Pluriel
Bonjour,
Nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord avec mes collègues, donc je viens chercher de l’aide ici ! J’espère que vous pourrez m’aider.
Voici la phrase en question :
Comment entendre son désir propre, sa volonté, sa conviction intime de ce qu’il est juste de faire, dans le vacarme du code de l’honneur et du devoir filial que leurs pères ne cessent de faire résonner dans leurs esprits ?
Je précise que nous parlons de 2 personnes avec 2 pères différents.
Perso, je pense que comme chacun n’a qu’un père il ne faut pas de « s » à « leur » et à « père ». Cela s’applique aussi à « leurs esprits ».
Qu’en pensez-vous ? Merci d’avance.
Bonjour Djavex,
Bonjour Tara,
Bonjour à tous,
Leur et leurs sont possibles dans les cas de l’espèce :
Voici ce qu’écrit l’Académie française :
Toutefois, ici, je choisirais le pluriel (leurs pères) car avec leur, on pourrait croire qu’il s’agit d’un père commun. Avec esprit(s), il n’y a pas ce type de problème ==> leur esprit ou leurs esprits.
Je suis tout à fait de l’avis de Prince, il faut ici « leurs pères » pour lever toute ambiguïté.
Comment entendre son désir propre, sa volonté, sa conviction intime de ce qu’il est juste de faire, dans le vacarme du code de l’honneur et du devoir filial que leurs pères ne cessent de faire résonner dans leurs esprits ? (
Pourquoi passer du « son » généralisant (je le comprends ainsi dans votre phrase) au « leurs » ?
Il me faudrait plus de contexte pour pouvoir vous répondre.
Bien entendu, voilà plus de détails.
Il s’agit d’un texte qui parle de Chimène et Rodrigue (Le Cid).
Donc la première partie du texte (qui n’est pas noté ici) parle d’eux à la 3ème personne du pluriel. Et le passage en question, tente de mettre le lecteur à leur place.
Je ne sais pas si c’est très clair ? Je peux vous mettre l’intégralité du texte, il n’est pas très long.
Merci beaucoup à tous les deux ! Pour votre temps et votre réactivité !
Bonjour Djavex,
– Comment entendre son désir quand leur père le condamne ?
– Comment entendre son désir quand leurs pères le condamnent ?
Aucune des deux phrases n’est correcte.
* Restez à l’impersonnel :
– Comment entendre son désir quand son père le condamne ? (le possessif impersonnel pour un cod passe bien, mais pour un sujet il n’est pas très parlant ; il est pourtant obligatoire)
* Ou conjuguez :
– Comment peuvent-ils entendre leur désir quand…
Commencez par régler ce problème.
Cela fait, votre question ne porte pas du tout sur l’accord de « leur », elle porte sur toute une proposition : « leur père va » ou « leurs pères vont » ? Ce n’est pas du conceptuel, du complément, qui accepte le singulier, c’est du concret. On peut s’arrêter là, vous voyez que s’il y a plusieurs pères, c’est du pluriel.
La question est souvent posée quand « leur/leurs » introduit un complément (l’avis de leur père, l’avis de leurs pères, les avis de leurs pères…), c’est un vrai casse-tête.
Mais dans votre phrase, « leur/leurs » introduit un sujet, et c’est beaucoup plus facile de décider.
De façon générale, dès qu’il y a un verbe à suivre, le pluriel est nécessaire.
– Ils vont se faire gronder par leur/leurs pères, il y a pour certains matière à réflexion.
– Leurs pères vont les gronder, le pluriel est nécessaire.
Vous n’avez pas vraiment le choix.
C’est sans doute votre erreur (car c’en est une) d’avoir mélangé formes impersonnelles et formes personnelles qui ne vous a pas permis d’aller directement au pluriel, et de faire durer un instant le singulier, mais leur/leurs n’est pas impersonnel (l’impersonnel serait son/ses), il faut donc entrer dans les accords et les conjugaisons selon le sens.
Pour « leurs esprits », c’est le même problème, mais avec une réponse différente.
Si vous aviez tenu toute une phrase sous une forme impersonnelle, vous auriez pu écrire « son désir […] dans son esprit. »
Ce n’est pas le cas, donc examinons la phrase bien conjuguée : « comment peuvent-ils […] le vacarme qui résonne dans leur esprit ».
« Dans son esprit » est une formule tellement réflexive par nature que le singulier est presque systématique (au point parfois de remplacer le possessif par un simple article défini) : ils gardent à l’esprit que… dans leur esprit, il faudrait que… nous gardons dans notre esprit que…
Le singulier est la règle générale, mais si vous réussissez à faire de ce mot « esprit » un sujet, voire simplement si vous le qualifiez suffisamment pour lui donner corps, il deviendra pluriel : et ces rumeurs résonnent dans leurs esprits insoumis qui aussitôt se révoltent…
Bonne réécriture.
Bonjour Juliette31,
Malheureusement, je ne suis pas l’auteur de ce texte, je ne suis donc pas libre dans la réécriture (enlever/ajouter un « s » oui, mais pas réécrire une phrase). Mais je soumettrais votre remarque !
Je pense que le but était de mettre le lecteur dans la peau des personnages, certes, un peu maladroitement.