Pourquoi ce n’est pas du subjonctif ?
Bonjour,
J’aimerais savoir si la phrase suivante est correcte et si oui, pourquoi ce n’est pas du subjonctif : <<Il me semble que tous les Français sont d’accord sur ce point.>>
Merci
Bonsoir,
L’expression impersonnelle « Il semble que » peut faire suivre l’indicatif comme le subjonctif.
L’indicatif accompagne une information quasi certaine (« Il semble que tous les Français sont d’accord.« ) ; il semble, de manière très formelle, exprime alors une sorte de constat, de conclusion à un fait.
Le subjonctif maintient une part d’interrogation, de doute, d’éventualité, de recherche d’assentiment : (« Il semble que tous les Français soient d’accord.« ) ; il semble continue à signifier que ce ne pourrait être qu’une apparence.
En intercalant ici un pronom personnel, l’expression « Il me semble » ou « Il nous semble » acquiert un sens purement formel d’atténuation polie pour introduire un avis. L’avis, en tant que tel, constitue une information, certes subjective mais une information tout de même ; celle-ci s’exprime à l’indicatif.
Au risque de paraître têtue :
Qu’il pleuve aujourd’hui ne m’arrange pas, je devais sortir.
Qu’on m’explique de quelle façon le subjonctif exprime le doute pour le phénomène pluvieux
Je ne comprenais pas qu’il pleurât pour si peu.
Même chose : où est le doute ? l’incertitude ?
« Qu’il pleuve » et « qu’il pleurât » sont des faits acquis, appartiennent au réel du locuteur. La présence du subjonctif DOIT s’expliquer autrement. J
Je vais répéter ce que j’ai écrit dans mon premier message. Dans ces deux cas on le voit bien, le subjonctif ne présente pas le fait comme une information mais comme un sujet de réflexion.
Personnellement, je n’ai jamais prétendu que l’emploi du subjonctif se confondait avec l’expression du doute ou de l’incertitude. Ce n’est qu’une possibilité, ni exclusive ni même majoritaire. Les règles d’usage sont tellement complexes qu’on ne sait même plus pourquoi on emploie le subjonctif ou pas, au point qu’il faille mener des recherches pour tenter de le comprendre. Lorsque le choix est possible, comme dans l’exemple « Il semble que tous les Français sont/ soient d’accord. », j’ai tendance à souscrire à votre théorie et c’est dans cet esprit que j’ai aussi indiqué la recherche d’assentiment, quelque chose qui relève de la proposition d’idée. Pour autant il ne faut pas négliger toutes les contraintes que la langue a arbitrairement imposées, sans que la logique puisse être invoquée.
Je comprends qu’on doive simplifier les explications et recommandations concernant le choix entre indicatif et subjonctif, mais je suis toujours gênée par le fait que des phrases échappent toujours ici ou là à ces tentatives de mise en règle.
En réalité le choix entre les deux modes est toujours d’ordre sémantique, dépend toujours de l’intention du locuteur et on ne peut pas se satisfaire des notions de doute et d’incertitude, dès qu’on creuse un peu.
—
Je ne peux que rappeler ceci concernant les implications de ce choix entre indicatif et subjonctif
En disant que dans soient d’accord, le subjonctif soient exprime aussi le doute (comme dans « il me semble », on postule une redondance du sens.
Mais on peut y voir seulement (et plus justement) une compatibilité sémantique (de sens) entre, l’idée de doute et le type d’information qu’exprime le subjonctif.
[…]
L’état de choses à l’indicatif est donné en tant que fait même, le locuteur ayant précisément une intention informative : il veut signaler qu’il lui est manifeste (ici : ressenti comme réel) ou qu’il cherche à lui donner ce statut auprès de tiers. Il a un caractère informationnel de premier plan.
Il me semble que tous les Français soient d’accord sur ce point.
Inversement le subjonctif ne procède pas d’une intention d’intégrer le fait dans l’univers de croyances commune, mais le montre sous l’angle de ses implications.
Autrement dit ici, le fait n’est donné que comme objet de réflexion et non en tant qu’information concernant l’environnement cognitif.
Nuance certes dans des phrases isolées mais différence fondamentale quand elles sont prises en contexte. Les locuteurs ne s’y trompent pas et saisissent fort bien les implication du choix de l’un ou l’autre mode, à tel point que l’emploi du subjonctif peut apaiser une conversation un peu vive où les points de vue s’affrontent…
En effet, le seul fait d’utiliser le subjonctif peut montrer que le locuteur ne cherche pas à faire entrer dans l’environnement cognitif de son vis à vis, un fait dont il montre qu’il n’est qu’un sujet de réflexion.
Un -1 un peu ridicule et qui sanctionne des études sérieuses sur le subjonctif, travaux auxquels je me réfère (mais j’ajoute que ce n’est pas moi qui les conduis).