Périphrase et métaphore
Bonjour
Quelle est la différence entre périphrase et métaphore ?
Merci beaucoup
La métaphore, du grec metaphorá qui veut dire « transport« , est une figure de style très ancienne.
Elle consiste à désigner une idée ou une chose en employant un autre mot que celui qui conviendrait. Ce mot est lié à la chose que l’on veut désigner par un rapport de ressemblance. Par exemple, si l’on dit : » « Cette femme est une véritable déesse », « femme » est le comparé et « déesse » le comparant.
La périphrase est une figure de style par laquelle on désigne une notion en plusieurs mots qui la décrivent au lieu d’en utiliser un seul. On utilise plusieurs mots alors qu’un seul suffirait. Exemple : La Venise du Nord pour parler de Bruges. En effet, à l’image de Venise, Bruges est une ville où l’on trouve de nombreux canaux.
Merci
Imaginons que pour parler d une femme abordée au cours d un paragraphe précédent nous la nommions au paragraphe suivant par le groupe nominal : la véritable déesse, s agirait il d une périphrase ?
Je vois…je dirais que non car il faut pour une périphrase des éléments descriptifs intangibles. C’est mon avis, je puis me tromper mais j’ai assez étudié la littérature pour ne pas avoir rencontré ce cas.
Péri : signifie « autour », donc il faut donner des éléments annexes.
Je crois comprendre qu une périphrase est semblable à une sorte de définition reconnaissable par tous , ex le deuxième sexe pour parler de la femme Est ce exact? ou la ville rose pour Toulouse ?
Le maire de Saint-Nazaire.
Périphrase : le premier édile de la cité de la Basse-Loire (on remplace les mots par des éléments les définissant).
Métaphore : le gardien du phare de la Loire-Atlantique (on compare la ville à un phare parce que c’est la dernière ville avant la mer en descendant la Loire).
Ambigu : le gardien des clés de Saint-Nazaire (il y a bien une image puisque les clés n’existent pas, mais on ne se représente pas non plus un trousseau de clés). On peut dire que c’est une périphrase imagée.
Pour une femme croisée ce matin, « la déesse de la nuit » est plutôt une métaphore, parce que ce n’est pas vraiment une déesse, mais « l’apparition matinale vêtue de bleu » est une périphrase, parce qu’elle vous est réellement apparue.
« Le fantôme de l’impasse » était une métaphore, mais devenue tellement banale qu’on pourrait l’appeler simple périphrase, la métaphore du fantôme étant entrée dans le lexique pour évoquer une silhouette entrevue. Donc, si « déesse » décrit pour vous toute belle femme étrange, « la déesse de l’impasse » sera une périphrase utilisant une expression imagée, puisque vous ne faites pas référence à une quelconque divinité mais utilisez seulement ce mot dans une acception déjà imagée. Pour que ce soit une métaphore, il faudrait qu’il existe une telle déesse quelque part, à laquelle votre description se réfère sans le dire.
Et donc finalement, si vous lâchez juste le mot « déesse » au détour d’une phrase, c’est une expression imagée, mais qui ne mérite pas forcément d’être appelée métaphore, car vous ne convoquez pas tout un imaginaire. Quand la métaphore n’est plus créative, il est difficile de continuer à l’appeler métaphore, on dit que c’est une expression lexicalisée, voire un cliché. Il en irait différemment si vous écriviez « le dieu Vishnou » pour décrire un homme gesticulant, là ce serait clairement une métaphore.
Mais malgré ces nuances, formellement, dans les livres de grammaire, si on appelle déesse une femme qui n’est pas une déesse, c’est bien une métaphore.
Pour Toulouse
La ville rose se réveille = périphrase (Toulouse est une ville rose)
Bombay se réveille = métaphore (Toulouse n’est pas Bombay)
Vous avez donc raison. C’est selon qu’on décrit une réalité en jouant sur sa définition, ou qu’on évoque une autre réalité, pour comparer ou assimiler, qu’on appelle la figure de style périphrase, ou métaphore. Si on peut ajouter « comme » (mais qu’on n’ajoute pas « comme »), c’est une métaphore, et si l’expression joue avec de l’information supplémentaire, c’est une périphrase.
Enfin, et il aurait fallu commencer par là, « périphrase » porte sur la forme (plusieurs mots pour en remplacer un), et « métaphore » porte sur le sens (on convoque un autre objet d’un autre univers). Il n’y a pas obligatoirement à trancher. « Le roi des animaux » est une périphrase puisqu’il suffirait de dire « le lion » mais c’est évidemment par métaphore qu’on l’appele « roi » puisqu’il n’est roi de rien du tout.
C’est ainsi également que « la Venise du Nord » est certainement une périphrase, mais l’absence de métaphore dans cette expression est contestable.
Appelez donc périphrase tout ce qui tourne autour du mot pour le définir et permet une identification, réservez métaphore à certains cas qui transposent entièrement une autre réalité pour nommer la réalité que vous considérez, et dans de nombreux autres cas contentez-vous de « expression imagée ».
