petite doute sur ce EN
Bonjour,
je trouve dans un ouvrage réputé fiable : « Des projets, nous en avons tant formés ! mais combien en avons-nous réalisé ? ».
Je comprends pourquoi le second EN interdit l’accord du participe passé, mais je ne vois pas pourquoi le premier n’obéit pas à la même règle.
D’avance, merci !
Généralement en effet il n’y a pas accord lorsque le COD est le pronom « en » parce qu’il signifie souvent : un certain nombre parmi…
C’est bien le cas ici : mais combien en avons-nous réalisé ? > nous avons réalisé un certain nombre parmi ces projets : « en » ne reprend pas « projets ». Il est neutre.
Mais pas là :
Des projets, nous en avons tant formés ! > nous avons tant formé de projets : « en » reprend « des projets ». Il est donc masculin pluriel.
Ce qui montre qu’il est essentiel de toujours se référer au sens. Appliquer aveuglément des règles conduit parfois à l’erreur.
quelle est la règle ?
comment justifier formés dans la phrase suivante ?
Des projets, nous en avons tant formés !
Bonjour,
Le PP dont le COD est le pronom neutre et partitif en reste invariable. Des études, j’en ai fait. En remplace une partie non nombrable de son antécédent études.
Bonjour,
Je trouve dans un ouvrage réputé fiable ( 😉 ) un exercice avec des phrases non similaires à celles que vous donnez, mais très proches, pour lesquelles l’accord n’est fait dans aucun des deux cas.
Cela dit, les mêmes auteurs notent dans un autre de leur ouvrage que dans le cas où en est COD, si la majorité des grammairiens défendent l’invariabilité, certains la refusent ; quant à l’usage il est fluctuant.
Ce qui pourrait justifier la différence d’accord entre les deux participes, c’est la présence de tant, puisque si Grevisse indique que le choix entre accorder ou non est possible également avec la présence d’un adverbe de quantité, TLFi précise :
Rem. Accord de la forme adj. du verbe. Lorsque en est compl. d’obj. d’un part. passé conjugué avec avoir et qu’il le précède, le part. passé est gén. invar. On justifie l’invariabilité en disant que ,,en est un neutre partitif signifiant « de cela, une partie de cela » et qu’il est (…) complément déterminatif du nom partie (ou quantité) sous entendu« (Grev. 1969, § 795). L’usage toutefois est indécis et en relation avec un adv. de quantité (beaucoup, combien, tant), le part. passé peut s’accorder. Combien j’en [d’hommes] ai déjà passés! combien j’en puis encore atteindre! pourquoi mon égal irait-il plus loin que moi? (Guéhenno, Jean-Jacques, 1952, p. 32). Mais, là encore, la règle est imprécise et précaire. J’en ai tant vu des rois! (Hugo, Feuilles automne, III, ds Grev. 1969, § 795). Il faut noter enfin que l’arrêté du J.O. du 9 févr. 1977 admet l’un et l’autre accord.
Bref, en gros, on fait ce que l’on veut !
(Quant à en il a une valeur partitive dans les deux propositions : dans la deuxième, en = une partie (qui va de aucun à tous, qui sera déterminée quand on aura répondu à la question combien ?) des projets formés, et dans la première en = une partie (imprécisément définie par tant) de l’ensemble de tous les projets potentiellement possibles et imaginables.)
…pfff ! plus j’y réfléchis, plus je m’y perds !
Et ici, partitif ou pas ?
« des difficultés, j’en ai eu / eues beaucoup » ?
À la limite peu importe, puisque le non accord et l’accord sont également possibles dans tous les cas. On peut donc aussi bien avoir des difficultés, j’en ai eu beaucoup, que des difficultés j’en ai eues beaucoup. Néanmoins, vu que le non accord est davantage préconisé et davantage usité, il est peut-être préférable de ne pas accorder.
(Sinon, si l’approche traditionnelle distingue les articles partitifs des articles définis et indéfinis, les premiers déterminants les noms non comptables (dit aussi massifs) et les deuxièmes les noms comptables, des approches plus modernes rangent les partitifs et les indéfinis dans une seule catégorie : celle qui permet l’extraction ; d’ailleurs l’article indéfini pluriel est une contraction de de les, où l’on retrouve bien la particule partitive de. Ainsi, des difficultés, c’est une quantité indéterminée de difficultés extraite de l’ensemble de toutes les difficultés possibles.)