On eût dit
Bonjour,
Si j’ai bien compris, dans la phrase « On eût dit un géant » le verbe dire est au plus-que-parfait du subjonctif (avec la valeur d’un conditionnel passé). Ma question est la suivante : peut-on parler de subjonctif alors que la phrase est indépendante, non précédée de la conjonction « que » ? Merci.
Je suppose que vous avez déjà, dans votre scolarité, lu une phrase comme : « Soit D une droite. » Ce n’est pas exactement la même chose que l’exemple que vous indiquez mais donne au moins une tournure où le subjonctif n’est pas (directement) précédé de « que ». Je mets directement, parce que la phrase est mise pour « Que D soit une droite ».
En fait, dans « On eût dit (…) », le verbe n’est pas à proprement parler au subjonctif mais au « conditionnel passé deuxième forme » qui se… forme avec l’auxiliaire nécessaire au verbe à l’imparfait du subjonctif suivi du participe passé. Voir, par exemple, l’article de Wikipédia sur la question ici.
Bonjour,
Merci d’avoir pris le temps de me répondre.
Des grammairiens contestent l’existence du conditionnel passé deuxième forme (ce ne serait qu’un emploi du subjonctif). Voilà pourquoi j’ai écrit « avec la valeur du conditionnel passé ».
Concernant l’exemple que vous donnez, la phrase correcte n’est-elle pas : « Supposons que D soit… » ?
Bonjour,
Le subjonctif et particulièrement le plus-que-parfait du subjonctif abonde dans la littérature française.
Voici des exemples:
[…] le lien brisé du côté des hommes s’était défait du côté de femmes, on les eût dit bien étonnées, quinze jours après, si on leur eût dit qu’elles étaient amies.
Les misérables ─ Victor Hugo.
Et je ne sais quelle absurdité j’eusse faite, si Édmée, semblant deviner ce qui se passait dans mon âme farouche, ne lui eût dit qu’elle voulait me parler et m’eût rendu ma place auprès d’elle. ─ G. Sand
On eût dit un ange, tant elle était belle, car son évanouissement n’avait point ôté les couleurs vives de son teint. ─ La belle au bois dormant ─ Perrault.
Le plus-que-parfait du subjonctif et le conditionnel passé deuxième forme sont interchangeables
« la phrase correcte n’est-elle pas : « Supposons que D soit… » ? »
Mathématiquement, ce n’est pas une supposition, c’est une assertion, un « décret » si l’on veut. D’où le subjonctif avec valeur d’impératif, comme dans « que la lumière soit ! »
En mathématiques, en anglais, la formule consacrée est, par exemple : « Let n be an integer », =que n soit un nombre entier, soit, en français : « soit n un nombre entier ».