pléonasme
Bonjour,
« prix cher », est-ce un pléonasme ?
On dira un prix élevé / ou bas, raisonnable et un objet cher.
Cher ne s’applique pas à « prix ».
Ce n’est pas une question de pléonasme.
On va prendre deux exemples de pléonasmes (lexicaux) qui ne font pas débat. Pourquoi monter en haut ou panacée universelle sont des pléonasmes ? Parce que :
monter = aller en haut. On voit donc que monter contient la notion de haut. Par conséquent,
monter en haut = aller en haut en haut > répétition de « en haut » = pléonasme.
Panacée = remède universel. On voit donc que panacée contient la notion d’universel. Par conséquent,
panacée universelle = remède universel universelle. > répétition d’universel = pléonasme.
On retrouve exactement le même schéma avec prix cher.
Cher = d’un prix élevé. On voit donc que cher contient la notion de prix. Par conséquent,
prix cher = prix d’un prix élevé > répétition de prix = pléonasme.
Prix élevé, exorbitant, etc. ne sont pas des pléonasmes, parce que ces adjectifs ne contiennent pas la notion de prix.
Et si on prend le terme d’impropriété non dans son acception étroite (mot, tournure impropre = dans un sens qui ne convient pas), mais dans un sens étendu (toute faute de langage), on peut dire qu’un pléonasme est une impropriété.
Tu te réveilles ?
@joelle
c’est donc un pléonasme ?
Pour un pléonasme, il faut que les deux mots contiennent la même idée : un prix est un prix il n’est pas forcément celui d’un objet « cher », il peut être d’un objet « peu cher ».
Oui.
« cher » signifie « prix élevé », quand on dit « prix cher », on répète le mot « prix ». D’où le pléonasme.
Non.
Cher à de multiples sens. Cher prend un sens précis quand on ajoute « prix ».
cher signifie coûteux, onéreux ou précieux (cher ami) ; il ne contient pas le mot « prix », mais on ne l’emploie pas avec ce nom commun même si l’on disait « un prix peu cher ».
Ce n’est donc pas un pléonasme mais une impropriété. N’est-ce pas ?
Oui, entre autres.
Monter en haut, descendre en bas (rappel): pléonasmes.
@joelle les adjectifs coûteux, onéreux ou précieux signifient tous « d’un prix élevé ou d’une valeur élevée ». Il y a donc toujours l’idée de prix ou de valeur quand on les emploie.
Pas exactement, votre amitié m’est précieuse, je ne l’ai pas payée !
À l’inverse, le prix ne contient pas la notion de « cher ».
@cparlotte votre explication est claire et brillante. Bravo!
Non, c’est juste une erreur de mot, c’est l’utilisation d’un mot qui n’est pas possible à cet endroit. C’est le signe qu’on n’a pas compris le sens d’un des deux mots, car il faut dire : « le prix de cet objet est élevé ; cet objet est cher ». C’est une erreur de construction et de vocabulaire car le sens des deux mots ne permet pas leur association. On comprend bien qu’il y a derrière cette faute une association d’idées, mais le problème n’est pas simplement que ces idées se recoupent, ce qui ne serait pas grave (ce serait un simple pléonasme non fautif), le problème est que la construction est en soi invalide.
Le pléonasme ne contient aucune erreur de logique ou de construction invalide (et parfois même il est utile, ajoutant une idée). « Noir c’est noir » n’est pas un pléonasme à dénoncer, au même titre que son inverse « bleu comme une orange » n’offre aucune apparence d’incorrection grammaticale. Le pléonasme peut être une maladresse, ou une précision, ou une figure de style, ou un trait d’humour, que sais-je… En tout cas ce n’est pas une affaire qui concerne les grammairiens.
Il faudrait chercher du côté de la classification des mots, tant des substantifs que des adjectifs.
On pourrait par exemple classer les mots en disant que les noms désignant des concepts mesurables peuvent recevoir un adjectif de degré : prix bas, prix élevé, faible longueur, extrême profondeur, moindre coût, longue durée…
Et que les adjectifs s’appliquant à l’objet lui-même (long, court, cher) ne sont pas prévus pour s’appliquer à une mesure (une caractéristique) de cet objet.
Cette confusion, que vous refusez avec le mot « cher » (il n’existe pas de « prix cher »), la refuse-t-on autant pour d’autres mesures ?
— Cet homme est grand, sa taille est… importante, élevée… ? comment qualifier la taille ? Est-ce que la notion de « grande taille » existe ? Oui peut-être parce que « grand » s’applique autant à une personne qu’à la taille de la personne ?
Sinon, c’est vrai, une profondeur n’est pas profonde, une hauteur n’est pas haute, un longueur n’est ni courte ni longue.
Et pourtant une « durée » peut-elle être « longue » plutôt qu' »importante » ? oui je pense. La durée n’est-elle pourtant pas un concept mesurable et s’appliquant à une période comme le prix est un concept mesurable et s’appliquant à un objet ? Est-ce parce que « durée » est utilisé par métonymie pour parler d’une période qu’on peut dire qu’une durée est longue ? Si « une durée » peut être utilisé pour une période, ou « une longueur » pour une distance, est-ce que « un prix » peut être utilisé pour parler d’une chose du point de vue de sa valeur ? Non, cela n’existe pas en français car les choses ne sont pas encore désignées par leur valeur, contrairement aux périodes qui peuvent être désignées par leur durée ou aux distances qui peuvent être désignées par leur longueur. Donc il n’y a pas non plus ici de métonymie.
Un objet peut recevoir un adjectif qualifiant une de ses caractéristiques : l’objet est chaud.
Cette caractéristique, sa mesure, peut recevoir un adjectif de degré : l’objet a une température élevée.
Comment s’appelle le mélange dans une phrase de ces deux notions, de ces deux constructions (une température chaude) ? Est-ce une faute syntaxique (de construction) ou une faute sémantique (de sens) que de tout mélanger ? Les deux, c’est une incohérence entre la forme et le sens. Vous ne pourrez qualifier cette erreur ni par un terme traitant du sens ni par un terme traitant de la syntaxe. Je ne connais pas de terme précis pour qualifier cette confusion.