La déesse romaine aux quatre attributs : périphrase (on parle évidemment de Vénus)
J’ai croisé hier la déesse Vénus : métaphore (en fait c’était Gilberte)
J’ai croisé hier une déesse indienne : métaphore (on y aurait presque cru)
J’ai croisé hier une véritable déesse indienne : expression imagée servant à qualifier (elle en avait certains attributs, mais l’adjectif « véritable », bien qu’absolu, relativise cependant)
J’ai croisé hier une déesse indienne en pantalon : expression imagée faisant appel à une métaphore, mais pas métaphore
J’ai croisé hier une déesse des nuits lyonnaises : expression imagée (une égérie locale).
La cérémonie sera présidée par la déesse des nuits lyonnaises : périphrase (même si j’utilise une expression imagée, tout le monde a compris que je parle de Madame Zoum)
J’ai croisé hier une véritable déesse : expression imagée lexicalisée (une belle femme).
Et surtout, dans la métaphore, il n’y a pas d’outil de comparaison.
Comparaison : le feu ressemble à une bête
Comparé : feu – outil : ressemble – comparant : bête
Métaphore : La bête souple du feu a bondi entre les bruyères comme sonnaient les coups de trois heures du matin.
L’objet imaginé a pris la place de l’objet réel (feu n’est que complément du nom) et ce qui suit poursuit la métaphore : sous la plume de Giono, le feu est devenu une bête.
Il arrive souvent que la métaphore soit filée. On lit plus loin :
Depuis elle a poussé sa tête rouge à travers les bois et les landes, son ventre de flammes suit ; sa queue derrière elle, bat les braises et les cendres.
On passe souvent de la comparaison à la métaphore : Les étoiles avaient éclaté comme de l’herbe.
Comparé étoiles outil comparant Le point de comparaison est déjà métaphorique car les étoiles n’éclatent pas
Puis l’imaginé prend toute la place : on assiste à une métamorphose.
C’est la métaphore, dite filée :
Elles étaient en touffes avec des racines d’or, épanouies, enfoncées dans les ténèbres et qui soulevaient des mottes luisantes de nuit. (Que ma joie demeure)
Nous parlons ici de la comparaison et de la métaphore littéraires.
La périphrase n’a pas ce pouvoir d’évocation.
Je dirais qu’elle a un rôle utilitaire : elle permet d’éviter les répétitions et attire l’attention sur un aspect de ce qu’on va nommer.
Le locataire de l’Élysée, la ville lumière…
Elle devient assez vite cliché.
Mais elle a aussi une fonction poétique bien entendu :
La Fontaine parle de La déesse aux yeux pers pour désigner Athéna
La tribu prophétique aux prunelles ardentes , c’est ainsi que Baudelaire désigne les bohémiens dans son poème « Bohémiens en voyage« .
Juste une précision qui peut aider à différencier métaphore et périphrase (si besoin est) :
Paris est vraiment une ville lumière, Athéna est vraiment une déesse aux yeux pers est Athéna, le groupe de bohémiens que voit Baudelaire est vraiment une tribu (prophétique) aux prunelles ardentes … mais le feu de Giono n’est pas véritablement une bête au mufle dégoûtant de sang.
Bonjour,
► Métaphore : il s’agit d’une figure d’analogie.
La métaphore est une sorte de comparaison dans laquelle on a supprimé l’outil de comparaison.
Cette figure de style consiste à désigner une réalité au moyen d’un terme qui convient à une autre réalité qui présente avec la première une certaine ressemblance.
Ce coureur est une véritable gazelle.
Une forêt pour toi, est un monstre hideux (V. Hugo)
Votre âme est un paysage choisi (P. Verlaine)
Dans son état le plus élaboré, la métaphore opère une fusion totale entre deux éléments. cette fusion peut aller jusqu’à la suppression du comparé : seul le comparant est exprimé.
Cette faucille d’or dans le champs des étoiles (V. Hugo)
L’image de la faucille suffit ici à évoquer la Lune. Le comparé « la Lune » n’est pas exprimé ; tout le sens a été transféré sur le comparant « la faucille».
► Périphrase : Il s’agit d’ une figure de substitution.
La périphrase remplace un mot par une expression détournée comprenant des adjectifs, des compléments de nom ou une proposition relative qui précise le sens.
• La périphrase apporte des précisions que le nom seul ne fournirait pas.
Il y a des lieux où il faut appeler Paris, Paris, et des lieux où il la faut appeler capitale du royaume. (Pascal)
• La périphrase évite les répétitions.
Jacques Chirac a rencontré Bill Clinton. Le Président de la République s’est entretenu pendant deux heures avec son homologue américain.
Certains personnages historiques ou écrivains célèbres sont désignés par des périphrases :
Le vainqueur d’Austerlitz : Napoléon
Le Roi Soleil : Louis XIV
Le maître du Naturalisme : E.Zola
La bonne dame de Nohant : G. Sand (Aurore Dupin)
L’ homme aux semelles de vent : A. Rimbaud.
Attention, dans une métaphore, il n’y a pas, à proprement parler un comparant et un comparé, contrairement à la comparaison.
Oui Prince. C’était par commodité mais il est bien de rectifier.