas », la proposition complétive est un COD. On le repère en utilisant des pronoms : il sait cela, il le sait.
On a alors un COI sans préposition introductive (il s’aperçoit du fait que… = il s’aperçoit que… = il s’en aperçoit).
* Non, ce n’est pas la présence d’un adverbe d’intensité en tête de proposition complétive qui transforme un COI en COD, et un verbe transitif indirect en verbe transitif direct. Les notions de COD et de COI, sans être l’alpha et l’oméga de la grammaire française, ne sont pas bousculables ou anéantissables pour la simple raison qu’on a rencontré une construction dans laquelle une préposition disparaît sans qu’on sache pourquoi. Et d’ailleurs doit-elle réellement disparaître, cette préposition ? C’est la question.
Au lieu de vous demander si la préposition doit disparaître, vous dites : puisqu’il est évident que la préposition doit disparaître, je vais vous expliquer pourquoi. C’est le contraire d’un raisonnement.
* L’argument « on dit bien…, alors pourquoi refuser… ? » n’est pas un argument. Il est du même niveau que celui consistant à lister des phrases qui se ressemblent plus ou moins pour en tirer la conclusion que toutes sont valides. Cela ne s’appelle pas un raisonnement. Rendez-vous compte de ce que vous écrivez : « Puisqu’une conjonction de subordination assure bien l’articulation entre deux propositions, alors pourquoi un adverbe d’intensité ne pourrait-il pas le faire ?« . Comment pouvez-vous appeler cela un raisonnement ?
* La conjonction de subordination « que » articulant deux propositions et l’adverbe d’intensité « combien », pour correspondre à votre vision, vous les fusionnez en « mots introducteurs ». Vous avez réellement écrit cela un peu plus haut. Est-ce que vous ne pensez pas que c’est un peu le niveau zéro de la grammaire ?
Votre agressivité me saisit. Vous me prêtez des intentions ridicules. Si mon raisonnement est faux, il aurait suffi de le démontrer. Il est inutile de m’accuser de je ne sais quelles manipulations. Je ne suis pas ici pour essayer de berner les personnes qui posent des questions à la seule fin de me faire valoir. Je n’ai rien à prouver.
L’esprit de votre message ci-dessus ne donne absolument pas envie d’échanger. Je doute qu’il soit très pédagogique.
Que les choses soient claires pour ceux qui nous lisent : je ne suis pas linguiste. J’essaie, à mon niveau, de réfléchir sur la langue et je remercie ceux qui m’aident à le faire. Quand je me trompe, je suis toujours prête à le reconnaître et reconnaissante à qui m’éclaire.
CParlotte : dommage de placer les échanges sur ce plan et à ce niveau.
Il ne s’agit pas ici d’échanger, vous pouvez échanger au café ou sur Facebook, il s’agit ici de savoir si vos six exemples :
— Elle savait combien cette chose lui avait manqué
— Elle disait combien cette chose lui avait manqué
— Elle demanda combien cette chose lui avait manqué
— il ne faut pas oublier combien ce gouvernement fut fort lorsqu’il s’agit d’écraser l’esprit, et faible lorsqu’il s’agit de le relever.
— Elles ne savent pas, ces dames, combien vite un homme se lasse d’une grue.
— Le soir, Gladstone nota dans son journal que Dieu savait combien il regrettait d’avoir été l’instrument choisi pour amener la chute de Disraëli.
sont articulés autour d’un verbe transitif direct ou d’un verbe transitif indirect.
Vous pouvez encore sortir trois nouveaux auteurs, trois nouvelles phrases, qu’est-ce que vous prouverez de plus ?
Vous pensez qu’en nous noyant sous des exemples sans rapport avec la question on finira bien par craquer et suivre vos exemples ?
On n’est pas là pour parler de vous, on est là pour parler des COMPLÉMENTS DE VERBES TRANSITIFS INDIRECTS.
Anouck demande comment trancher entre ces deux phrases :
1 — Elle prit conscience d’à quel point cela lui avait manqué.
2 — Elle prit conscience à quel point cela lui avait manqué.
* Joëlle dit que les deux sont incorrectes, je pense un peu comme elle, mais elle ne fait pas semblant de le démontrer.
* Ouatitm dit que c’est la version 1 qui est la bonne, et je pense que son formalisme mériterait d’être confronté à l’usage autant qu’aux analyses de grammairiens, mais au moins il ne fait pas semblant de démontrer la justesse de son avis.
S’ils justifiaient leurs avis par des raisonnements invalides, je le leur dirais, mais ce n’est pas le cas.
* Vous dites, vous, que c’est la version 2 qui est la bonne, juste en déversant des flots d’extraits de dictionnaire, des citations n’ayant aucun rapport avec le cas que nous étudions, en évacuant le « de » d’un simple « la préposition est inutile », en inventant le concept de « mot introducteur » pour fusionner les notions de conjonction de subordination et d’adverbe d’intensité. Alors oui, face à ce que vous appelez « mon raisonnement », on est un peu tenté de vous demander des précisions.