pluriel ou singulier
Bonjour,
Dois-je écrire :
Il déclare ne pas avoir créé ou laissé créer de servitude ou de droit de jouissance spéciale qui ne seraient pas relatés aux présentes.
OU
Il déclare ne pas avoir créé ou laissé créer de servitude ou de droit de jouissance spécial qui ne serait pas relaté aux présentes.
MERCI
Extrait de l’article de la BDL
La règle générale d’accord avec des sujets unis par un coordonnant est de faire accorder le verbe avec l’ensemble des sujets, c’est-à-dire de mettre celui-ci au pluriel même si les sujets sont au singulier. Toutefois, avec le coordonnant ou, il faut considérer le sens qui prévaut dans le contexte; ou peut en effet exprimer soit une idée de choix, soit une idée d’addition ou de choix.
Lorsque les sujets sont au singulier et qu’ils peuvent tous faire l’action exprimée par le verbe, l’accord se fait au pluriel; c’est alors l’idée d’addition ou de choix qui prévaut, puisque tous les sujets peuvent faire l’action.-
Le directeur ou le chef de service doivent être présents à la réunion de demain.
Lorsque les sujets sont au singulier et qu’un seul d’entre eux peut exécuter l’action exprimée par le verbe, l’accord se fait au singulier; c’est l’idée de choix qui domine et qui impose l’accord avec un seul des sujets.
La directrice ou son adjointe prendra la parole.
Lorsque les sujets sont au singulier et que le deuxième sujet est entre virgules, le verbe est au singulier, et ce, même si les deux sujets peuvent faire l’action exprimée par le verbe; il y a alors généralement une idée de rectification exprimée par le second élément. De même, lorsque le sujet est suivi d’un synonyme placé entre virgules, le verbe doit être au singulier.
– Sa persévérance, ou plutôt sa patience, lui permit d’obtenir ce qu’il désirait.
– La bernache du Canada, ou outarde, est un oiseau migrateur.
A.
L’expression « droit de jouissance spéciale« s’écrit ainsi. On pourrait penser à un droit spécial, mais non. On pourrait aussi penser que dans la phrase, l’adjectif s’applique à servitude comme à droit-de-jouissance (avec le sens de quelconque, particulier, de quelque nature que ce soit…), et se demander si la coordination « ou » demande le pluriel ou pas, mais non.
Vous devez obligatoirement écrire « spéciale ». Vérifiez cela en cherchant le sens de « droit de jouissance spéciale » auprès d’un juriste ou simplement sur Google.
B.
De façon générale, un groupe composé de deux noms coordonnés par « ou » ne devrait pas être sujet.
— Le chien ou le chat est mort.
— Le chien ou le chat sont morts.
Ça ne veut tellement rien dire qu’on se demande pourquoi des sites continuent à nous expliquer s’il faut conjuguer au singulier ou au pluriel.
* Les exemples de l’Office québécois de de la langue française, page citée plus haut par Tara, sont à peu près de ce niveau :
— Jocelyn, Maxime ou Françoise se joindront à nous plus tard.
— Francine ou Thérèse sera la responsable de ce projet.
Ce n’est pas du français, « Francine ou Thérèse » n’est pas un sujet acceptable de verbe, il ne faut pas se fier à cette page. Sans compter qu’ils ont certainement une autre page pour nous apprendre à accorder en genre : « Francine ou François sera présent ou présente ? » et qui est identiquement ridicule.
* La page du Robert citée ci-dessus par Catbaloo se termine par :
— Toi ou moi arrivera le premier.
Ce n’est pas du français, il ne faut pas se fier à cette page. Cet éditeur de qualité durant presque soixante-dix ans, est en pleine dérive. Heureusement qu’Alain Rey est mort et ne voit pas cela.
Comme COD, ce n’est pas forcément plus clair, même si le problème de conjugaison disparaît.
— J’ai adopté un chien ou un chat. — Un chien ou un chat ? — Oui.
Ça ne veut rien dire non plus.
— J’ai créé une servitude ou un droit de jouissance spéciale.
Ça ne veut rien dire non plus. Le gars il doit bien savoir ce qu’il a créé ou pas.
Donc on renonce totalement aux fiches internet idiotes BDL ou Robert pour choisir.
La conjonction de coordination « ou » reliant deux groupes substantifs est utilisable dans des situations d’hypothèse, d’interrogation, et de négation.
— Si un chien ou un chat entrait…
— Aimerais-tu adopter un chien ou un chat ?
— Je ne veux pas adopter de chien ou de chat.
C’est le cas dans votre phrase : le « ou » est utilisé en contexte négatif dans la proposition dont il est COD.
— Je n’ai pas créé de servitude ou de droit de passage.
