Philippe CLAUDEL, Crépuscule
Bonjour,
Dans le roman de la semaine, je trouve deux formulations qui attirent mon attention.
La première :
« Je formule ça à la façon d’une hypothèse, qui n’a rien de personnel ».
Evidemment, je n’aurais eu aucun doute, si l’auteur avait écrit « ce qui n’a rien de personnel ». Mais le sens diffère. Dans la phrase telle qu’elle est, il me semble que c’est l’hypothèse qui n’est pas personnelle… et donc le masculin me semble fautif.
Qu’en dites-vous ?
Deuxième phrase qui me laisse perplexe, mais cette fois-ci plutôt parce que je n’en comprends pas le sens, puisqu’il y est question de « hauts plafonds qu’on aurait dits encalminés » (il s’agit de hauts plafonds dans une pièce).
Mon ami Le Robert définit encalminé : « Se dit d’un navire à voiles immobilisé par un temps calme, ou à l’abri« , de sorte que, même en cherchant la métaphore, je ne trouve pas de sens qui me convienne.
Auriez-vous des lumières à m’apporter ?
Et je fais l’impasse (ou plutôt non, c’est de la prétérition) sur « la ration de picotin », alors que le picotin est lui-même une mesure, donc une ration.
A vous lire,
Amicalement,
Karine
1. Dans les locutions rien de + adjectif et quelque chose de + adjectif, l’accord se fait avec rien et quelque chose (neutre singulier) et non avec le nom qui les précède : « La situation n’a rien de nouveau. »
Le virgule semble en revanche bien superflue.
Article détaillé ICI.
2. Il faut voir le contexte mais il semble y avoir une coquille ou une confusion avec encalaminé (couvert d’un dépôt charbonneux), mot rare mais correctement formé (voir calaminer). Lesdits plafonds peuvent être noircis par les fumées d’un poêle mal réglé.
3. Picotin : effectivement, il y a un malheureux télescopage entre la ration et son contenu.
L’éditeur(responsable de la relecture) semble être Stock, pourtant sérieux, mais à ce rythme vous risquez fort de trouver d’autres anomalies…
Bonjour,
Je ne comprends pas le système des « votes »… Le vote négatif entérine-t-il le fait que je me sois trompée sur ma première analyse ?
En tout cas, votre réponse est clair, et l’exemple avec l’adjectif « nouveau » ôte tout doute.
Merci pour le lien également.
J’ai effectivement trouvé d’autres anomalies, ou en tout cas d’autres mots qui ne sont pas dans mes dictionnaires et pour lesquels internet peine à trouver des occurrences. Il est ainsi question d' »ajoncs et de lyses » (des lys peut-être ? parce que si le mot lyse existe, je ne vois aucune définition qui le rapporte à la botanique). Il est aussi question de « graines des jamine » (jasmin ?) et de « fleurs de pachaume » et de « calfeutrement en bourre de passe« . Je n’ai pas encore terminé mes recherches, mais n’ai rien trouvé dans le dictionnaire pour « un ferme roulant » (il est alors question de chiens qui poursuivent un animal blessé), mais je vais interroger internet…
Le roman de Philippe Claudel est publié chez Stock effectivement. J’ai déjà trouvé bien pire chez Flammarion…
Bonne soirée !
Ne vous préoccupez pas trop des votes (surtout négatifs), n’importe qui peut en attribuer sans justification et certains y passent du temps.
Après consultation du résumé du roman, je vois qu’il se déroule dans un lieu et des conditions imaginaires. Peut-être la création lexicale est-elle un des ressorts de l’écriture de l’auteur, auquel cas il faut s’y faire ou refermer le livre…
Bien sûr, vous aurez lu « votre réponse est claire »…. c’est mieux comme ça !
Je ne sais pas refermer un livre sans aller jusqu’au bout, mais je ne peux m’empêcher de vouloir tout comprendre, et de me questionner devant certaines formulations ou certains accords qui me font douter…
Par ailleurs, ce Claudel est un bon cru. Il m’a fait penser au Rapport de Brodeck, un des ses précédents romans. Même ambiance un peu glauque, même questionnement sur la nature humaine.
Amicalement,
Karine
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