peuvoir à verse
Bonjour,
Je viens de trouver dans un roman, l’expression « pleuvoir à verse » mais cela peut aussi s’écrire « pleuvoir averse » ?
merci par avance de vos réponses.
Cordialement,
Bonjour CM,
« Averse » est a priori un substantif féminin signifiant « une précipitation subite, abondante, en particulier sous forme de pluie ».
Dans « pleuvoir averse », ce substantif serait utilisé sans article, ce qui semble difficile à justifier.
Il semble a priori difficile de conférer à « averse » une valeur adverbiale, comme dans « pleuvoir fortement, abondamment ».
Donc « pleuvoir averse » apparaît à cet égard, dans un premier temps, comme difficile à justifier.
« Pleuvoir à verse » (« à verse » est une locution adverbiale) est en revanche bien documenté et pleine justifé, tout comme « pleuvoir à torrents, à flots, à seaux ».
« Verse » est un substantif féminin.
On pourrait également mentionner le célèbre « pleuvoir des cordes ».
Et là, c’est bien à un substantif précédé de son article que nous avons affaire.
On pourrait néanmoins essayer de creuser un peu pour voir, par acquit de conscience, si un quelconque archaïsme ne serait pas passé par là pour justifier l’existence d’un supposé « pleuvoir averse ».
CM, peut-être pourriez-vous nous préciser le roman dans lequel vous avez lu l’expression « pleuvoir averse » (auteur, titre, éditeur, année + extrait concerné).
Il s’agit en effet a priori là plutôt d’une coquille.
* NB : je viens de m’apercevoir après coup que vous n’avez lu nulle part « pleuvoir averse » et que vous vous posez simplement la question de son existence.
Bonjour CM,
L’expression « pleuvoir à verse » (en abondance) s’écrit uniquement avec la locution adverbiale à verse.
Le Larousse le précise d’ailleurs : « En deux mots (contrairement à une averse): il pleut à verse (= beaucoup) »
Bien que de la même famille étymologique, averse (pluie soudaine et abondante) est un nom pouvant apparaître dans l’expression familière « de la dernière averse » (tout récemment).
Cordialement.
Je trouve passionnantes ces explications. Merci.
Le mot verse par une dérivation nouvelle de verser, est ensuite attesté en 1640 dans (pleuvoir) à la verse « abondamment », d’où vient la locution adverbiale à verse (1680), toujours courante. L’usage du mot pour « pluie abondante » (une verse), a été éliminé par averse.
De à (la) verse vient averse d’eau (puis averse n. f. « pluie soudaine et abondante » (1762), un moment en concurrence avec verse.
À aucun moment on n’emploie ou on a employé « pleuvoir averse ».
En rendant ici hommage à nos illustres prédécesseurs* qui ont su collecter les mots dont on trace aujourd’hui si aisément les parcours.
* En particulier ici :
– Antoine OUDIN (Dictionnaire de 1640, avec « pleuvoir à la Verse » pour « pleuvoir bien fort, comme qui verserait l’eau »)
– et Pierre RICHELET (Dictionnaire de 1680, avec « A verse », « en parlant de grosse pluie »).
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N.B. :
– « averse » est attesté depuis au moins 1688 (dans un traité sur le jardinage).
– à noter que « averse » est attesté par Richelet avec un autre sens (« opposé »). Ce sens là (qui n’a bien sûr qu’un rapport indirect avec notre « averse » initiale) permet d’une manière ou d’une autre de remonter jusqu’au Moyen-Age.
– « verse » dans « à verse » ne doit bien sûr pas être confondu avec l’adjectif « verse » (du latin versus) qu’on trouve dans l’expression « sinus verse » (en géométrie).
– « verse » est également attesté au moins depuis le XVIe s. comme « engin de guerre servant à battre les murailles ».
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En dépit de cette diversité, on reste néanmoins toujours ici dans le champ sémantique de « verser » (du latin versare, fréquentatif de vertere).
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On pourra toutefois garder ici à l’esprit que l’attestation des dictionnaires ne dit rien de l’usage antérieur « non attesté » desdits mots.
Ce qui est sûr, c’est que si un dictionnaire mentionne un mot, cela signifie en général que ce mot était déjà en usage bien avant l’édition dudit dictionnaire.