Pluriel pêche-cavale
Bonjour,
J’aimerais connaître le pluriel de pêche-cavale (c’est une sorte de poisson). Je n’arrive pas à savoir si ce mot composé est formé de deux verbes, deux noms ou de l’un et de l’autre et les règles du pluriel changent !
Des avis ?
Merci!
Bonjour,
Le pêche-cavale est un poisson côtier tropical présent dans tous les océans. Bien qu’il ait pu aussi être appelé « chinchard gros yeux « , ce n’est pas la même espèce que le chinchard de Bretagne. Tous deux appartiennent cependant bien à la même famille, celle des carangues.
C’est un poisson dont la pêche est très populaire à Tahiti et à La Réunion, le seul endroit semble-t-il où on le surnomme pêche-cavale.
Les spécialistes des poissons lui ont accordé en français le nom normalisé de Sélar coulisou.
J’aurais aussi tendance à considérer que le mot est composé de deux noms, et donc à les accorder tous deux au pluriel : des pêches-cavales. L’origine du nom n’est pas évidente à comprendre (je continue mes recherches). Ce qui est surprenant, c’est qu’il s’applique aussi pour désigner sa pêche. En créole, on dit ainsi : « Mi sa va pès kaval « , ce qui pourrait se traduire en français : « Je m’en vais de ce pas m’adonner à la pêche cavale dans l’espoir d’attraper des Sélars coulisous. » Je ne crois pas que cavale ait à voir avec une quelconque jument. Peut-être ce nom provient-il du fait qu’il faut se dépêcher (cavaler) pour profiter du passage d’un banc de ces poissons ou pour lancer et relancer sa ligne quand les pêches-cavales mordent frénétiquement à l’appât. Traditionnellement, on les attrape à la senne de plage ou à la canne (dite localement gaulette).
Pêche-cavale est une appellation non scientifique : il faudrait savoir selon quelle référence il a été nommé ainsi à la Réunion (je crois que c’est le chinchard en Bretagne).
Il me semble qu’il est formé sur deux noms communs : la pêche (action de pêcher) la cavale (synonyme de jument). Voir ICI
J’écrirais les pêches-cavales.
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Nom scientifique : Selar crumenophthalmus
Classification supérieure : Selar
Rang : Espèce
Ordre : Carangiformes
Merci à tous les deux pour vos réponses précises et très riches !
Bonsoir,
après avoir creusé un peu pour tenter de décrypter le sens du mot pêche-cavale et d’en trouver les origines, voici les réflexions qui m’ont aiguillé et les explications qui me semblent crédibles à défaut d’être certaines. Merci notamment à mon ami François qui vit dans un petit port de pêche normand.
Le nom pêche serait probablement une transformation créolisante du mot perche, qu’on utilise comme terme générique pour désigner de nombreuses espèces de poissons ayant quelques traits de ressemblance. La disparition ou l’atténuation du son r est effectivement courante en créole.
Le nom cavale serait bien une variante du mot cheval. Cet ajout ne semble pas avoir été inventé à La Réunion, mais hérité des surnoms européens de son très proche cousin, le chinchard. En effet, celui-ci est appelé en anglais horse-mackerel (maquereau-cheval). On raconte parfois pour justifier ce rapprochement que les chinchards pouvaient transporter sur leur dos d’autres petits poissons à la manière des chevaux, mais cela ressemble fort à une élucubration. Le mot horse-mackerel pourrait avoir été repris d’un mot équivalent en vieil-hollandais. Tous les noms germaniques désignant le cheval et sonnant à peu près comme horse auraient une même racine indo-européenne kers qui signifiait courir. Au fil des transmissions, il pourrait finalement n’y avoir aucun lien avec l’animal lui-même mais avec ses qualités de coureur. Or le pêche-cavale est particulièrement vif.
Un pêche-cavale serait donc en fait une perche-cheval. Le genre est généralement indifférencié en créole avec usage de un comme article indéfini singulier on dit par exemple : un madame). Au pluriel, un mot-composé accorde au pluriel les deux noms qui le composent, et donc des pêches-cavales.