Pluriel ou singulier
Bonjour. Cette phrase a un sujet singulier, mais pourrait-elle être conjuguée au pluriel? Il s’agit de retrouvailles entre deux amoureux. La jeune fille, d’abord accompagnée de ses amis, finit par passer la nuit seule avec Paul:
Les amis de Julie ne marquèrent pas les souvenirs de Paul qui était redevenu le plus heureux du monde. La main de Julie dans la sienne, ils coururent toute la nuit de restaurants en discothèques, d’immenses chalets de bois en vieux châteaux. Ils passèrent toute la nuit à danser…..etc
Je veux bien exprimer que Paul et Julie coururent ensemble, sans les amis. Mais si je mets “La main de Julie dans la sienne, il courut…”, cela me semble moins beau…comme si la fille se fesait tirer par lui.
La seule solution grammaticale est :
Main dans la main, ils coururent…
Toutefois, il n’est pas évident que les amis de Julie ne sont plus là…
Enfin seuls, main dans la main, ils coururent toute la nuit …
Bonjour, je trouve cette question intéressante car j’ai du mal à décider si cette phrase : « la main de Julie dans la sienne, ils coururent toute la nuit… » est réellement incorrecte (anacoluthe) et, si oui, pourquoi. Il est vrai qu’on s’attend à ce que le pronom la sienne (celle de Paul) se rapporte au sujet de la phrase, ce qui n’est pas le cas ici. Mais pour autant, est-ce que cela rend vraiment cette construction incorrecte ? Qu’en aurait-il été si on avait écrit « la main de Julie dans celle de Paul » ? Cette proposition me paraît équivalente à « main dans la main » proposé par Joelle, donc a priori correcte, mais alors en quoi le fait de remplacer « celle de Paul » par « la sienne » (pour éviter la répétition de « Paul » qui vient d’être cité dans la phrase précédente) serait-il fautif ? Est-ce parce qu’on y sous-entend un participe présent comme « Tenant la main de Julie dans la sienne, ils coururent… » ? La règle qui veut que le participe présent se rapporte au sujet de la phrase s’applique-t-il même s’il n’est pas exprimé ? Ou y a-t-il une autre règle s’appliquant précisément à ce cas de figure ?
Pour moi il s’agit bien d’une anacoluthe. Le fait de dire « la sienne » donne comme référent unique « Paul ». Je n’y vois pas une équivalence avec « main dans la main » qui porte une notion de réciprocité, et donc donne les deux acteurs comme référents.
Bonjour Pascool, en fait quand je disais équivalente à « main dans la main », je ne parlais pas du sens mais de la fonction grammaticale. Dans la phrase « la main de Julie dans celle de Paul, ils coururent… », il n’y a plus le pronom « la sienne » donc plus de problème de référent (comme avec « main dans la main »), et pourtant cette construction me semble poser exactement le même problème que la phrase initiale. Pour moi, soit les deux sont correctes, soit les deux sont fautives. Mais qu’est-ce qui pourrait expliquer que « la main de Julie dans celle de Paul, ils coururent » soit fautif alors que « main dans la main, ils coururent » serait correct ?
« Les amis de Julie ne marquèrent pas les souvenirs de Paul qui était redevenu le plus heureux du monde. La main de Julie dans la sienne, ils coururent toute la nuit de restaurants en discothèques »
Je crois que ce qui gêne c’est que le changement de thème a lieu au mauvais endroit, ce qui n’aurait pas lieu avec :
Les amis de Julie ne marquèrent pas les souvenirs de Paul qui était redevenu le plus heureux du monde. Main dans la main (= la main de Julie dans celle de Paul), ils coururent toute la nuit de restaurants en discothèques
ni avec :
Les amis de Julie ne marquèrent pas les souvenirs de Paul qui, la main de Julie dans la sienne, était redevenu le plus heureux du monde. Ils coururent toute la nuit de restaurants en discothèques.
Il y a eu, à la deuxième phrase, changement de thème
« La sienne » appartient au thème « Paul », de la phrase 1. La phrase 2 adopte le thème « ils » (qui d’ailleurs englobe le thème « Paul » ce qui justement provoque confusion ici)
Or, l’élément « la main dans la sienne » est déplaçable : on peut écrire
Les amis de Julie ne marquèrent pas les souvenirs de Paul qui était redevenu le plus heureux du monde. Ils coururent toute la nuit, de restaurants en discothèques, la main de Julie dans la sienne.
Où on voit bien qu’il y a eu changement de thème, ce qu’il n’y aurait pas eu avec « la main de Julie dans celle de Paul », le pronom « la sienne » renvoyant au thème 1
Bonjour. Un commentaire un peu tardif… Mais le passage final serait maintenant:
Les amis de Julie étaient nombreux. Des gens plutôt aisés, snobs, et insignifiants à souhait. Ils ne marquèrent pas précisément les souvenirs de Paul qui venait de passer, sans s’en rendre compte, de la plus folle des rages à une hébétude euphorique. La main de Julie dans la sienne, il courut toute la nuit de restaurants en discothèques, d’immenses chalets de bois en vieux châteaux enchantés. Ensemble, ils suivirent de longs corridors inconnus et sonores, passant même plus d’une heure dans une chambre où le restant de la troupe les avait purement et simplement oubliés.
Est-ce que la formule “la main de Julie dans la sienne, il courut”, suivi de “ensemble” résoudrait le problème?
Merci.
A mon avis, on n’a pas de doute sur l’identité de ce « ils ». Le contexte l’éclairant suffisamment
Mais si vous préférez, remplacez le pronom par un nom. Les deux jeunes-gens, les amoureux, les amis.. ou précisez « et rien que tous les deux »… il y a plusieurs façons de lever les ambiguïtés.
Notez qu’il vaut parfois mieux (pas forcément ici) ne pas s’entêter sur une formulation et réécrire autrement.
Bonjour. Je vous remercie pour tous vos commentaires très intéressants.
En mettant seulement « main dans la main, ils coururent… » je me disais qu’il n’y avait pas vraiment d’indication de sujet. On venait de parler des amis de Julie (qui ne marquèrent pas les souvenirs de Paul), alors on croirait peut-être qu’il s’agit encore des amis de Julie qui coururent…
Alors que si je dis « la main de Julie dans la sienne (celle de Paul) », on sait à ce moment-là qu’il ne s’agit plus des amis. qu’il s’agit bien de Paul et Julie.
C’était pour éviter d’écrire « Paul et Julie coururent toute la nuit…. » car cela causerait une répétition désagréable.
Merci