— Je n’ai rien créé, qu’il s’agisse d’une servitude ou d’un droit de passage.
Cela signifie que je n’ai créé ni l’un ni l’autre, et à aucun moment il n’est envisagé que je puisse avoir créé l’un et l’autre.
Le sens est « aucune servitude ni aucun droit de passage« , et le verbe à suivre, complétant le COD, est obligatoirement au singulier.
Dans le verbe à suivre, on parle de l’un ou l’autre, quel qu’il soit.
C.
Il y a dans votre question deux choses indépendantes l’une de l’autre (l’accord d’un adjectif et la conjugaison d’un verbe), et vos deux propositions sont incorrectes. Vous devez utiliser l’adjectif au féminin singulier, et conjuguer le verbe au singulier.
— Il déclare ne pas avoir créé ou laissé créer de servitude ou de droit de jouissance spéciale qui ne serait pas relaté aux présentes.
— J’ai créé une servitude ou un droit de jouissance spéciale.
Ça ne veut rien dire non plus. Le gars il doit bien savoir ce qu’il a créé ou pas.
C’est bien pour ça qu’il faut le comprendre comme deux choses différentes qui n’ont pas été créées par celui qui déclare. De ce fait, on met le verbe au pluriel, ne vous déplaise. C’est un « ou » qui fonctionne comme un « et » !
Entre « il déclare ne pas avoir créé » et « j’ai créé », il y une la légère différence.
Une négation, une affirmation.
Bonjour,
« Il déclare ne pas avoir créé ou laissé créer de servitude ou de droit de jouissance spéciaux qui ne seraient pas relatés aux présentes. » si servitude spéciale + droit spécial
« Il déclare ne pas avoir créé ou laissé créer de servitude ou de droit de jouissance spécial qui ne seraient pas relatés aux présentes. » si seulement droit spécial
« Il déclare ne pas avoir créé ou laissé créer de servitude ou de droit de jouissance spéciale qui ne seraient pas relatés aux présentes. » si jouissance spéciale
Pour l’accord du verbe, je laisse seraient. En effet, servitude et droit de jouissance n’ont pas le même sens, ce n’est pas soit l’un, soit l’autre, et le verbe s’applique aux deux. On peut trouver des exceptions à cette règle, mais votre phrase ne s’y prête pas à mon avis.
Accord du verbe avec des sujets coordonnés par ni ou par ou (Robert)
ou
, il se met généralement au pluriel :
Le gel ou la grêle risquent d’abîmer mes plantations.
Cdlt
Merci beaucoup
Je suis intrigué par votre « merci beaucoup » après deux réponses.
Quelle écriture avez-vous finalement choisie ? Quel accord à « spécial » (aucun des deux ne vous a répondu) ? Quelle conjugaison du verbe (aucun des deux ne vous a répondu) ?
Je pense que vous n’avez pas bien lu le début de ma réponse…
Bonjour,
« Il déclare ne pas avoir créé ou laissé créer de servitude ou de droit de jouissance spéciaux qui ne seraient pas relatés aux présentes. » si servitude spéciale + droit spécial
« Il déclare ne pas avoir créé ou laissé créer de servitude ou de droit de jouissance spécial qui ne seraient pas relatés aux présentes. » si seulement droit spécial
« Il déclare ne pas avoir créé ou laissé créer de servitude ou de droit de jouissance spéciale qui ne seraient pas relatés aux présentes. » si jouissance spéciale
Pour l’accord du verbe, je laisse seraient. En effet, servitude et droit de jouissance n’ont pas le même sens, ce n’est pas soit l’un, soit l’autre, et le verbe s’applique aux deux. On peut trouver des exceptions à cette règle, mais votre phrase ne s’y prête pas à mon avis.
@Catbaloo,
Non, pour la première question, Mathurin hésite entre « spéciale » et « spécial », vous lui répondez qu’il a oublié la possibilité « spéciaux ». On se doute qu’il sait accorder cet adjectif, il demande juste à quel nom (voire à quels noms avec votre troisième possibilité qui n’est là que pour nous embrouiller) il doit l’accorder, ne dites pas que vous avez répondu.
Pour la deuxième question, mon attention a été retenue par le gros titre et la phrase que vous avez mise en gras « il se met généralement au pluriel« , ce qui m’a fait penser que vous laissiez le choix. Je n’avais pas compris que votre « je laisse seraient » (qui vient entre trois exemples que vous avez donnés avec « seraient » et une liberté de choix) signifiait que le sujet était dans ce cas un pluriel. Car qu’ici, par construction, le verbe s’applique aux deux substantifs, on le voit bien, et Mathurin le voit aussi, c’est justement l’objet de sa question.