« On est fait » ou « On est faits »
Bonjour,
Ecrit-on « on est fait pour être ensemble » ou « on est faits pour être ensemble » ?
Merci de vos réponses
Bien à vous
Je ne pouvais pas m’attendre à meilleure explication, merci bien !
Bien à vous
+ABDELKADER, puisque vous êtes « passionné d’orthographe », savez-vous qu’il existe un arrêté du 28 décembre 1976 du ministre de l’éducation, paru au J.O.R.F. du 9 février 1977 et relatif aux tolérances grammaticales et orthographiques, qui, à la lettre du texte, ma donne raison sans discussions possible ?
J’ai déjà parlé ici de ce texte juridique ; mais certains l’ont oublié, d’autres ne la connaissent pas. Cet arrêté (encore en vigueur : vous pouvez me faire confiance car, dans une première vie, j’ai été juriste) de René Haby s’applique « aux examens et concours dépendant du ministère de l’éducation », et de plus, des grammaires et pas des moindres, comme La grammaire méthodique du français (de Riegel, Pellat et Rioul) en ont étendu le champ d’application en dehors de ces épreuves.
Or que dit cet arrêté au § 9 de son annexe consacré à l’accord du participe passé conjugué avec être dans une forme verbale ayant pour sujet on ?
Ceci : « On est resté (restés) bon amis :
L’usage veut que le participe passé se rapportant au pronom on se mette au masculin singulier.
On admettra que ce participe prenne la marque [ce qui suit ne concerne pas votre cas : il s’agit d’une seule personne] du nombre lorsque on désigne plusieurs personnes. » (Ces trois lignes sont encadrées ; en revanche, c’est moi qui ai graissé.)
Cela étant le cas de votre phrase (cf. ensemble) et la marque habituelle du nombre étant le s, on conclut qu’il faut écrire : On est faits pour être ensemble.
En vérité, ce passage est assez mal rédigé…
Cordialement
Prince, trois choses :
1) L’arrêté Haby n’a aucune portée générale, puisqu’il s’adresse uniquement aux correcteurs / enseignants de l’Education nationale, et les invite à ne pas sanctionner les candidats/élèves dans un certain nombre de cas, je cite cet arrêté :
Dans les examens ou concours dépendant du ministère de l’éducation et sanctionnant les étapes de la scolarité élémentaire et de la scolarité secondaire, qu’il s’agisse ou non d’épreuves spéciales d’orthographe, il ne sera pas compté de fautes aux candidats dans les cas visés ci-dessous.
2) Concernant l’accord de on, l’arrêté est en effet plutôt mal rédigé, qui ne semble pas faire la différence entre les différentes valeurs de on, et qui d’après l’exemple donné semble ne rien dire de plus que ce que l’on trouve dans le TLFi ou n’importe quel autre ouvrage linguistique consacré à cette question, soit que l’accord sylleptique en nombre est possible (mais facultatif) lorsque on est personnel et non indéfini.
3) Dans sa pub, Bouygues joue évidemment sur la double valeur (indéfinie et personnelle) du on, le non accord parait donc particulièrement justifié en l’espèce, le faire ferait perdre nettement de poids (tout son poids en fait) à la pub.
Bonjour,
Je viens apporter ma contribution au débat. Je suis un peu gêné de contredire d’éminents connaisseurs de l’orthographe, mais je me lance.
Le fait qu’il y a le mot ENSEMBLE dans la fin du message n’empêche-t-elle pas l’interprétation en faveur du singulier ? Cela sous-entend un groupe d’individus, il me semble.
Oui globvert, il est bien spécifié « ensemble » , donc plusieurs personnes et non pas la constitution organique corporelle individuellement de celles-ci ! (pour le dire le moins mal possible).
On pourrait par exemple dire « on est fait de chair et d’os » (à titre individuel, mais on devrait écrire « on est faits de chair et d’os » si on parlait d’un groupe.
C’est pour cela que Bouygues est en faute, et que le titre du film « on est fait pour s’entendre » , contribue à l’abâtardissement de la langue française. Mais venant du milieu du cinéma ou de la publicité cela ne m’étonne guère.
J’en ai parlé avec mon ancien prof d’histoire géo, il est évident pour lui que la faute devrait sauter aux yeux de tout un chacun.